Politique

Abdelkader Bensalah, seul au monde

Près de quinze jours après sa nomination comme président par intérim après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, Abdelkader Bensalah peine à convaincre. Impopulaire et ne disposant que de peu de pouvoirs, il donne l’impression d’un président isolé.

La semaine dernière, il a lancé, à la surprise générale, une initiative de dialogue et de concertation avec la classe politique et les personnalités nationales. Une conférence nationale est annoncée pour ce lundi 22 avril.

L’initiative, aux contours encore flous, ne suscite aucune adhésion de la classe politique. Face à la colère populaire qui s’exprime tous les jours dans la rue, s’afficher aux côtés de Bensalah ou rejoindre une initiative lancée par le pouvoir peut s’avérer suicidaire.

Pour seuls interlocuteurs, Bensalah s’est entretenu à la présidence de la République avec deux anciens présidents de l’APN, Abdelaziz Ziari et Larbi Ould Khelifa, un avocat, Miloud Brahimi et deux obscures responsables de partis politiques : Filali Ghouini (El Islah) et Abdelaziz Belaid (Front El Moustakbal). Ce dernier est d’ailleurs le seul parti à avoir annoncé officiellement sa participation à la conférence de ce lundi 22 avril.

Pour la conférence de ce lundi, la majorité des partis invités ont décliné. Certains en développant des arguments, d’autres, à l’image du RCD, en ironisant sur une présidence de la République qui a mis quatre jours pour faire parvenir un courrier sur une distance de moins de cinq kilomètres.

Plus grave encore pour Bensalah, parmi les partis qui ont décliné son invitation à la conférence de ce lundi, figurent le MPA et TAJ, deux anciens piliers de l’Alliance présidentielle. Les deux formations appellent à une transition garantie par l’armée.

Le FLN, empêtré dans une crise interne sans fin, et le RND, dont le secrétaire général Ahmed Ouyahia a été convoqué par la justice, n’ont pas fait connaître publiquement leur position.

Mais qu’importe : avec ou sans la participation du FLN et du RND, Bensalah risque de se retrouver, ce lundi, avec comme seuls invités autour de sa table de dialogue, des partis et des acteurs issus ou proches du pouvoir. Ces mêmes acteurs qui sont dénoncés aujourd’hui par des millions d’Algériens dans les manifestations.

Curieusement, dans cette initiative, la présidence n’a fourni aucun effort pour tenter de convaincre. Aucune tentative d’explication de la démarche ni de prise de contact avec les acteurs politiques n’a été effectuée. Le tout est fait sans grande conviction, comme si les initiateurs de la démarche anticipaient déjà l’échec.

La présidence s’est contentée de faire le service minimum : envoyer des invitations à une centaine d’acteurs politiques. La démarche ressemble davantage à l’exécution d’un ordre qu’à une initiative politique menée avec conviction.

En fait, depuis son installation à El Mouradia, Abdekader Bensalah semble ne pas savoir exactement pourquoi il a été désigné à ce poste ni ce qui est attendu de lui. Il ressemble à un président qui attend des directives qui ne viennent pas. En attendant une feuille de route qui semble s’écrire ailleurs qu’à El Mouradia, Bensalah donne l’impression d’être seul au monde.

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