Mohamed Hani, député de Bejaia et ancien président de la commission des Affaires étrangères à l’APN, pointe le rôle « néfaste » du ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau dans la crise entre Alger et Paris et appelle le « mettre de côté » et penser à l’avenir pour le bien des futures générations des deux pays. Pour lui, la solution est d’écarter le nouveau patron de Les Républicains pour dénouer la crise entre l’Algérie et la France.
L’Algérie et la France sont en crise depuis près de 11 mois. Telle que décrite en mai dernier par le chef de la diplomatie française, la relation bilatérale est « bloquée et totalement gelée ».
Crise Algérie – France : ce que propose un parlementaire algérien
Dans une initiative pour reprendre le dialogue, le député de Béjaïa Mohamed Hani a rencontré la semaine passée le président de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale française, Bruno Fuchs.
Lors de la rencontre de Mohamed Hani avec M. Fuchs, plusieurs points ont été abordés, dont la crise politique en cours, la question mémorielle, les agissements de certaines préfectures en France à l’égard de la communauté algérienne et l’affaire Sansal.
Les deux hommes ont insisté sur la nécessité de maintenir ouvert le canal parlementaire et se sont mis d’accord pour l’audition au sein de la commission des affaires étrangères du Parlement français du dernier survivant des explosions nucléaires françaises en Algérie « pour une éventuelle résolution ou enquête parlementaire dont l’objectif est la demande du nettoyage des sites contaminés », indique Mohamed Hani dans un entretien à TSA.
Le parlementaire algérien évoque la relation bilatérale et la crise en cours. « Il y a des points de divergence, mais qui peuvent être discutés autour d’une table », dit-il d’emblée. Dans ses propos, Mohamed Hani n’a pas épargné le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Algérie – France : « Une relation historique » à ne pas mettre « balance » avec les ambitions d’un ministre de l’Intérieur
Soulignant qu’il y a des liens entre les deux rives et une forte communauté algérienne qui vit en France, le parlementaire estime qu’on ne peut pas mettre en péril une telle « relation historique » par rapport « à des propos d’un ministre de l’Intérieur ».
Il va donc falloir, suggère-t-il, « penser autrement et se dire qu’en France aussi, il y a des gens qui veulent un avenir radieux pour les futures générations algériennes et françaises », et une relation dans « l’équité, dans le respect et d’égal à égal ».
Entre Marseille et Alger, il y a 50 minutes de vol, ajoute le député. « Il faut vraiment penser au futur et mettre de côté un ministre de l’Intérieur qui a des ambitions politiques », insiste-t-il, rappelant que Retailleau a déjà remporté la présidence de son parti, les Républicains, et nourrit aussi des ambitions pour la présidentielle de 2027.
« La relation algéro-française ne peut pas être mise en balance avec un ministre de l’Intérieur », estime encore le parlementaire.
A propos de l’affaire du « sinistre » Boualem Sansal qu’il a évoquée lors de la rencontre, Mohamed Hani assure que son vis-à-vis français a « très bien compris » que la décision de « la justice algérienne souveraine » qui a condamné l’écrivain pour des propos qui touchent à la souveraineté nationale, « est à respecter ». « Il ne faut pas polémiquer plus que ça », a-t-il conclu.