Économie

Autoroute est-ouest : l’Algérie achève enfin son projet du siècle

Après 17 ans de chantier, l’autoroute est-ouest qui relie l’est à l’ouest de l’Algérie sur 1200 km, est enfin complètement achevée. Le dernier tronçon de ce qui est appelé le projet du siècle en Algérie a été livré ce samedi 12 août.

La cérémonie d’inauguration de la partie de cette autoroute qui a consommé des milliards de dollars à l’État algérien a été tenue ce samedi à El Tarf.

C’est le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, qui s’est déplacé en personne pour couper le ruban et acter la fin des travaux de réalisation de l’autoroute est-ouest.

Autoroute est-ouest : le scandale du siècle en Algérie

Le dernier tronçon de l’autoroute est-ouest relie reliant la bretelle de Dréan (ouest de la wilaya) et la commune de Raml Souk, frontalière avec la Tunisie, dans la wilaya d’El Tarf, sur 84 km.

Ce tronçon dont l’importance a été soulignée par Aïmene  Benabderrahmane traverse les communes de Dréan, Besbes, Ben M’hidi (à Sidi Kassi), Zerizer, Lac des oiseaux, Ain Sidi Kassi, El Tarf et Khenguet Aoun (Ain El Assel). Il permettra de faciliter les échanges entre l’Algérie et la Tunisie et aux touristes algériens de se rendre plus rapidement chez le voisin de l’est pour y passer des vacances.

Ce tronçon revêt une « importance stratégique pour l’État, en ce sens qu’il favorise la promotion des relations entre les deux pays frères, l’Algérie et la Tunisie« , a expliqué le Premier ministre dont les propos ont été rapportés par l’agence officielle APS.

La réalisation du tronçon inauguré ce samedi 12 août n’a pas été de tout repos. Elle illustre les grandes difficultés qui ont émaillé la construction de l’autoroute est-ouest dont le coup d’envoi a été donné en 2006.

À l’époque, l’Algérie, forte de ses pétrodollars, avait choisi deux groupements chinois pour construire cette autoroute afin de relier l’est à l’ouest du pays avec une infrastructure routière de qualité. Le choix avait été porté sur les Chinois Citic-CRCC et le Japonais Cojaal pour 11 milliards de dollars.

Autoroute est-ouest : « Un désastre pour les ingénieurs »

Les deux géants asiatiques devaient permettre à l’Algérie de disposer rapidement de sa première autoroute aux normes internationales. Le groupement Cojaal a été chargé de réaliser la partie entre Bordj Bou Arreridj et la frontière tunisienne sur 400 km pour 5,2 milliards de dollars.

Au milieu des années 2010, le gouvernement a résilié le contrat avec Cojaal et le tronçon Dréan – frontière tunisienne est laissé à l’abandon. En 2017, après un long litige avec Cojaal sur des problèmes de paiement, l’Algérie a choisi le chinois Citic pour achever les travaux de ce tronçon.

Le projet n’a pas facile, en raison de la topographie accidentée du terrain dans cette région fortement boisée de l’est algérien. « En Europe, un remblai de plus de cinq mètres de hauteur est considéré comme haut. Dans ce projet, le remblai atteint 44,7 mètres à son point le plus élevé« , a noté Ji Zongli, l’ingénieur en chef du projet, au média China.org.

Autre difficulté rencontrée par les ingénieurs chinois : la nature du sol. « Le sol est principalement composé de marne, qui se transforme en boue lorsqu’elle est mouillée« , a expliqué M. Ji, qualifiant cette situation de « désastre » pour les ingénieurs. Après six ans de chantier, le groupe Citic a réussi à livrer le tronçon qui connecte l’autoroute est-ouest à la Tunisie.

Comme sur l’ensemble de l’autoroute est-ouest, la construction de ce tronçon a souffert de la faiblesse de l’étude initiale, des problèmes de paiement et du manque de maîtrise par l’administration algérienne de la conduite des grands projets d’infrastructures de base.

Résultat : la réalisation de l’autoroute est-ouest qui devait durer 40 mois pour une livraison en 2010, a duré 17 ans. Une période qui a été marquée par des arrêts de chantier, de nombreuses contraintes techniques, des difficultés financières ainsi qu’un scandale de corruption.

Les autorités devraient tirer les leçons de la construction de cette autoroute qui a englouti des milliards de dollars et dont la réalisation a duré 17 ans. Il s’agit notamment de donner de l’importance aux études avant le lancement des travaux pour éviter les surcoûts et le non-respect des délais de réalisation.

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