L'Algérie et la Chine aggravent les difficultés du blé français
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Algérie, Chine… : le blé français ne trouve plus preneur à l’export

Il n’y a pas que l’Algérie qui boude le blé français qui peine à trouver preneur sur le marché mondial. Décryptage de notre spécialiste Djamel Belaid.

Algérie, Chine… : le blé français ne trouve plus preneur à l’export
France : la filière céréales en difficulté. Par Adobe Contributor / Adobe Stock
Djamel Belaid
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En France, la filière céréales est fébrile, le blé français ne trouve plus preneur à l’international.  Une des causes est que l’Algérie et la Chine boudent le blé français. Décryptage.

Malgré une bonne récolte, les céréaliers français font triste mine.  « Si les rendements du blé tendre sont au rendez-vous pour la récolte 2025, les prix, eux, ne le sont pas », résumait en août un analyste.

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Avec un rendement de 73 quintaux contre 60 en 2024 la récolte de blé tendre devrait être de l’ordre de 33 millions de tonnes selon le ministère français de l’Agriculture.

Une production bien supérieure aux 25 millions de tonnes de 2024. Une année qui avait été marquée par un excès de pluie et un manque d’ensoleillement. La récolte avait été l’une des plus faibles enregistrées en 40 ans.

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Des stocks de blé plus élevés que la moyenne

La faible récolte de 2024 n’a pas permis de faire baisser les stocks français de blé tendre invendu.  FranceAgriMer signalait déjà à la mi-février 2024 qu’avec 3,5 millions de tonnes soit 52 % par rapport à la moyenne, les stocks étaient plus élevés qu’habituellement.

Fin d’août 2025, Argus Media indiquait que pour la campagne de commercialisation 2025-2026, la filière française pourrait exporter 8 millions de tonnes de blé tendre alors que les quantités disponibles à l’export sont de 9 millions.

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Aussi, le cabinet d’analystes estime que les stocks de blé invendu en fin de campagne pourraient grimper à 4 millions de tonnes contre une moyenne de 2,6 soit son plus haut niveau depuis 2004.

En cas de mévente, ces stocks n’ont alors plus comme débouché que l’alimentation animale mais avec des prix peu intéressants pour les céréaliers. 

Blé français, perte du marché algérien et chinois

Pour Argus Media, cet accroissement des stocks de blé français invendu est lié à la perte du marché algérien et à la chute des achats chinois. Après des achats importants depuis 2019, le ralentissement de l’économie chinoise et de bonnes récoltes expliquent la baisse des importations de ces derniers mois. Argus Media table sur des volumes d’achats chinois ne dépassant pas 0,5 million de tonnes en 2026.

Concernant la Maghreb, Gautier le Molgat, le directeur général d’Argus Media fait cependant remarquer que « L’Algérie reste un pays importateur. » Aussi espère-t-il que des achats algériens de blé européen arrivent à équilibrer ce marché. Cependant, il constate la concurrence avec la place prise par la Russie qui « cherche des parts de marché sur toute la zone. »

Les céréaliers français perdent de l’argent

L’abondance de l’offre sur le marché mondial pèse sur les prix, « il manque 30€/t pour couvrir les coûts de production » notait dès la mi-août Arthur Portier, consultant chez Argus Media.  

Il analysait : « Les prix sont désormais plus proches des 190 €/t sur Euronext, ce qui fait un prix payé à l’agriculteur aux alentours des 170 €/t ». Et il ajoutait : « Le compte n’y est pas, puisque le coût de production dépasse les 200 €/t actuellement » ce qui l’amenait à cette prédiction, lorsque que les céréaliers français vendent une tonne de blé « ils perdent de l’argent ».

Aussi, les céréaliers sont dans l’attente et préfèrent ne pas vendre leur récolte qui reste stockée à la ferme. Un phénomène de rétention de la marchandise qui a cependant des limites car il faut que la trésorerie le permette. De nombreuses exploitations françaises ont une trésorerie affectée par la mauvaise récolte de 2024. « Des trésoreries dans le rouge » note la presse spécialisée.

Mais pour ce spécialiste des marchés, il est certain que des exploitations céréalières en France « sont menacées », faute de rentabilité suffisante.

Exporter vers le Maroc et l’Afrique subsaharienne

Face à ce marché morose, la filière française des céréales espère des exportations de 2,5 millions de tonnes vers le Maroc et vers l’Afrique subsaharienne.  Elle vise également l’Egypte avec près d’un million de tonnes. Également dans le viseur, l’Asie du Sud-Est. Pour les observateurs, l’heure est à une « nécessaire diversification des débouchés ».

Cependant, il s’agit de compter avec la Russie et l’Ukraine dont les estimations de production atteignent respectivement 86 et 21 millions de tonnes.

Fin juin, l’Union Européenne indiquait avoir trouvé un « accord de principe » concernant les importations agricoles en provenance d’Ukraine. Des professionnels craignent cependant que si moins de céréales ukrainiennes se déversent dans l’UE, elles concurrenceront cependant la filière française sur les marchés étrangers.

Dans ce contexte, la perte du marché algérien continuera à impacter en France la filière céréales. Il lui reste cependant un atout, son savoir-faire. Une monnaie d’échanges non encore intégrée dans les contrats, mais qui pourrait à l’avenir faire toute la différence selon des observateurs français.

TSA +