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Algérie : un ministre recadre sèchement un député sur l’affaire Belghit

Algérie : un ministre recadre sèchement un député sur l’affaire Belghit

Source : capture d'écran YouTube
Belghit

La polémique autour de Mohamed Lamine Belghit rebondit en Algérie. Au lendemain de la sortie d’un député du MSP, Abdesslam Bachagha, interpellant le ministre de la Justice sur le cas de cet historien révisionniste, le ministre de la Communication Mohamed Meziane est monté au créneau pour recadrer le parlementaire.

Dans la foulée, il l’a accusé d’avoir tenu des propos « déplacés » à l’égard de la Télévision algérienne et à son département.

 « Le député a injustement et abusivement accusé la télévision nationale. Il a dit des choses déplacées (…) car il ne possède ni la culture institutionnelle, ni la vérité, ni des informations précises », a fustigé Mohamed Meziane depuis Sétif où il était en visite ministérielle.

 

Affaire Belghit : la réplique cinglante d’un ministre à un député

À l’Assemblée populaire nationale, au cours du débat deux jours plutôt sur le projet de loi portant mobilisation générale, le député islamiste avait soulevé la question du professeur d’histoire Mohamed Lamine Belghith qui a remis en cause la dimension amazigh de l’Algérie au cours d’un entretien avec la chaîne émiratie Sky News.

Il avait alors interrogé le ministre de la Justice : « Avez-vous transféré une partie des prérogatives du ministère de la Justice au ministère de la Communication ? ». « A-t-on installé des tribunaux médiatiques ? Depuis quand un Algérien est-il jugé au journal de 20h ? », s’est-il demandé.

Et de poursuivre : « À supposer qu’il ait fauté et qu’il appartient à la justice de le juger, qui a donné l’ordre au rédacteur du reportage de la télévision de le juger avec de tels propos ? ».

Avant d’appeler à « revoir la politique médiatique de l’État, ses mécanismes de communication et les outils de son discours », ce député, dont le parti n’a jamais dissimulé ses accointances idéologiques avec l’historien incarcéré, a estimé qu’avec cette approche « on jette de l’huile sur le feu ».

Pour Mohamed Meziane, la Télévision nationale ne produit pas elle-même les communiqués des institutions nationales, mais qu’elle est simplement un vecteur de ce qu’on appelle le service public.

«Cet honorable député a dit des choses déplacés à l’encontre de la télévision et du ministère et est parti trop loin par ignorance, a encore épinglé le ministre. Si le député honorable avait pris contact avec les services du ministère, il aurait su que le communiqué émanait du ministère de la Justice, conformément au Code de procédure pénale, qui autorise le procureur de la République à publier des communiqués afin d’éviter les interprétations erronées — ce qui a échappé au député. ».

En réaction à ces propos, le député a estimé que l’intervention du ministre dans ce contexte constitue un « dépassement des prérogatives institutionnelles, lui-même ayant souligné l’importance du respect de la culture institutionnelle ».

 « Il aurait été plus approprié que le ministre reconnaisse les dysfonctionnements dans les performances de son institution médiatique, au lieu de s’engager dans des contrevérités délibérées et des surenchères verbales, éloignées de la sobriété qu’exige la responsabilité, et qui nuisent à la crédibilité du discours officiel de l’État », a-t-il écrit sur son compte Facebook en estimant que le reportage, objet de polémique, comportait une « diffamation manifeste et une atteinte à la dignité du professeur Belghit, ainsi qu’une condamnation médiatique anticipée, avant même l’intervention des autorités judiciaires ».

Algérie : Mohamed Meziane attaqué par les soutiens de Belghit

 

Il faut dire que la sortie du député n’est pas anodine. Elle intervient, alors que le débat portait sur la mobilisation générale, quelques jours après la participation du ministre à une journée d’étude à Batna sur l’information en Tamazight en Algérie.

Intervenant à l’occasion de cette rencontre, Mohamed Meziane a rappelé que « la dimension amazighe est une composante authentique de l’identité nationale formée à travers l’histoire ».

 Cette sortie du député MSP intervient également dans le prolongement de ce qui s’apparente à un forcing des représentants de ce courant, dont des figures, comme Abdelkader Bengrina ou encore Abderrazak Makri, avait pris fait et cause pour Mohamed Lamine Belghit.

En décidant de répondre à ce député, Mohamed Meziane entend visiblement couper l’herbe sous les pieds de ceux qui, au-delà de la défense d’une idéologie sectaire, instrumentalisent cette affaire « Belghit » à des fins politiciennes.

Une affaire qui est aujourd’hui entre les mains de la justice. Mercredi, La chambre d’accusation de la Cour d’Alger a rejeté la demande de remise en liberté de cet historien qui serait « revenu sur ses propos » lors de son audition par le juge d’instruction, selon certaines informations de presse. D’après lui, il s’agissait d’un « montage » de la chaine.

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