Économie

Assurance auto en Algérie : les assureurs veulent une hausse des prix

La prime dite « Responsabilité civile (RC) », par son caractère obligatoire, contribue grandement au chiffre d’affaires des compagnies d’assurance en Algérie.

Toutefois, les tarifs appliqués restent très en-deçà de ce qui se fait dans le monde et même chez les voisins immédiats de l’Algérie.

D’autant plus que, d’année en année, les remboursements des sinistres sont entraînés vers le haut par l’augmentation des prix de la pièce de rechange, de la main d’œuvre et des véhicules.

Les assureurs plaident de ce fait pour la révision de la tarification de la responsabilité civile. Il y va de la « solvabilité » du secteur, lit-on dans une étude commandée par l’Union des assureurs et réassureurs algériens (UAR).

Prime RC en Algérie : un tarif dérisoire

L’étude rappelle que la tarification actuellement en vigueur n’a pas été révisée pendant cinq ans alors que, dans cette période, il a été enregistré une augmentation considérable du nombre d’accidents de la route et partant, de leurs conséquences financières. L’étude évoque une « sinistralité onéreuse, voire catastrophique ».

Une comparaison avec les pays du Maghreb fait ressortir que cette tarification en Algérie est la plus basse, au moment où le parc automobile algérien (6,4 millions de véhicules) est trois fois plus important qu’en Tunisie (2,3 millions) et de 50 % supérieur à celui du Maroc (4,3 millions). Aussi, les données macroéconomiques sont en faveur de l’Algérie.

L’Algérie devance ses voisins en termes de taille de la population, du PIB global et par habitant ainsi qu’en salaire moyen. Mais le poids du secteur des assurances reste moins important en Algérie (seulement 0,71 % de taux de pénétration des assurances), contre 4,45 % au Maroc et 2,30 % en Tunisie.

La sous-tarification de la prime responsabilité civile en Algérie, sur les formules RC basique et dommage collision, est « frappante », lit-on dans l’étude.

Assurance auto en Algérie : la moins chère du Maghreb

Or, ces formules constituent la majorité du portefeuille des compagnies de la place en Algérie. La prime responsabilité civile (RC) est de 2165 dinars (l’équivalent de 17 dollar) en Algérie pour une année et quel que soit la valeur du véhicule, contre l’équivalent de 68 dollars en Tunisie, 227 dollars au Maroc, 299 dollars en Arabie saoudite et 408 dollars aux Émirats arabes unis.

La formule d’assurance dite responsabilité civile basique (RC basique) qui inclut outre la prime RC, deux autres primes à savoir, « défense et recours » et « assistance » coûte 5.300 dinars en Algérie et l’équivalent de 40.500 et 42.500 dinars au Maroc et en Tunisie respectivement.

La formule dommage collision est aussi très basse par rapport aux deux pays (22 000 dinars en Algérie, l’équivalent de 55 800 dinars algériens au Maroc et l’équivalent de 55 000 dinars algériens en Tunisie).

L’Algérie fait mieux que la Tunisie uniquement dans la formule tout risque (77 500 contre 73 500 dinars), mais elle reste très loin derrière le Maroc (l’équivalent de 117 500 dinars).

Selon cette étude, la prime RC devrait être d’au moins 16.500 dinars en Algérie contre 2165 dinars actuellement, afin de ne pas aggraver le déficit de cette branche d’assurance, de permettre aux assureurs d’atteindre l’équilibre financier et de tenir leurs engagements en matière de remboursement des sinistres.

Les assureurs algériens réclament une hausse de la prime RC. « Aujourd’hui pour un dinar encaissé, les assureurs remboursent 7,6 dinars. Le déficit de la branche automobile en Algérie est abyssal. C’est intenable« , souligne un assureur.

L’étude s’attend par ailleurs à ce que l’instauration du e-recours fin 2022, fera que la réelle sinistralité de la responsabilité civile sera « visible et assumée par les compagnies » d’assurances algériennes, ce qui  aura un « impact sur leur marge de solvabilité ».

Cette sous tarification, note l’étude que nous avons consultée, n’a pas que des conséquences sur les équilibres financiers des compagnies d’assurance en Algérie, mais aussi sur la qualité de leurs prestations, citant la mauvaise prise en charge des sinistres corporels, des délais de remboursement trop longs…

Pourquoi les assureurs algériens boudent les motos

Pour remédier à cette situation, l’étude préconise une hausse de la tarification de la responsabilité civile limitée à 200 %, afin de « ne pas impacter les revenus les plus faibles » et de répercuter la hausse sur les « foyers à revenus élevés » et aux « professionnels à forte sinistralité », en excluant les activités qui ont un tarif réglementé, comme les chauffeurs de taxi.

La hausse impactera ainsi, suivant les préconisations faites, les véhicules de luxe dont la valeur dépasse actuellement 3 millions de dinars, les activités à risque comme la location de véhicules, ainsi que le transport routier, « en fonction du tonnage et ayant une sinistralité forte ».

Pour défendre ce dernier point, les auteurs de l’étude signalent que dans le monde entier, l’assurance est un coût principal pour le transport, avec les salaires et le carburant. Les coûts bas du carburant en Algérie donnent plus de latitude pour revoir à la hausse ceux de l’assurance, soutiennent-ils.

En outre, le coût dérisoire de la prime RC en Algérie n’encourage pas les assureurs à assurer les motos.

« La prime RC est de 600 dinars pour les motos en Algérie, c’est insignifiant par rapport aux prix des motos. C’est une branche à forte taux de sinistralité parce que les motards ne respectent pas le Code de la route et ne mettent pas de casques. En plus, en cas d’accident, il est remboursé par les assureurs même s’il est fautif », explique un assureur.

Pour les motos, la prime RC devrait être d’au moins 10.000 dinars par an, selon notre interlocuteur.

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