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Au souk de Djelfa, les prix sont abordables et les curiosités déroutantes

Au souk de Djelfa, les prix sont abordables et les curiosités déroutantes

Le souk de Djelfa ouvre ses portes tous les vendredis et lundis. Voitures, camions, bus s’y dirigent dès le lever du jour. On y gare dans une incroyable cacophonie.

Fruits et légumes, viandes, poules et coqs vivants, bric-à-brac, produits anti-scorpions, laine de mouton, poils de chameau, tapis de kheima, plantes médicinales… On peut tout y acheter ou presque, jusqu’à 13 heures.

Petite virée dans ce méga capharnaüm en ce vendredi matin.

Laid, vendeur de laine de chamelon

Laid est coiffé d’un turban d’où s’échappe une longue mèche argentée. À 65 ans, il ne rate jamais un vendredi au souk de Djelfa. Cet ancien berger, qui promenait ses troupeaux dans la région d’Aflou, Tiaret et El Bayadh, s’est transformé en vendeur de tapis de kheima, laine de mouton et poil de chamelon, ‘el makhloul’ ou ‘laouber’ comme on l’appelle ici.

« Ces poils qui sont des fibres naturelles servent à la confection de kachabia. Cet habit traditionnel dure toute la vie. Il coûte entre 80 000 et 100 000 da. Le poil du chamelon est le plus chère : 7500 da le kilo. Celui du dromadaire revient à 5500 da le kilo. Quant au kilo de laine de mouton, il s’élève à 600 da ».

Sur son étal de fortune à même le sol, Laid propose également des tapis de kheima à 65 000 da.

Djamel, vendeur à la criée

Planqué sous sa tante, à l’abri des morsures du soleil, Djamel Gasmi (30 ans) s’empare de son micro grésillant, pour faire une annonce, à intervalle de cinq minutes. Grâce à son haut-parleur, sa voix porte jusqu’aux moindres recoins de ce marché à ciel ouvert.

« Produits anti-moustiques, anti-rats, anti-scorpions, anti-cafards… Par ici, les poisons », s’égosille-t-il durant toute la matinée.

Djamel (30, ans) est un vendeur itinérant0 « Je suis dans ce métier depuis l’âge de 17 ans. Je sillonne tous les marchés de la région pour gagner ma croûte. Vendredi je suis au marché de Djelfa, samedi à Dar Echyoukh, dimanche à Ain Eroumia, lundi à Djelfa, mardi à Charef, mercredi à Messaed et jeudi à Hassi Bahbah. Les gens ont besoin de mes produits pour se débarrasser des bestioles nuisibles. J’anime mon commerce en utilisant ce micro », s’amuse-t-il.

Mohamed, le guérisseur de lésions cutanées

Un petit étal provoque un attroupement. Voilà de quoi aiguiser notre curiosité. Une planche de fortune supporte de drôles de fruits verdâtres à la peau boursoufflée.

Mohamed, le vendeur nous fait une démonstration. Il saisit l’un des fruits, le débarrasse de sa peau et en extrait une sorte de pommade verdâtre au parfum délicat.

« Ce fruit s’appelle ‘el ghermouche’. Son nom scientifique c’est Maclura Pomeifera ou l’oranger des Osages. Il guérit toutes les plaies et lésions de l’épiderme comme l’eczéma, les piqures d’insectes, l’acné… C’est un remède naturel qui fait des miracles ». Ses paroles ont un effet magique sur les clients qui s’empressent de mettent la main à la poche. A 100 da/pièce, le vendeur écoule ses fruits bizarres comme des petits pains.

Ahmed : sirop de dattes, abricot séchées et ‘ghers’

Tous les vendredis et lundis matin, Ahmed Maamria (56 ans) installe sa marchandise sur un étal de fortune : abricots séchés, sirop de dattes, blé concassé (fric), orge, ‘ghers’ (dattes écrasées). « Les abricots séchés servent à la préparation d’un bouillon qui accompagne le couscous. C’est un excellent remède contre les problèmes de rein », explique-t-il

Préparateur de sandwich aux œufs durs

Chaque vendredi, dès potron-minet, Mohamed 18 ans fait bouillir des dizaines œufs. Il prépare du thé, remplit des mini gobelets de cacahuètes grillées, coupe les baguettes de pains en deux, dresse ses œufs durs sur son étal et attend l’arrivée de ses premiers clients sous sa tente. « Faire le marché creuse les estomacs. Je suis là pour calmer les ventres affamés avec ces casse-dalles aux œufs durs et au fromage », nous lance-t-il.

Sfendj au thé ?

Ceux qui préfèrent une pause-gourmande suivent les effluves d’huile. Une pyramide de beignets dorés ‘sfendj’, les attend chez Amar. Ce quadragénaire pétrit sa pâte vers 4 heures du matin.

« J’utilise ensuite ce grand chaudron pour frire mes beignets. Accompagnée d’un thé du sud, cette escale est incontournable pour les chalands. C’est 10 da le thé et 10 da le beignet. Des tous petits prix ! ».

Souk Djelfa est un marché atypique. Les prix sont très abordables. Les vendeurs forts aimables et les curiosités déroutantes. On peut s’informer, négocier et découvrir de belles histoires. À visiter au moins une fois dans sa vie.

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