Politique

Agence nationale des médicaments : le Syndicat des pharmaciens écrit à Tebboune

Le Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo) a dénoncé ce jeudi dans une lettre au président Tebboune la décision du gouvernement de faire passer l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP) sous la tutelle du ministère de l’Industrie pharmaceutique.

« Aux États-Unis et en France, pour ne citer que ces deux pays en exemple, les agences respectives du médicament, le FDA et l’ANSM, sont placées sous la tutelle directe du ministère chargé de la Santé. Ces deux pays disposent ancestralement de réglementations et d’industries fortes », estime le Snapo dans une lettre ouverte adressée au président de la République.

« Pourquoi l’Algérie devrait-elle faire exception aux recommandations de l’OMS ? Pourquoi l’Algérie devrait-elle déroger à une règle fondamentale universelle ? Pourquoi l’Algérie devrait-elle déroger à sa propre réglementation, la loi sanitaire 18-11, qui place l’Agence sous la tutelle du ministère chargé de la Santé ? Pourquoi confier une Agence du médicament à vocation sanitaire au secteur de l’industrie ? », s’interroge le syndicat.

« Il n’y a rien qui justifie la prise d’une pareille décision ‘’dans l’urgence’’. Rien ne justifie de réviser une question fondamentale et déterminante pareille, consacrée dans la loi sanitaire, la loi 18-11, qui a nécessité plus de 33 ans de concertation, de débats, et de préparation pour se voir aboutir », estime le Snapo.

Pour le Syndicat national des pharmaciens d’officine, cette décision « va gravement bouleverser le système de santé en Algérie, et risque de paralyser le fonctionnement de toutes les structures sanitaires publiques et privées, avec un impact direct sur la population algérienne et sur leur sécurité sanitaire ».

« L’agence du médicament est une autorité de régulation sanitaire et pharmaceutique au sens le plus large, et ne doit absolument pas être liée exclusivement et uniquement à l’industrie pharmaceutique », estime le Snapo, ajoutant que « l’agence doit disposer de toute sa souveraineté sur le plan fonctionnel et technique ».

« Si elle est placée sous la tutelle de l’industrie, elle sera, directement ou indirectement, en situation de dépendance vis-à-vis des firmes pharmaceutiques, et ce, avec induction systématique de conflits d’intérêts inévitables qui vont miner et corrompre notre système de santé », soutient le Snapo.

« L’agence, sous tutelle du secteur de la santé, pourra effectivement tracer des objectifs en adéquation avec les fondements de la Constitution et de la loi sanitaire ; que l’industrie et les firmes pharmaceutiques devront suivre et réaliser dans l’intérêt de la santé publique et sécurité sanitaire », affirme le syndicat.

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