Économie

L’Algérie pourrait importer 80.000 véhicules en 2023

Le marché automobile en Algérie s’ouvre de nouveau après plusieurs années de fermeture. L’importation des véhicules neufs va reprendre, celle de l’occasion aussi, et les premières voitures sortiront de l’usine Fiat d’Oran vers la fin de l’année.

Cela suffira-t-il pour absorber la très forte demande accumulée depuis au moins quatre ans ? Le plus difficile en ce moment est de faire des prévisions précises sur l’incidence sur le marché de la batterie de mesures annoncées ou entrées en vigueur tout récemment, tant les autorités n’ont pas communiqué sur les volumes qui seront importés ou produits localement.

Il est évident que la situation ne sera plus ce qu’elle était ces dernières années, du point de vue de la disponibilité des voitures et peut-être même de celui des prix, mais il est hasardeux de miser sur un retour immédiat à la situation d’avant la fermeture.

Le parc automobile algérien, estimé à 6,5 millions de véhicules, a accumulé un déficit d’environ 1,2 millions d’unités. Ce chiffre est calculé sur la base d’une estimation de 120 à 130 000 voitures qui quittent le parc chaque année pour cause de vétusté, d’accident ou de réforme, sans compter la marge de croissance habituelle du marché algérien.

Les chiffres de la branche assurance automobile permettent aussi de déduire approximativement le déficit accusé par le marché automobile algérien. La branche a perdu entre 4 et 5 milliards de dinars sur son chiffre d’affaires depuis 2019.

Selon Hassan Khelifati, PDG d’Alliance assurances, le marché algérien a besoin de 200 à 300 000 véhicules par an pour prendre en charge les nouvelles demandes et combler le déficit provoqué par les voitures qui quittent le parc à cause de la vétusté ou des accidents. Entre 1% à 2% des véhicules quittent chaque année le parc automobile pour des raisons de vétusté ou à cause des accidents de la route.

Selon les prévisions de M. Khelifati, l’Algérie devrait importer en 2023 environ 80 000 véhicules, toutes formules confondues : 40 à 50 000 par les concessionnaires automobiles agréés, 15 à 20 000 par le biais de la licence moudjahidine et environ 20.000 véhicules de moins de 3 ans.

C’est loin d’être suffisant pour la taille du déficit actuel. « A partir de 2024, le rythme va s’accélérer entre les 3 formules et pourra être situé entre 200 et 300 milles véhicules récents qui peuvent alimenter le marché » automobile algérien, anticipe Hassen Khelifati. Ces chiffres comprennent les voitures qui seront assemblées en Algérie notamment Fiat qui va démarrer avec une capacité de 60.000 unités la première année, avant de la porter à 90.000 unités.

Par ailleurs, beaucoup d’entreprises prévoient de renouveler leurs parcs de véhicules, ce qui va alimenter le marché automobile de quelques dizaines de milliers de voitures d’occasion et participera à la dynamique du marché, ajoute M. Khelifati

Automobile en Algérie : quelle disponibilité et quels prix pour les véhicules ?

Néanmoins, à cause de la hausse des coûts de revient pour les constructeurs mondiaux, un tel volume pourrait nécessiter une facture plus importante que les 5,7 milliards de dollars déboursés en 2014 pour la même quantité (400 000 véhicules).

Même si la facture sera amortie dans une certaine mesure par le payement des véhicules de moins de 3 ans sur les « devises propres » des acquéreurs, la dépense restera élevée et risque de ne pas cadrer avec l’orientation globale de rationalisation des importations afin de préserver les réserves de change du pays.

Si l’on prend en compte ces prévisions, les délais d’attente (entre la commande et la livraison du véhicule au client) devraient rester longs durant cette année 2023, à moins que les concessionnaires ne prennent que les commandes qu’ils seront en mesure de satisfaire dans des délais raisonnables.

La disponibilité devrait donc s’améliorer dès 2024, avec l’entrée en production vers la fin de l’année en cours de l’usine algérienne de FIAT, d’une capacité de 56 000 véhicules par an, et des importations plus importantes.

Le ministère de l’Industrie a annoncé l’agrément prochain d’autres concessionnaires, qui s’ajouteront aux trois déjà agréés pour les marques FIAT, Opel et JAC. Selon nos sources, de nouveaux concessionnaires automobiles seront agréés la semaine prochaine.

Pour les prix, c’est l’incertitude totale. Le même ministère a promis de faire en sorte qu’ils soient raisonnables, mais sa marge de manœuvre est très réduite. Il ne pourra agir que sur les marges bénéficiaires des concessionnaires. Le coût de revient pour les constructeurs a sensiblement augmenté notamment après la crise sanitaire. A titre d’illustration, la Clio 4 de Renault coûte 6000 euros de plus que son prix de 2019.

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