Politique

Algérie-France : la crise est-elle sur le point de se dissiper ?

Les dernières déclarations d’un conseiller du président français sur l’Algérie constituent-elles le prélude au dégel des relations entre les deux pays, fortement tendues depuis fin septembre ?

Début de réponse ce mercredi à l’occasion d’une sortie publique du ministre algérien des Affaires étrangères.

Mardi 9 novembre, le conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Emmanuel Macron a été interrogé sur les relations avec l’Algérie à l’occasion d’un briefing presse consacré à la conférence de Paris sur la Libye prévue le 12  novembre.

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Le conseiller a révélé que le président algérien a reçu une invitation de son homologue français pour assister à la conférence. « L’Algérie est un acteur majeur dans la région et le Président de la République souhaite la participation du Président Tebboune à cette conférence », a-t-il dit.

 Sur la crise en cours entre les deux pays, déclenchée par les propos tenus le 30 septembre par le président français, le conseiller a indiqué que M. Macron «  regrette les polémiques » et les « malentendus » engendrés par les « propos rapportés » et qu’il a « le plus grand respect pour la nation algérienne, pour son histoire et pour la souveraineté de l’Algérie ».

Le « respect », c’est justement le préalable mis par l’Algérie pour dépasser la crise. S’exprimant le 10 octobre au cours d’une rencontre avec la presse nationale, le président Abdelmadjid Tebboune a conditionné le retour à Paris de l’ambassadeur Mohamed Antar Daoud au « respect de l’Algérie, le respect total de l’État algérien ». L’ambassadeur avait été rappelé le jour même de la divulgation des propos du président français dans le journal Le Monde, samedi 2 octobre.

Le 13 octobre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a fait part du respect de la France pour le peuple algérien et la souveraineté de l’Algérie.

« Récemment, le président de la République a rappelé son profond respect pour le peuple algérien. Cela signifie aussi, bien sûr, le respect fondamental de la souveraineté algérienne.  Cela veut dire aussi que c’est aux Algériens, et à eux seuls, de décider de leur destin et de définir les contours de leurs choix et de leur débat politique. Mais nous sommes convaincus de l’intérêt commun de nos deux pays à travailler ensemble sur tous les secteurs », a déclaré Le Drian devant le Parlement français.

Tebboune se rendra-t-il à Paris le 12 novembre ?

Une source algérienne a néanmoins jugé la déclaration du chef de la diplomatie française  comme en-deçà de ce qui était attendu, à cause d’une nuance de taille. Le Drian a parlé du peuple algérien alors que le président Tebboune était clair en exigeant aussi le respect de  « l’Etat Algérien ».

Le 20 octobre, c’est la France qui a exigé à son tour « le respect de sa souveraineté » suite à une déclaration controversée faite à Alger par l’ambassadeur d’Algérie à Paris qui a suggéré que la forte communauté algérienne devrait constituer « un levier de commande pour intervenir non seulement dans la politique algérienne, mais aussi au niveau de la politique française ».

Le 21 octobre, Le Drian et Lamamra ont pris part à une conférence à Tripoli mais aucun contact entre les deux hommes n’avait été rapporté. Ils se salueront « par courtoisie » le 27 octobre à Kigali, en marge d’une réunion Union européenne-Union africaine.  

Le président Tebboune s’est de nouveau exprimé sur la question le 10 novembre, dans un entretien à un journal Allemand. M. Tebboune a qualifié les propos de son homologue français de « graves » et indiqué qu’il ne ferait pas «  le premier pas ».

La conférence de Paris sur la Libye était attendue comme un test pour l’évolution de la crise entre la France et l’Algérie. Si la défection de l’Algérie  en sa qualité de grand pays de la région et de voisin direct de la Libye est peu probable, le niveau de sa représentation n’est pas encore officiellement connu.

Autrement dit, le président Tebboune sera-t-il présent à Paris ce 12 novembre ? La réponse pourrait être donnée dès ce mercredi par Ramtane Lamamra à l’occasion de la clôture d’une conférence de trois jours des chefs des missions diplomatiques algériennes.

Ramtane Lamamra pourrait aussi révéler la perception qui est faite à Alger des dernières déclarations du conseiller du président français. On saura alors si les relations entre les deux pays sont au bord du dégel ou pas.  

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