Développement spectaculaire dans l’affaire du journaliste franco-marocain de BFMTV, Rachid M’Barki, licencié par la chaîne française d’information, en février 2023, pour manipulation de contenus au profit de son pays d’origine, le Maroc.
Une année après l’éclatement du scandale, Rachid M’Barki est passé aux aveux, révélant aux enquêteurs des faits graves.
Dans ses sujets diffusés à l’antenne, le journaliste développait notamment la rhétorique et les thèses du Maroc sur la question du Sahara occidental. Une enquête interne déclenchée en janvier 2023 a conduit à sa suspension puis à son licenciement pour « faute grave » le 23 février de la même année, avec dépôt de plainte.
Rachid M’Barki a été mis en examen en décembre dernier. En garde à vue, il est vite passé aux aveux, selon les informations du Parisien diffusées jeudi 18 janvier.
Il a avoué devant les policiers avoir reçu jusqu’à 8.000 euros d’un lobbyiste qui lui fournissait des sujets « clés en main » pour défendre des intérêts étrangers et privés. L’enquête interne de BFMTV avait recensé au moins treize sujets « problématiques ».
« Il m’est arrivé de recevoir des sommes d’argent […] Oui, je reconnais les faits de corruption passive », a déclaré M’Barki devant la police, ajoutant, en sanglots, qu’il a été « manipulé ».
On évoque une vaste opération de lobbying et de manipulation qui a profité au Maroc, au Qatar, au Kazakhstan et à des oligarques russes.
Rachid M’Barki – Maroc : des aveux retentissants
Les aveux de Rachid M’Barki ont été confirmés par le lobbyiste Jean-Pierre Duthion, mis lui aussi en examen dans l’enquête sur l’ingérence étrangère dans la politique et l’actualité françaises.
Jean-Pierre Duthion a reconnu devant les enquêteurs qu’il a rémunéré le journaliste franco-marocain, rapporte le journal Sud-Ouest vendredi 19 janvier, citant une source proche du dossier. Le lobbyiste a dit qu’il a remis à Rachid M’Barki des enveloppes et lui a fait un virement de 2.000 euros.
Le journaliste pourrait, par ailleurs, faire l’objet de nouvelles poursuites pour parjure, pour avoir menti sous serment lors de son passage devant une commission d’enquête parlementaire en mars 2023. Le président de la commission, le député, Jean-Philippe Tanguy (RN), a fait part de son intention de saisir la justice.
Les travaux de la Commission d’enquête que j’avais l’honneur de présider avaient bien visé juste.
Compte tenu de ces révélations, M. M’Barki, mais aussi le « lobbyiste » M. Duthion auraient menti sous serment aux parlementaires.
Je vais donc saisir les autorités compétentes. https://t.co/04NaYc8z7z
— Jean-Philippe Tanguy Ⓜ️ (@JphTanguy) January 19, 2024
Selon Sud-Ouest, l’enquête s’intéresse aussi au politologue spécialiste du Qatar, Nabil Ennasri, en détention provisoire depuis octobre dernier, et au député écologiste, Hubert Julien-Laferrière.
L’enquête avait été déclenchée après la plainte de BFMTV et des révélations faites simultanément par le collectif de journalistes Forbidden Stories qui pointaient les activités de Team Jorge, une société israélienne spécialisée dans la désinformation.
L’affaire avait éclaté quelques semaines après le retentissant scandale qui a éclaboussé le Maroc en décembre 2022. Une enquête de la justice belge avait mis au jour un vaste réseau de corruption de députés européens par des États étrangers, dont le Maroc et le Qatar.
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