Le pétrole commence la semaine en légère hausse. Vers 9 heures à Londres, le Brent, référence pour le pétrole algérien, grimpait de 0,50% à 80,32 dollars. Malgré un regain de la demande chinoise, le baril, qui est tombé jeudi à son plus bas niveau depuis un mois, évolue de manière prudente dans un contexte marqué par l’affaire Khashoggi.
Les regards restent en effet braqués sur l’Arabie saoudite. La pression internationale reste forte sur Riyad qui a reconnu que le journaliste était mort « par erreur » dans l’enceinte du consulat saoudien à Istanbul. Mais cette version ne convainc pas.
Ce week-end, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France ont exigé une enquête approfondie et sérieuse. Après avoir qualifié de « crédible » la version des Saoudiens, le président américain Donald Trump a évoqué « des mensonges », jugeant que « leurs histoires partent dans tous les sens ».
Pour sa part, Recep Tayyib Erdogan a annoncé que la Turquie va tout dire sur l’assassinat du journaliste. « La vérité nue sera révélée », a lancé le président turc, cité par l’agence Anadolu.
Hormis quelques pays du Golfe comme les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite ne peut compter sur aucun soutien de poids. Mais dans ce dossier, Riyad a un argument de taille : le pétrole. La perspective de tensions avec l’Arabie saoudite, dans un contexte d’entrée en vigueur en novembre des sanctions contre l’Iran, risque de provoquer une flambée des cours du brut. Ce que les pays occidentaux, qui se plaignent déjà des cours actuels jugés trop élevés, veulent éviter à tout prix.
Ce lundi, l’Arabie saoudite s’est montrée rassurantes sur le sujet. Elle a annoncé qu’elle n’avait aucune intention d’imposer à ses clients occidentaux un embargo sur le pétrole comme celui de 1973 et continuera à dissocier le pétrole de la politique, rapporte l’agence Reuters. « Nous n’en avons aucune intention », a répondu Khalid al-Falih, ministre saoudien de l’Énergie, à l’agence russe Tass qui lui demandait s’il existait un risque de nouveau choc pétrolier.
« Cet incident passera », a ajouté Khalid al-Falih à Tass. « Mais l’Arabie saoudite est un pays extrêmement responsable. Nous avons utilisé depuis des décennies notre politique pétrolière comme un outil économique responsable séparé de la politique », a-t-il précisé. Certes, l’Arabie saoudite possède un poids considérable sur le marché pétrolier. Mais imposer un embargo de manière unilatérale est une option trop risquée pour la famille royale saoudienne, dont le maintien au pouvoir dépend de la protection américaine, comme l’a rappelé à plusieurs reprises Donald Trump ces derniers mois.
Dans ce contexte, les marchés vont surtout scruter l’évolution de la position des États-Unis dans ce dossier. « L’attention va être très forte cette semaine sur les relations entre la famille royale saoudienne et la Maison blanche », a estimé Stephen Innes, analyste chez OANDA à Singapour, cité par l’AFP.
L’affaire Khashoggi a considérablement affaibli Riyad, surtout le prince héritier MBS. Les Saoudiens sont prêts à tout pour se sortir de cette affaire. Ce qui pourrait donner à Washington des arguments supplémentaires pour obtenir de Riyad une hausse de la production saoudienne de brut et contrecarrer l’incidence sur les cours de l’entrée en vigueur en novembre de sanctions contre le secteur pétrolier iranien, estiment les analystes. Les marchés pétroliers semblent, ce lundi, parier sur une telle option.