Agriculture en Algérie : Yacine Oualid lance sa petite révolution

Le nouveau ministre de l’Agriculture, du développement rural et de la pêche, Yacine Oualid, lance sa révolution. Son département vient de lancer une campagne de recrutement. Particularité de l’annonce, elle a été faite en anglais et s’adresse aux jeunes.

C’est par « We are hiring » que le site du ministère de l’Agriculture a récemment indiqué rechercher « une nouvelle génération de jeunes talentueux et enthousiastes ».

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Il est ainsi demandé aux candidats s’ils sont « motivés par les défis majeurs de l’ère du secteur agricole en Algérie » dont « les défis de la modernisation du secteur agricole algérien ».

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Dans l’annonce, il leur est proposé d’utiliser leurs compétences et idées « que ce soit dans les domaines de la technologie, de l’agronomie, de la finance ou autre – pour contribuer à construire l’avenir » et à ce titre saisir « des opportunités de rejoindre l’administration centrale du ministère » et « nos directions locales ».

L’annonce aux postulants se termine par une proposition d’envoi de leur CV par mail au ministère à une adresse libellée en anglais « [email protected].dz ».

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Des jeunes sur les « fronts pionniers » agricoles

Ces dernières années, les jeunes ont été très présents au niveau des réalisations agricoles et sur les « fronts pionniers » en région steppique et au sud. Ils ont pris part à la mise en valeur de nouvelles terres en ayant recours à des innovations.

C’est le cas dans la région d’El Oued où ont été créés les premiers pivots rotatifs à partir de bric et de broc parfois récupérés dans des casses automobiles. Une innovation que racontait en 2017 Abdelkrim Ould Rebai de l’École nationale supérieure agronomique (ENSA) et co-auteur d’une étude détaillé (1).

Ces modestes pivots n’irriguent qu’un seul hectare, mais ils ont constitué une réelle opportunité pour les petits agriculteurs. Ils ont développé la culture de la pomme de terre faisant d’El Oued un nouveau pôle de production.

C’est également dans le maraîchage sous serre au sud. Trop à l’étroit à la Mitidja ou à Mascara, de jeunes agriculteurs sont venus s’installer dans la région de Biskra. Ils ont loué des terres pour y installer leurs serres et s’acquitter d’un tour d’irrigation auprès de propriétaires de forages.

Là aussi ils ont été à l’origine de nombreuses innovations qu’ont étudiés des universitaires algériens.

Afin d’assurer une pression régulière dans le réseau d’irrigation par goutte-à-goutte, ces jeunes n’ont pas hésité à édifier des réservoirs métalliques de petite taille de 4 ou 5 mètres de hauteur à l’image de châteaux d’eau.

Pour assurer un semblant de fertigation – apport d’engrais dans l’eau d’irrigation – ils ont parfois branché sur les canalisations entre chaque serre des bidons en plastique où été apportés des fertilisants.

Nouvelle génération et nouveaux défis

Il y a quelques années, un ingénieur formé durant les années 1970 et à la retraite confiait à un de ses collègues que « plusieurs collègues sont décédés ». Deux ans plus tard, à son tour, il décédera. On assiste à un changement de génération au sein des structures agricoles algériennes. L’ancienne génération n’a pas démérité. Il faudra que les spécialistes en sociologie rurale se penchent un jour sur ces changements en cours.

Nombreux sont ces ingénieurs et techniciens qui, au lendemain de l’indépendance, ont relevé la tâche d’animer les structures agricoles : directions régionales, CCLS, agences bancaires, stations de recherche et autres organismes d’amont et d’aval.

Parmi ces anonymes, certains ont fait l’objet de portraits. C’est le cas de Mohamed El Haouès Kharchi dans l’article en ligne de Sétif-Infos : « La COOPSEL de Sétif, une coopérative agricole pas comme les autres ». Par deux fois, il sauva cette coopérative, détaille en 2016 l’expert Hamoud Zitouni.

L’actuelle campagne de recrutement de jeunes compétences par le ministère de l’Agriculture devrait permettre de relever les défis pour répondre aux besoins alimentaires d’une population qui évolue vers 50 millions d’habitants, a récemment rappelé Abdelmadjid Tebboune, le chef de l’État.

Ces défis sont multiples. Ainsi, il s’agit de trouver comment les pivots d’El Oued peuvent consommer moins d’eau ou s’assurer que les nitrates apportés des engrais ne polluent pas la précieuse nappe souterraine.

Les technologies évoluant rapidement, ces jeunes auront à développer également la Foodtech dont Yacine el Mahdi Oualid est un fervent défenseur, et ses différentes applications pour notamment protéger les cultures ou valoriser les protéines végétales comme substitut aux importations.

Le recrutement de jeunes talents pour rajeunir l’agriculture algérienne qui traîne l’image d’un secteur archaïque est le projet phare de Yacine Oualid qui a succédé à Youcef Chorfa à la tête de ce département lors du changement à la tête du gouvernement opéré par le président de la République Abdelmadjid Tebboune le 14 septembre dernier. À cela s’ajoute, son projet complexe de numériser ce secteur qui est dominé par l’informel, afin d’obtenir des statistiques et des chiffres fiables.

(1)  Une innovation incrémentielle : la conception et la diffusion d’un pivot d’irrigation artisanal dans le Souf (Sahara algérien). Article en ligne et libre d’accès.