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Abdelmadjid Tebboune : un style musclé et un caractère autoritaire

Abdelmadjid Tebboune : un style musclé et un caractère autoritaire

Le président Bouteflika a nommé ce mercredi Abdelmadjid Tebboune au poste de premier ministre. L’annonce surprend à peine. L’actuel ministre de l’Habitat était pressenti depuis plusieurs mois à ce poste, Tebboune lui-même ayant fait preuve de la subtilité d’un burin dans sa conquête de ce poste.

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Ces dernières années, Abdelmadjid Tebboune a occupé lentement mais sûrement et inlassablement une place de plus en plus centrale au sein du pouvoir exécutif. En tant que ministre de l’Habitat, Tebboune avait à sa charge l’ensemble du secteur stratégique et sensible du logement. Le ministre a à cet effet concentré l’essentiel de sa communication au sujet des projets de l’AADL, occupant de facto le rôle de super-directeur de cette agence.

Sa gesticulation et son style musclé ont manifestement séduit du côté de la présidence, puisqu’en novembre 2014 le ministère de Tebboune a rapidement hérité de la tutelle du projet de réalisation de la Grande Mosquée d’Alger, qui était auparavant du ressort du ministère des Affaires religieuses.

Au ministère de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune se distinguait encore très récemment par sa gestion du scandale des créances impayées par l’État au profit des entrepreneurs et maîtres d’œuvre chargés de la réalisation des projets de logement. Il n’hésite pas à cet effet, et de manière inédite, à attaquer publiquement le ministère des Finances et le Crédit populaire d’Algérie (CPA), leur reprochant le manque de coopération dans le paiement des créances. Son pari se révélera totalement fructueux : le CPA décide le lendemain de débloquer des fonds au profit de la Caisse nationale du logement. Surtout, le premier ministre, Abdelmalek Sellal, sort politiquement affaibli par la cacophonie causée par son ministre.

La boulimie d’Abdelmadjid Tebboune ne s’arrêtera pas au ministère de l’Habitat. Il obtient la charge en janvier 2017 du ministère du Commerce, qu’il hérite par intérim suite à la maladie du défunt Bakhti Belaïb. Au ministère du Commerce, Tebboune aura sous sa responsabilité la gestion des dossiers extrêmement sensibles des licences d’importation qu’il continuera de gérer avec la même opacité typique du pouvoir algérien.

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Pour se dédouaner des blocages des importations, le ministre n’hésitera pas non plus à plusieurs reprises à pointer publiquement du doigt un autre ministère, celui de l’Industrie en l’occurrence. Comme au ministère de l’Habitat, l’absence de prise de responsabilité fait partie intégrante de la stratégie politique de Tebboune. La faute est toujours ailleurs.

S’il ramène au Premier ministère le même style qui l’a caractérisé durant son règne aux ministères de l’Habitat et par intérim du Commerce, l’Algérie et ses citoyens gagneraient à se préparer pour un futur encore plus incertain. Si un Premier ministre en Algérie reste toujours quelque peu relégué au rang d’exécutant au profit du système en place, la maladie du président Bouteflika offre clairement une marge de manœuvre de prérogatives supplémentaires au nouveau Premier ministre.

L’attentisme et la jovialité de façade d’Abdelmalek Sellal risquent ainsi très probablement de laisser place à un autoritarisme à outrance d’un Abdelmadjid Tebboune enhardi par sa nouvelle fonction. Si réformes il doit y avoir, elles passeront avec dureté et zèle. Et si promesses il y a, elles ne seront formulées que dans le but d’entretenir un espoir vacillant.

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