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Après Bouhadja, Ould Abbès : des similitudes dans la méthode

Après Bouhadja, Ould Abbès : des similitudes dans la méthode

Le départ de Djamel Ould Abbès de son poste de secrétaire général du FLN évoque un autre récent départ, plus tumultueux : celui du président officiel de l’APN, Saïd Bouhadja. Les deux événements, qui se démarquent par le type de personnalité des deux moudjahidine concernés, trouvent leur racine commune dans les circonvolutions adoptées afin de ne pas respecter la procédure, voire même dans le piétement des règles légales.

Lorsque le départ de Djamel Ould Abbès a été officiellement annoncé hier mercredi, l’agence de presse officielle APS titrait sur la « démission pour des raisons de santé » du secrétaire général. Cependant, une « source officielle » expliquait à la même agence que ce sont des « soucis de santé qui lui imposent un congé de longue durée ». L’information a été confirmée par l’intéressé lui-même à TSA. « On m’a demandé de me reposer pendant plusieurs semaines, je me repose », a affirmé Ould Abbes qui n’a à aucun moment utilisé le terme « démission ».

Il ne s’agit donc pas d’une démission mais d’un « congé », et la nuance est de taille. En effet, l’article 36 des statuts de l’ex-parti unique et l’article 9 du règlement intérieur du Comité central du FLN précisent que dans le cas de vacance du poste de secrétaire général, le membre le plus âgé du Bureau politique dirige le parti en attendant la réunion du Comité central. Cette réunion doit intervenir « obligatoirement » dans les 30 jours qui suivent l’état de vacance pour élire un nouveau secrétaire général.

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Malgré sa « maladie » qui devrait pourtant le pousser à démissionner, Djamel Ould Abbès semble donc avoir été sommé de partir sans vraiment partir afin que ne soit pas placé à la tête du FLN le doyen du Bureau politique – tous ses membres ont été désignés par Ould Abbès-, mais quelqu’un d’autre. Car en même temps que l’annonce du départ d’Ould Abbès était effectuée, l’agence officielle a annoncé que l’intérim sera assuré par Mouad Bouchareb « en attendant que les organes habilités du parti du FLN se prononcent sur son remplacement ».

Entre parenthèses, les termes « intérim » ou « en attendant » ne doivent pas être pris au pied de la lettre en ce qui concerne le FLN. Pour rappel, Djamel Ould Abbes occupait lui aussi le poste de secrétaire général par intérim depuis le départ d’Amar Saâdani en 2016 en attendant la réunion du Comité central qui a été reportée à de nombreuses reprises. L’attente peut donc être longue au sein du parti historique.

Mouad Bouchareb, qui n’est pas membre du Bureau politique, occupe ainsi de facto le poste de secrétaire général du FLN, même sans en avoir le titre, jusqu’à nouvel ordre. Cet inconnu de l’opinion publique il y a seulement quelques semaines est ainsi devenu en quelques semaines le personnage central des deux dernières incidents politiques majeurs ayant concerné le pouvoir.

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C’est en effet Bouchareb qui avait été parachuté au poste de « président » de l’Assemblée populaire nationale à l’issue de la toute récente crise inédite ayant affecté la chambre basse du Parlement. Saïd Bouhadja, président légitimement élu de l’APN, avait été sommé de quitter ses fonctions par les députés de la majorité. Contrairement à Ould Abbès, Bouhadja avait refusé de quitter son poste pendant plusieurs semaines, invoquant le respect des règles de droit.

Bien que le président de l’APN soit supposé siéger pour la durée de la législature (cinq ans) et que la Constitution algérienne ne prévoit pas de moyens de destituer le président de l’Assemblée en dehors de la dissolution du Parlement, les députés de la majorité ont acté le départ de Saïd Bouhadja par le biais d’un procédé pouvant être qualifié d’illégal et d’illégitime. Ce procédé avait notamment inclus le désolant spectacle de députés bloquant avec des chaînes l’entrée de l’hémicycle et l’entrée du bureau du président de l’APN afin d’invoquer une surréaliste vacance du poste.

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Que ce soient par leur méthode ou par leur issue, les deux événements s’assimilent et semblent intrinsèquement liés au sein d’une stratégie dont l’objectif demeure encore flou et le résultat indécis. Nul doute que d’autres manœuvres doivent être attendues dans les prochaines semaines.

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