Direct Live Search
Search

Algérie : les prix du poulet s’effondrent, les éleveurs s’inquiètent

En une année, les prix du poulet se sont effondrés en Algérie, au grand bonheur des consommateurs. Les éleveurs réclament des mesures.

powered by evolution group
Algérie : les prix du poulet s’effondrent, les éleveurs s’inquiètent
Ferme de poulets | ID 64142284 © Alf Ribeiro | Dreamstime.com
Aicha Merabet
Durée de lecture 3 minutes de lecture
Suivez nous sur Google News
Suivez nous Google News
Temps de lecture 3 minutes de lecture

Traditionnellement, ce sont les consommateurs qui se plaignent des prix élevés de la viande de poulet en Algérie. Ces jours-ci ce sont les éleveurs qui sont mécontents au motif de prix de vente trop bas et donc non rémunérateurs.

La poursuite de cette situation pourrait amener des éleveurs à la faillite. En effet, si les prix de vente des poulets baissent, les charges des éleveurs restent les mêmes, notamment celles liées à l’aliment pour volailles. Un poste qui représente 70 % des charges des éleveurs.

A lire aussi : Air Algérie casse les prix avec une nouvelle promotion

Sur les marchés le prix de poulet se situe entre 210 et 230 DA le kilo depuis le début de l’année 2025, alors qu’en septembre 2023 il dépassait les 600 DA le kilo et l’escalope 1.200 DA le kilo.

C’est dans ce contexte que la Fédération nationale des producteurs de volailles annonce qu’une réunion a eu lieu mercredi dernier au siège du ministère de l’Agriculture et du Développement rural en présence de cadres du ministère, des importateurs de matières premières pour aliments de volailles et des éleveurs spécialisés dans la production de mères de poussins.

A lire aussi : Algérie : la galère des importateurs de véhicules

Dans un communiqué, elle indique que plusieurs points importants ont été abordés : « La forte baisse des prix de la volaille depuis le début de l’année qui oscillent entre 210 et 230 dinars le kilo et le prix du poussin d’un jour de 10 à 20 dinars. Ce qui s’explique principalement par l’excédent des importations de poules pondeuses qui a eu un impact négatif sur la stabilité du marché ».

L’autre point abordé est relatif aux « répercussions du Programme prévisionnel d’importation pour le second semestre 2025, qui est une condition préalable à la domiciliation bancaire et au dédouanement des produits importés ». Selon la Fédération algérienne des aviculteurs, cette mesure a provoqué des « difficultés aux opérateurs pour garantir l’approvisionnement continu en intrants de la filière avicole »

A lire aussi : La France s’intéresse à la pomme de terre algérienne 

Suite à cette rencontre, la Fédération fait état des résultats suivants :

-« Confirmation du rôle de la commission de contrôle des intrants pour la volaille afin de garantir l’équilibre entre les besoins du marché national en poussins reproducteurs et la protection des éleveurs contre tout déséquilibre futur ».

-« La fédération a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre le programme de stockage de la viande blanche comme mécanisme indispensable pour absorber les excédents et maintenir la stabilité du marché ».

-« Depuis le début de cette semaine, grâce à la coordination continue entre le ministère et la Fédération, les programmes prévisionnels d’importation d’un certain nombre d’opérateurs économiques ont été effectivement approuvés, ce qui contribuera à faciliter le processus d’approvisionnement et à réduire la confusion enregistrée ».

Dans son communiqué, la Fédération remercie vivement les responsables du ministère de l’Agriculture pour « leur réactivité et leur coopération fructueuse avec les propositions présentées, qui contribuent à la stabilité du secteur avicole et à la protection des éleveurs ».

Aussi appelle-t-elle tous les éleveurs et opérateurs concernés par ce dossier à « communiquer via la page officielle de la Fédération nationale des éleveurs de volailles pour obtenir des conseils et des orientations ».

Éleveurs, réduire les coûts de production

Plusieurs causes sont avancées pour expliquer la baisse des prix du poulet en Algérie : l’Aïd qui a fait que les consommateurs réduisent leurs achats de viande blanche, la fermeture des cantines scolaires et la mise sur le marché d’un nombre trop élevé de poussins.

Face à cette variabilité des prix, les éleveurs ont tout intérêt à réduire leurs coûts de production. Certains affirment que, sans les aides financières des fabricants d’aliments, ils feraient faillite.

Une partie des éleveurs de poulets de chair utilisent la souche Hubbard Efficienty plus. Au bout de 56 jours une poule peut atteindre un poids vif de 4,3 kg avec un indice de consommation (IC) de 1,8. Cet indice signifie que pour produire un kilo de poids vif, l’éleveur utilise 1,8 kilo d’aliments.

Or, une étude de l’université de Béjaïa révèle des IC de 2,9 à 3,1. Dans la wilaya de Boumerdes, une étude de l’École nationale supérieure vétérinaire indiquait en 2020 un IC de 2,85.

Dans de nombreux élevages, le nombre de bandes élevées durant l’année est seulement de 4 alors qu’elle pourrait être de 6. Mais les aviculteurs laissent vides leurs poulaillers du fait des fortes chaleurs ce qui réduit la rentabilité de leur élevage et les fragilise. Ces éleveurs ont besoin d’un appui technique de la part des propriétaires de couvoirs et des fabricants d’aliments pour volailles.

Ces dernières années, le ministère de tutelle est à l’origine de plusieurs mesures en faveur des éleveurs : exonération de la TVA sur l’aliment pour volaille. En avril 2023, l’Office national des aliments de bétail a annoncé une baisse du prix des aliments pour bétail qu’il commercialise.

Une concertation tous azimuts

À la demande des professionnels, la durée minimale d’élevage des poulets qui était de 56 jours a été autorisée à 35 jours. Les aviculteurs pourraient élever jusqu’à 6 ou 7 bandes à l’avenir.

Ali Benchaïba, le président de la filière volaille, voit là un double avantage : pour le consommateur des poulets de plus petite taille donc plus accessibles et pour l’éleveur des coûts moindres en aliments. « Jusqu’à 35 jours, l’IC des animaux n’est que de seulement 1,5 », précise ce professionnel.

En effet, pour les souches Hubbard cet indice passe à 1,67 à 49 jours et à 1,8 à 56 jours. Parmi les autres mesures il y a la légalisation des éleveurs informels qui intervient après constat de conformité établi par la subdivision agricole locale. Une mesure qui débouche sur l’attribution de la carte de Fellah et lui permet donc de bénéficier de prêts bancaires à taux zéro et à l’achat d’aliments à prix subventionnés.

La réunion de mercredi dernier montre les progrès réalisés ces dernières années afin que les différents opérateurs du monde agricole soient représentés au niveau d’associations professionnelles. Elle montre également la concertation entre l’administration et ces organisations professionnelles.

Lien permanent : https://tsadz.co/37vjm

TSA +