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À Alger, Dominique de Villepin appelle au « retour de la parole algérienne »

À Alger, Dominique de Villepin appelle au « retour de la parole algérienne »

L’ancien premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la France, Dominique de Villepin, a donné ce mardi une conférence à Alger, à l’École supérieure algérienne des affaires (ESAA).

Sous le thème « Réconcilier les silences : donner sa parole pour la paix », de Villepin a appelé à réconcilier les silences entre l’Algérie et la France afin de « pouvoir rêver d’une relation apaisée qui soit à la hauteur de notre histoire », et appelé au retour de la parole algérienne sur la scène internationale.

« L’heure est au retour de la parole algérienne, à la sortie progressive du silence », a affirmé Dominique de Villepin.

« L’Algérie a son rôle à jouer, notamment en tant que puissance stabilisatrice. Elle l’a prouvé en Afrique, en particulier au Mali, via son implication dans la signature des Accords d’Alger de 2015, dont le suivi doit néanmoins être renforcé », a estimé l’ex-Premier ministre sous la présidence française de Jacques Chirac.

« Il faut que la voix de l’Algérie, cette voix singulière du refus de la guerre et du refus de l’ingérence, porte de nouveau dans le monde arabe. On a besoin d’entendre l’Algérie sur la Libye, sur le Yémen mais aussi sur la question syrienne. Aujourd’hui et demain, son expérience pourrait être primordiale, elle qui a su surmonter les épreuves d’une nation et d’un tissu social déchirés par la guerre civile », a affirmé M. de Villepin.

« Nous devons pouvoir compter sur l’Algérie dans le refus de l’appel systématique aux armes, ce pays ayant toujours défendu la non-ingérence et rejeté l’interventionnisme », a-t-il déclaré par ailleurs.

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M. de Villepin a en outre appelé à la réconciliation entre l’Algérie et le Maroc, en relançant notamment l’Union pour le Maghreb arabe. « Le manque à gagner pour les pays du Maghreb du fait de l’absence d’union économique est estimé à au moins deux milliards de dollars par an pour la région », a-t-il rappelé, ajoutant que « l’Algérie et le Maroc en sont le noyau naturel et le moteur indispensable ».

M. de Villepin a aussi suggéré la création d’un forum méditerranéen resserré de type 2+2 réunissant l’Algérie et le Maroc d’un côté, la France et l’Espagne de l’autre, afin de contribuer à « désamorcer les tensions au Sahara occidental ».

Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères français, « l’enracinement d’un conflit politique pourrait laisser le champ libre à la radicalisation d’une nouvelle génération sahraouie ayant grandi dans les camps de réfugiés, ce qui constituerait à terme un risque terroriste accru au niveau régional », a-t-il estimé.

En parallèle, Dominique de Villepin a invité l’Algérie et la France à réconcilier leurs silences entourant la colonisation. « Algériens et Français, nous devons regarder les choses en face, pour pouvoir rêver d’une relation apaisée qui soit à la hauteur de notre histoire », a affirmé l’ex-ministre des Affaires étrangères.

Pour ce dernier, les silences de la guerre d’indépendance « ont hanté nos mémoires respectives car ils ont inscrit jusque dans nos chairs la violence de la séparation. Ne nous voilons pas la face, nous en souffrons toujours », a-t-il estimé, ajoutant qu’il n’y a « que la parole qui guérisse et qui ouvre la possibilité du pardon ».

Selon M. de Villepin, « réconcilier les silences, c’est aller au bout de ce qu’il y a à se dire. Aujourd’hui nous n’avons pas besoin de bavardages ou de mots creux sur la mémoire coloniale, nous avons besoin de paroles claires et fortes », a-t-il soutenu.

Pour ce faire, Dominique de Villepin a notamment suggéré de se doter d’une institution accueillant les témoignages de ceux qui ont vécu cette époque, « une génération qui est train de disparaître et d’emporter avec elle la part vivante de cette mémoire ».

L’ancien Premier ministre a aussi appelé à la réconciliation des Algériens, des Harkis et des Pieds noirs à travers des « gestes ambitieux », comme la levée de l’obligation de visas pour les deux dernières catégories citées « qui continuent d’aimer l’Algérie et souhaiteraient s’y rendre, peut-être une dernière fois, avant que leur génération ne s’efface à jamais », a-t-il avancé.

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