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Après le Niger, le Gabon : l’Afrique face à l’« épidémie » des putschs

Après le Niger, le Gabon : l’Afrique face à l’« épidémie » des putschs

Constat lucide ou prémonition ? Deux jours après que le président Français, Emanuel Macron, a évoqué une « épidémie de putschs » en Afrique, en référence à la situation au Niger, un autre pays fait l’objet d’un coup d’État : le Gabon.

Sitôt les résultats de l’élection présidentielle dévoilés avec la réélection pour un troisième mandat d’Ali Bango, une douzaine de militaires ont annoncé ce mercredi l’annulation du scrutin, la dissolution des institutions et la destitution du président «réélu ». 

« Nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », a justifié un militaire dans une allocution à la télévision locale.

Alors que la situation demeure compliquée au Niger où une solution diplomatique peine à se dessiner et où la menace d’une intervention étrangère plane toujours, le coup d’État au Gabon vient confirmer une tendance en vogue ces dernières années en Afrique : la succession des coups de force. 

Pas moins de quatre putschs ont été enregistrés sur le continent ces trois dernières années: Mali (août 2020 et mai 2021), Guinée Conakry (septembre 2021), Burkina Faso (janvier 2022) et Niger (juillet 2023).

Et d’aucuns s’interrogent déjà si cette succession n’aura pas un effet de contagion car les raisons, à quelques différences près, à l’origine des coups de force sont les mêmes.

On peut citer la longévité au pouvoir de certains dirigeants africains, comme Paul Biya à la tête du Cameroun depuis quarante ans, des successions dynastiques, une corruption endémique des élites politiques et économiques locales, la montée de l’extrémisme et de l’insécurité que les régimes en place peinent à juguler, l’échec des modèles démocratiques adoptés, la fraude électorale et les immixtions de certaines puissances étrangères.

Niger, Gabon…: l’Afrique renoue avec les putschs

Continent aux potentialités et richesses immenses, l’Afrique est devenue un terrain de lutte d’influence de nombreuses puissances étrangères.  

Qui stoppera cette spirale ? Certainement pas l’Union africaine dont le curieux effacement et son attitude à l’égard de la situation au Niger a montré les limites de son influence. 

Premier de cordée dans la quête d’une solution à la crise nigérienne, la CEDEAO semble elle aussi s’enliser faute de consensus dans ses rangs et dont certains pays membres obéissent à des agendas étrangers.

Il faut dire également que le manque de fermeté de la communauté internationale, beaucoup plus préoccupée par le conflit en Ukraine, a encouragé le phénomène. 

« La faiblesse que d’aucuns ont montrée à l’égard des putschs précédents a nourri des vocations régionales. Il y a une épidémie de putschs dans tout le Sahel », a pointé du doigt le président Emanuel Macron lors de son discours de politique étrangère à l’Elysée. 

Avec la nouvelle situation au Gabon, conjuguée à celles du Burkina Faso, Centrafrique, Mali et Niger, c’est toute la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest qui va se retrouver dans une situation difficile avec ce que cela suppose comme retombées sur les autres pays. 

Face à ce phénomène, l’Algérie qui a dévoilé mardi 29 août son plan de sortie de crise au Niger plaide pour un renforcement des mécanismes de nature à empêcher les changements anticonstitutionnels en Afrique.

 La décision de s’opposer aux coups d’État a été prise en effet lors du 35è sommet d’Alger de l’Union Africaine qui s’est tenu en juillet 1999.

L’Algérie prend donc position en tant que gardienne morale des principes de légalité constitutionnelle en Afrique, s’opposant ainsi aux changements de pouvoir anticonstitutionnels, dispose un des axes de la proposition algérienne pour une solution pacifique au Niger.

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