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Assemblage automobile : fin de l’aventure ou nouveau départ ?

Assemblage automobile : fin de l’aventure ou nouveau départ ?

Le projet de Loi de finances complémentaire 2020, adopté par le Conseil des ministres ce dimanche 10 mai, prévoit une série de mesures en lien avec l’investissement d’une manière générale, et l’industrie d’assemblage automobile particulièrement.

Le régime préférentiel du système SKD/CKD pour l’automobile est annulé au moment où l’importation des véhicules touristiques neufs par les concessionnaires sera de nouveau autorisée.

La décision signe l’arrêt de mort de l’industrie de montage de véhicules dans sa forme actuelle. Du coup, l’avenir des nombreuses unités installées dans plusieurs wilayas du pays et le sort qui attend leurs milliers d’employés suscitent des interrogations. Seront-elles démontées, transformées à d’autres usages ? On n’en est pas encore là puisque la nouvelle situation pourrait constituer une aubaine pour certaines d’entre elles pour entrer progressivement dans un véritable processus de production véritable.

Le texte du projet de loi de finances complémentaire ne contient pas que des contraintes. Il prévoit des mesures incitatives dans le but d’encourager l’intégration des industries de montage, et là pas seulement dans l’automobile.

Les composants acquis localement par les opérateurs dans les secteurs de la mécanique, de l’électricité, de l’électronique et de la pièce de rechange seront exonérés des droits de douane et la TVA seront supprimés pour une période de deux ans renouvelables.

Soit un encouragement direct pour la production de la pièce de rechange localement. Donc au lieu d’accorder des avantages aux kits SKD/CKD importés de l’étranger, le gouvernement veut les donner à des pièces fabriquées localement.

C’est ce que les autorités auraient dû faire dès le début. Si l’intégration avait été encouragée, la filière tout entière ne serait pas aujourd’hui présentée comme une grande arnaque.

Le faible taux d’intégration était le talon d’Achille de l’industrie automobile algérienne, version Abdeslam Bouchouareb, ministre de l’Industrie entre 2013 et 2017, actuellement en fuite à l’étranger.

Outre les malversations et les passe-droits qui auraient entouré l’octroi des autorisations -qui ont valu à deux anciens Premiers ministres, plusieurs anciens ministres de l’Industrie dont Bouchouareb, hauts responsables et hommes d’affaires d’être lourdement condamnés par la justice, tandis que de nombreux autres attendent leur jugement- la filière n’a jamais tenu sa promesse de doter l’Algérie d’une véritable industrie automobile.

« C’est de l’importation déguisée », avaient dénoncé des responsables avant même les changements politiques qui ont eu lieu en avril 2019 et l’ouverture du dossier par la justice.

L’objectif premier assigné à la filière n’était pas atteint et c’était apparent : la facture consacrée chaque année à l’importation des SKD-CKD était toujours élevée (3.73 milliards de dollars en 2018 par exemple) même si elle est inférieure à celle des importations directes de véhicules qui avait atteint un pic de 7.33 milliards de dollars en 2013.

La situation était inacceptable : les réserves de change continuaient à fondre, le Trésor public accusait un manque à gagner du fait des avantages accordés dans le cadre du système SKD-CKD et le citoyen payait le véhicule monté localement plus cher que celui importé.

Pour sa première sortie publique en tant que président de la République, Abdelmadjid Tebboune a annoncé la couleur concernant ses intentions pour la filière et toutes les activités de montage.

C’était le 22 décembre 2019, lors de l’inauguration de la foire de la production nationale. « L’industrie militaire c’est l’unique industrie automobile existante dans notre pays. L’expérience vécue par les opérateurs civils n’est qu’une importation déguisée. Les investisseurs privés sont appelés à s’inspirer du modèle militaire afin d’asseoir une véritable industrie dans notre pays. On doit stopper l’importation anarchique. Nous voulons une industrie créatrice d’emplois, de richesses, développer une sous-traitance locale afin d’augmenter le taux d’intégration autour de 50 à 60%. Nous pourrons alors dire que nous avons réellement un produit algérien ».

Le nouveau chef de l’Etat venait de sceller le sort de la filière d’assemblage de véhicules, du moins celui du modèle qui a prévalu pendant cinq ou six ans (la première voiture est sortie de l’usine Renault d’Oran en novembre 2014).

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