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Ahmed Attaf : pourquoi la résolution du Conseil de sécurité sur Gaza est « historique »

L’Algérie a grandement contribué à l’adoption, lundi 25 mars, par le Conseil de sécurité de l’ONU, d’une résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza.

« C’est la première résolution qui émane du Conseil de sécurité avec un contenu clair, ciblé et explicite », a expliqué ce mardi le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.

M. Attaf s’est longuement exprimé sur le sujet, ce mardi, au cours d’une conférence de presse au siège du ministère à Alger.

« Il s’agit d’un acquis important pour la question palestinienne, pas seulement par son contenu, mais aussi d’un point de vue procédural puisque c’est la première résolution présentée conjointement par les membres élus (le groupe des 10) dans l’histoire de l’ONU », a-t-il ajouté dans sa déclaration liminaire. « C’est une résolution historique », a-t-il insisté.

Le chef de la diplomatie algérienne a révélé qu’avant le vote, il s’est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Antony Blinken, qui l’a informé de la décision de son pays de ne pas bloquer la résolution.

L’adoption de la résolution est l’aboutissement d’un long processus et d’incessants efforts de la délégation algérienne aux Nations Unies qui, rappelle Ahmed Attaf, a convoqué pas moins de sept séances du Conseil de sécurité sur la guerre à Gaza.

Il a aussi tenu à clarifier certains points, liés à la résolution du lundi 25 mars.

D’abord, a-t-il tenu à rappeler, « toutes les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes, quelles que soient les circonstances et les illusions des parties concernées ».

Si ce n’était pas le cas, a-t-il ajouté, « on n’aurait pas assisté à cette réaction d’Israël ».

L’importance de la résolution réside aussi dans le fait qu’elle n’a pas appelé à un cessez-le-feu « temporaire », mais « permanent », a précisé le chef de la diplomatie algérienne.

Selon Ahmed Attaf, il s’agit juste d’une question de terminologie.

« Il y a deux termes qui ont en fait la même signification. ‘Permanent’ en anglais, a une connotation qui était indésirable et on a opté pour ‘lasting’ qui signifie durable. C’est le même sens. Quand on parle de solution pour la question palestinienne, on parle de solution durable et non de solution permanente », a-t-il expliqué.

En plus d’être donc durable, ou permanent, le cessez-le-feu auquel appelle la résolution est également « inconditionnel ».

Autrement dit, il n’est pas lié à la question de la libération des otages israéliens qui, elle, fait l’objet de négociations à part entre les deux parties.

« Ça me rappelle la fin de l’apartheid en Afrique du Sud »

Attaf a révélé au passage que l’Algérie a voté contre (avec la Russie et la Chine) la résolution présentée par les États-Unis vendredi dernier parce que le cessez-le-feu était conditionné par la libération des otages sans contrepartie.

La deuxième raison du non algérien, c’est la condamnation du Hamas palestinien sans Israël.

Enfin, l’Algérie a voté contre parce que l’amendement qu’elle a proposé de mettre en garde contre une offensive sur Rafah n’a pas été pris en compte.

Maintenant qu’une résolution appelant formellement à un cessez-le-feu à Gaza est adoptée, il reste le plus important, c’est-à-dire mettre en œuvre le contenu de la résolution et asseoir un cessez-le-feu effectif.

Le ministre algérien des Affaires étrangères reconnaît que ce ne sera pas simple.

L’étape de mise en œuvre sera entamée à partir de mercredi 27 mars avec des discussions pour étudier les mécanismes de mise en application de la résolution.

En tout cas, en ce qui concerne l’Algérie, elle poursuivra ses efforts au Conseil de sécurité « suivant les priorités tracées par le président de la République » Abdelmadjid Tebboune.

« Les prochaines actions seront axées sur le suivi de l’exécution de la résolution et l’arrêt de l’agression israélienne contre la bande de Gaza et la garantie de l’arrivée de l’aide humanitaire. Il est important de trouver les outils qui permettent aux Nations unies de faire respecter la résolution du Conseil de sécurité », a dit Ahmed Attaf.

Outre le cessez-le-feu, l’Algérie poursuivra son œuvre globale en faveur de la question palestinienne qui, se félicite Attaf, connaît une évolution et il n’y a plus de « tabous ou interdits » la concernant, soulignant par exemple que des pays européens envisagent sérieusement de reconnaître l’État de Palestine.

Il indique aussi, comme signe d’avancée, qu’une réunion est programmée au Conseil de sécurité au niveau des ministres pour le 17 avril prochain sur la question de l’UNRWA et celle de l’admission de la Palestine à l’ONU comme membre à part entière.

Ahmed Attaf a avoué que tout ce qui se passe dans le monde autour de la question palestinienne, avec par exemple des pays qui envisagent d’interdire les ventes d’armes à Israël et d’autres qui n’hésitent pas à l’accuser d’apartheid, lui rappelle les dernières années de l’apartheid justement en Afrique du Sud.

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