Consommation

« À 6h du matin, j’ai vu des gens faire la queue pour acheter du poulet »

Les Algériens ont entamé le mois de Ramadhan ce mardi 13 avril dans un contexte de flambée des prix et de tensions sur certains produits alimentaires.

À Tébessa, une scène de bousculade a été filmée dans un supermarché où de nombreux clients s’y sont précipités pour acheter de l’huile de table. Dans les marchés, les prix des fruits et légumes ont pris l’ascenseur, la tomate a par exemple atteint 180 dinars le kilo.

« Les stocks en produits agroalimentaires et agricoles sont suffisants pour les 3 prochains mois », a ainsi assuré ce mardi 13 avril, Ahmed Mokrani, sous-directeur chargé du suivi d’approvisionnement du marché au ministère du Commerce à nos confrères d’El Watan, balayant l’hypothèse d’une rupture de stock.

Dans une déclaration à TSA, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCA), Hadj-Tahar Boulenouar, assure de son côté que l’Office interprofessionnel des fruits et légumes ainsi que les représentants des marchés de gros vont commercialiser « plus de 1 million de tonnes de fruits et légumes pendant le mois de Ramadhan ».

Pour les viandes rouges et blanches, les projections sont, d’après Boulenouar, entre 110 et 120 000 tonnes. Le président de l’ANCA déplore le comportement « irrationnel » du citoyen et plaide pour un travail de sensibilisation notamment de la part des associations de consommateurs.

« Ce matin, à Bab Hassen (Alger), un client s’est accroché avec un commerçant, en lui demandant 5 sachets de lait. Le commerçant a tenté de raisonner le client en lui rappelant que l’approvisionnement se fait quotidiennement et que par son comportement il pénaliserait d’autres clients. Dès 6h du matin, j’ai vu des gens faire la queue pour acheter du poulet », témoigne M. Boulenouar qui déplore des achats excessifs qui se traduisent ensuite par des gaspillages.

« La majorité des familles algériennes ont en stock chez elles au moins 3 à 4 bidons d’huile de table, 5 à 6 kilos de sucre, etc. Pas plus tard qu’hier un voisin m’a avoué qu’il a chez lui 3 sacs de semoule parce qu’il ne fait pas confiance », témoigne Boulenouar.

Une crise de confiance qui se mue en une frénésie d’achats, comme le fait remarquer le président de l’Apoce, Mustapha Zebdi. « Il y a toujours cette frénésie des achats de la part des consommateurs qui ne font pas suffisamment confiance au marché et à la stabilité des prix », pointe-t-il.

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« Ces comportements malsains sont une atteinte à la sécurité nationale »

Quant à la hausse des prix constatée ce début du Ramadan, l’Apoce l’avait anticipée il y a plusieurs semaines, rappelle Zebdi. Un état de fait qui réclame « beaucoup d’outils, de moyens et de mécanismes de régulation pour gérer au mieux ces situations », plaide le président de l’Apoce qui n’est pas surpris par la hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires.

« Nous souhaitons que les mécanismes de régulation du marché soient revus. D’ailleurs, il y a eu tout un chantier dans ce sens. Nous souhaitons que les choses soient accélérées parce que cette anarchie qui règne sur le marché ne peut plus durer », à cause de ses effets délétères sur l’économie et les finances du pays, mais aussi sur le consommateur, plaide M. Zebdi.

Même s’il a une part de responsabilité dans cette situation, le consommateur est aussi une « victime », recadre le président de l’Apoce. « On ne défend pas le consommateur quand il s’agit d’un comportement néfaste comme ces achats massifs et cette frénésie, etc., mais cela est dû à un certain environnement malsain dominé par la rumeur », assène Zebdi.

Conséquence, l’Apoce est souvent appelée à jouer le « rôle de pompier », admet son président qui appelle les pouvoirs publics à sanctionner « pour l’exemple » les auteurs de ces rumeurs « qui constituent une atteinte à l’ordre public ».

Il cite entre autres exemples, la semoule qui a connu une tension partie à cause de rumeurs alors que les producteurs n’en ont rien modifié leur rythme de travail.

« Nous demandons des enquêtes pour débusquer ceux qui se cachent derrière ces rumeurs et pour savoir à qui elles profitent », propose Mustapha Zebdi. « Ces comportements malsains sont une atteinte à la sécurité nationale », conclut-il.

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