Les Algériens de l’étranger, les binationaux installés en France particulièrement, sont de plus en plus attirés par l’investissement et le lancement de projets en Algérie. Pour réussir, ils doivent éviter trois pièges.
Beaucoup d’Algériens de l’étranger ont tenté l’aventure, saisissant les opportunités qu’offre le marché algérien et les facilités accordées par les autorités à l’investissement productif d’une manière générale et celui des binationaux en particulier. D’autres cherchent à le faire.
Le marché algérien offre en effet des avantages innombrables mais l’aventure risque de ne pas déboucher sur le succès escompté si le porteur du projet ne s’entoure pas de précautions. Les préjugés peuvent jouer bien des tours.
L’Algérie multiplie les initiatives pour attirer les jeunes prodiges de la diaspora. Samedi 14 juin, le consulat général d’Algérie à Nice a organisé une rencontre par visioconférence autour du thème « l’entrepreneuriat et les start-up au service des porteurs de projets issus de la diaspora ».
Deux membres du gouvernement y ont pris part, Sofiane Chaib, secrétaire d’Etat chargé de la Communauté nationale à l’étranger, et Noureddine Ouadah, ministre de l’Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, ainsi qu’une “élite d’entrepreneurs, de porteurs de projets et d’opérateurs économiques” issus de la communauté algérienne établie dans la région de Nice, selon un communiqué du secrétariat d’Etat à la communauté nationale établie à l’étranger.
L’objectif principal des autorités algériennes est de réunir les conditions favorables afin d’encourager et d’inciter les Algériens de l’étranger, porteurs d’idées et de projets, à saisir les opportunités d’investissement disponibles dans différents secteurs en Algérie, a indiqué M. Chaib.
« Les enfants de la communauté peuvent bénéficier de toutes les incitations financières et fiscales qu’offre l’Etat dans ce domaine », a assuré pour sa part M. Ouadah.
Investir en Algérie : rien n’est acquis
Le soutien de l’État ne garantit pas toutefois à lui seul le succès des projets. Le rôle de leurs porteurs est aussi primordial et ce, en évitant de tomber dans certaines postures qui peuvent s’avérer préjudiciables pour la conduite et l’issue des projets.
L’expatrié qui fait le choix de concrétiser son idée ou son projet en Algérie ne doit pas se dire que le succès sera forcément au rendez-vous. « Rien n’est pas acquis », prévient Fayçal Kaddour, président de l’association Djazpora qui œuvre à resserrer les liens économiques entre les Algériens de l’étranger et leur pays d’origine.
S’il est indéniable que le marché algérien est vierge et offre plus d’opportunités, il n’en reste pas moins toutefois que ce marché a aussi ses spécificités et ses difficultés que tous les opérateurs, résidents ou expatriés, ou même étrangers, doivent prendre en compte et tenter de surmonter. L’Algérie n’est pas un marché mature et saturé, mais il n’est pas facile non plus. Ce n’est pas l’Eldorado que l’on pourrait croire.
Algérie : opportunités ne signifient pas facilités
Il est vrai que l’Algérie fait tout pour attirer les membres de la diaspora et leur ouvre toutes les portes, mais les jeunes membres de la communauté ne doivent pas prendre cette volonté politique comme une “assurance tous risques”, complète Fayçal Kaddour.
Les lois en vigueur et les incitations financières, fiscales et autres, s’appliquent à tous, sans la moindre dérogation. Le statut d’expatrié qui fait choisit son pays d’origine à l’Europe ne confère aucun avantage particulier aux yeux de la réglementation. Tous les investisseurs, jeunes ou moins jeunes, nationaux résidents ou expatriés sont tenus de faire face à la réalité du marché sur un même pied d’égalité. « Il est nécessaire de bien étudier le marché pour se lancer, se renseigner sur les différentes réglementations, prendre en compte l’environnement », recommande Fayçal Kaddour.
Postures arrogantes
L’autre erreur que les jeunes de la diaspora doivent absolument éviter, c’est d’arriver avec des idées toutes faites et des préjugés sur la réalité de l’Algérie.
Venir de France où de tout autre pays de l’Occident ne signifie pas que l’on a forcément une longueur d’avance sur les Algériens résidents en termes de formation ou de connaissances managériales ou techniques. Une telle posture arrogante peut légitimement agacer les partenaires locaux, les vis-à-vis dans l’administration, la concurrence et même la clientèle.
L’entrepreneur expatrié qui arrive en Algérie doit miser sur ce qu’il peut apporter de nouveau plutôt que sur ce qui manque à ses vis-à-vis locaux.
« Il faut éviter les postures arrogantes, et miser davantage sur ce que l’on peut apporter de nouveau, plutôt que sur les faiblesses supposées des résidents. Certains commettent la grave erreur de considérer, puisqu’ils viennent de l’étranger, qu’ils sont mieux formés ou plus compétents que les locaux, ce qui est faux », conseille le président de Djazpora.
Ces petites précautions peuvent valoir leur pesant d’or et contribuer à la réussite dans un marché plein d’opportunités et d’incitations certes, mais qui reste régi par les lois universelles de l’entrepreneuriat et de la concurrence.