La question du changement de la monnaie algérienne comme moyen de lutte contre l’informel est de nouveau évoquée au Parlement. Le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzerd, a été interpellé lundi 3 juin par un député de l’Assemblée populaire nationale (APN) lors des débats sur la loi de règlement budgétaire de l’année 2022.
Toutes les mesures prises par l’Algérie pour juguler la sphère informelle n’ont pas produit d’effets significatifs. Une frange importante de l’économie nationale continue à activer en dehors du circuit légal, échappant à tout contrôle. En 2021, le président de la République avait estimé la masse monétaire brassée par les activités informelles à l’équivalent de 90 milliards de dollars.
Pour beaucoup d’économistes, la panacée est le changement des billets de banque en vigueur. Une telle disposition contraindra inévitablement les barons de l’informel à se présenter aux banques avec les sommes colossales qu’ils ont thésaurisées en dehors du circuit bancaire.
Une telle disposition a été proposée par le passé par des économistes et des parlementaires, mais le gouvernement n’a pas franchi le pas. Lundi, le député indépendant Aziz Abdelkader est revenu à la charge. S’adressant au ministre des Finances, il a demandé à savoir si le changement de monnaie est dans l’agenda du gouvernement.
On reparle encore du changement de monnaie en Algérie
Le député a rappelé dans son intervention les avantages d’une telle initiative si elle venait à être prise et ses effets directs sur l’informel, l’évasion fiscale et toutes les activités illicites. La réponse du ministre des Finances est très attendue.
En octobre 2021, le président Tebboune avait tranché la question en indiquant que « le changement de monnaie n’est pas une solution idéale », assurant lors d’une entrevue avec des médias nationaux que le problème de l’informel doit être réglé par le dialogue, en incluant tous les secteurs concernés.
Mais en janvier 2023, il a lancé un « dernier appel », dans un discours prononcé devant les walis, aux barons de l’informel pour déposer leur argent dans les banques. Il avait révélé à la même occasion que les enquêtes des services concernés ont fait ressortir qu’une seule famille avait amassé en dehors du circuit légal la somme de « 500 000 milliards de centimes », soit 37 milliards de dollars au taux de change actuel.