Économie

Air Algérie attend la sentence du gouvernement

L’Algérie a bouclé, ce mardi 17 novembre, le huitième mois depuis la fermeture de ses frontières pour lutter contre la pandémie de coronavirus. La conséquence directe de cette décision est la mobilisation au sol des avions d’Air Algérie, qui se retrouve frappée de plein fouet par la crise sanitaire liée au Covid-19.

Le manque à gagner pour la compagnie aérienne nationale est énorme. Avec des avions cloués au sol depuis mi-mars, le manque à gagner est colossal pour Air Algérie. Début juin, son porte-parole Amine Andalousi, avait estimé à 38 milliards de dinars le manque à gagner d’Air Algérie.

Ce montant passerait à 89 milliards de dinars à fin 2020, si les avions de la compagnie demeurent cloués au sol. Ce qui est fort probable. Une reprise du trafic aérien est quasiment exclue avant plusieurs mois et l’Algérie, qui fait face à une recrudescence inquiétante des cas de Covid-19, garde toujours ses frontières fermées.

La situation pèse lourdement sur les finances de la compagnie aérienne nationale. Grâce à l’argent amassé ces dernières années, Air Algérie a pu tenir le coup, en assurant intégralement les salaires de ses employés depuis huit mois, alors que ses avions sont cloués au sol.

Dans ce contexte, et faute de nouvelles recettes pour alimenter ses caisses, Air Algérie pourrait se retrouver dans l’incapacité de payer les salaires, ce qui constituerait une première pour une grande entreprise publique algérienne.

Pour éviter une situation de blocage, la direction de la compagnie nationale discute depuis des mois avec les partenaires autour d’une réduction des salaires, pour atténuer le choc de la suspension des vols, et tenir encore quelques mois, en attendant le redémarrage de l’activité du transport aérien.

Un cinquième round des discussions entre les deux parties s’est déroulé ce mardi 17 novembre, et aucune décision n’a été prise, selon nos sources. En réalité, le dossier de la baisse des salaires et des mesures anti-crise dépasse la direction d’Air Algérie qui se retrouve impuissante face aux effets de la crise sanitaire sur sa trésorerie. Il est du ressort du ministère des Transports, qui garde curieusement le silence sur la question, mais la situation devient de plus en plus intenable financièrement pour Air Algérie.

Entrée dans une forte zone de turbulences à cause de la crise du Covid-19, la compagnie aérienne nationale navigue toujours à vue, et les nuages ne cessent de s’amonceler au-dessus d’Air Algérie. Elle risque le crash si le gouvernement ne prend pas les mesures nécessaires pour la sauver de la faillite, sa tâche n’est pas facile, et le terrain est glissant dans un contexte social délicat.

Lundi, le Syndicat national des techniciens de la maintenance des avions (SNTMA) a exprimé son opposition à une éventuelle réduction des salaires.

« Il a été fort de constater qu’une fois de plus, aucune solution concrète n’a été proposée par les dirigeants, mis à part l’insistance pour la réduction de la masse salariale à travers un accord renouvelable, sans que cela ne soit pour autant une solution à la crise et cela selon les propres dires du premier responsable de la compagnie », écrit le syndicat dans un communiqué publié sur Facebook.

Il y a quelques jours, lors d’une réunion entre la DG et les partenaires sociaux, le PDG d’Air Algérie avait qualifié la situation de « chaotique », et affirmé que la compagnie pourrait se retrouver dans l’incapacité de verser les salaires.

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