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Avenir du multipartisme en Algérie : l’inquiétude de l’opposition

Avenir du multipartisme en Algérie : l’inquiétude de l’opposition

La scène politique algérienne est sclérosée depuis plusieurs mois et le pouvoir fait cavalier seul. Même les traditionnels soutiens de celui-ci ont déserté la scène, en l’absence d’échéances électorales rapprochées.

Outre les pressions dont se plaignent certains partis, la faible présence de l’opposition au Parlement, où elle n’est représentée que par les députés du Mouvement de la société pour la paix (MSP), la prive d’une tribune qui lui permettait par le passé de s’exprimer et de débattre des politiques publiques.

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Une situation qui commence à inquiéter, y compris sur l’avenir du multipartisme en Algérie, et qui fait réagir les principales formations et personnalités de l’opposition.

« Aujourd’hui, il y a trois acteurs sur la scène nationale : le pouvoir, les réseaux sociaux et ce qui reste de l’opposition. » Le constat est de Abdelaziz Rahabi, diplomate et ancien ministre qui a rejoint l’opposition dès les premiers mois de la présidence Bouteflika, en 1999.

Abdelaziz Rahabi s’exprimait à l’occasion d’une journée parlementaire organisée le par MSP, le 10 décembre.

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« Ce qui intéresse aujourd’hui le pouvoir, c’est les réseaux sociaux. L’opposition est transférée à Paris, Canada ou Londres (…) l’opposition faceboukienne est plus influente que les opposants politiques. Personnellement, ça me fait peur », a-t-il enfoncé.

Si l’on est arrivé à une telle situation, ce n’est point par la faute de l’opposition, mais par celle du pouvoir qui a cherché à la « diaboliser » dès les premières années de l’indépendance, avant de l’ « atomiser » par la multiplication des partis, puis de s’en passer sous Bouteflika qui a cru pouvoir s’adresser « directement à la société », analyse Abdelaziz Rahabi.

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« Je répète encore une fois et je dis que le régime algérien ne croit pas aux partis, et n’a jamais cru aux partis », a accusé pour sa part Abderrazak Makri, président du MSP, dans une lecture de la déclaration de politique générale du gouvernement à la mi-octobre.

« Des entités inutiles »

Selon Makri, après les événements d’octobre 1988, le pluralisme a été « imposé » au pouvoir qu’il soupçonne aujourd’hui de chercher à imiter « dans les faits », le modèle monopartite chinois.

Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, un parti qui n’a pourtant jamais adopté de posture radicale, est lui aussi inquiet pour l’avenir du  multipartisme en Algérie.

« J’ai eu l’occasion de lire un projet de loi sur les partis politiques. Si celui-ci devait être adopté tel quel, ce serait la fin du multipartisme », estime-t-il dans un entretien à TSA.

« La scène politique a été vidée de sa substance. Les partis politiques sont considérés comme des entités inutiles », s’inquiète Soufiane Djilali, alors que, rappelle-t-il, « on ne peut pas construire une démocratie en étouffant les partis politiques, tout comme pour les médias d’ailleurs ».

« Le régime aurait tort de se réjouir d’un nouveau vide politique car les fragilités politiques et économiques persistantes ne mettent pas le pays à l’abri de nouvelles crises et de nouvelles révoltes », met en garde pour sa part le Front des forces socialistes (FFS) qui a tenu son congrès ce week-end.

« Le refus de médiations politiques et sociales expose notre pays à des risques d’instabilité et de violence susceptibles de provoquer des ingérences étrangères », a insisté le parti fondé par feu Hocine Ait Ahmed, considéré comme la plus vieille formation de l’opposition en Algérie.

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Le même spectre a été brandi, également ce week-end, par la secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), Louisa Hanoune, qui s’exprimait à l’occasion de la tenue d’une session du conseil national du parti. Mme Hanoune a dénoncé avec force les atteintes aux libertés et le maintien en prison de dizaines de détenus d’opinion qui exposent le pays au « chantage de l’étranger ».

Enfin, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le parti qui s’est le plus plaint de pressions et d’entraves ces derniers mois, a fustigé lors de la session de son conseil national tenue début décembre un « autoritarisme débridé » et un « processus de privatisation des institutions ». 

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