À l’ONU, l’Algérie ne ménage pas Israël et ses alliés qui tentent de justifier les attaques de Tel-Aviv contre l’Iran, tout en posant la question taboue relative aux contrôles des installations nucléaires israéliennes.
Amar Bendjama, son représentant à New York, a rejeté les « justifications » du gouvernement de Benyamin Netanyahu pour déclarer la guerre à l’Iran.
« Les attaques israéliennes contre l’Iran ne sont pas justifiées et représentent une violation flagrante de la charte des Nations-Unies », a déclaré le représentant de l’Algérie à l’ONU ce vendredi 20 juin lors d’une séance du Conseil de sécurité consacrée aux « dangers qui menacent la paix et la sécurité mondiales ».
Attaques contre l’Iran : l’Algérie rejette les arguments d’Israël
Le diplomate algérien a alerté que les attaques israéliennes ont touché même des installations nucléaires iraniennes sous contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
« Si la présence d’inspecteurs internationaux sur le terrain en Iran ne garantit pas la protection de ces installations, alors la crédibilité de l’ensemble du principe de non-prolifération nucléaire est aujourd’hui en jeu », a déclaré Amar Bendjama.
Comme argument, le diplomate algérien a cité les récentes déclarations du directeur de l’AIEA Rafael Grossi sur le programme nucléaire iranien. Dans un entretien à CNN diffusé jeudi, il a dit que son agence n’a « aucune preuve d’efforts systématiques de l’Iran pour passer à la fabrication d’armes nucléaires », contredisant ainsi les déclarations israéliennes sur l’imminence de la fabrication d’une bombe de destruction massive par Téhéran. « Cela doit retenir toute notre attention », a demandé Bendjama.
Poursuivant, le diplomate algérien a appelé « tout le monde à revenir à la voix de la raison », et à la reprise du dialogue sur le nucléaire iranien entre la troïka européenne et l’Iran d’un côté, et entre Téhéran et Washington de l’autre. « Même en période de fortes tensions, la médiation et les principes de la Charte des Nations Unies restent les seuls outils viables à notre disposition. », a-t-il soutenu.
Guerre Iran-Israël : l’Algérie dit non aux deux poids, deux mesures
Amar Bendjama a enchaîné en déclarant que l’Algérie « ne peut accepter deux poids, deux mesures en matière de respect du droit international humanitaire. Les civils et les infrastructures civiles ».
Il a rappelé le bilan effroyable d’Israël à Gaza où son armée a tué plus de 55.000 personnes en majorité des femmes et des enfants depuis octobre 2023, tout en imposant un blocus à l’enclave palestinienne. « Ceux-là ne peuvent pas prétendre de manière crédible respecter le droit international humanitaire », a-t-il asséné.
Amar Bendjama a profité de cette séance du Conseil de sécurité pour soulever la question liée aux contrôles des installations nucléaires d’Israël qui fait partie des pays ayant la bombe atomique.
Il a rappelé qu’Israël a déjà bombardé une installation nucléaire irakienne en 1981 et que le Conseil de sécurité a adopté une résolution, restée lettre morte. « Les installations nucléaires d’Israël n’ont jamais été placées sous la garantie de l’AIEA, l’Irak n’a jamais reçu aucune compensation, et ce Conseil de sécurité n’a jamais été informé d’aucune mesure de suivi, ce qui démontre que l’héritage de l’impunité et de l’immunité a des conséquences dangereuses », a-t-il dénoncé.
Le 13 juin à l’aube, l’armée israélienne a mené une attaque massive avec des avions contre des installations militaires et civiles en Iran, faisant plusieurs morts parmi lesquels de hauts dirigeants de l’armée iranienne. L’objectif déclaré de Tel-Aviv est d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, et de provoquer un changement de régime à Téhéran.
En Occident, l’argumentaire israélienne est soutenu par les Etats-Unis, la France et l’Allemagne. Mais de nombreux pays ont condamné les attaques israéliennes qui se poursuivent une semaine après, avec un risque d’aggravation du conflit et l’extension de la guerre à toute la région du Moyen-Orient.