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BAC : l’internet fortement perturbé pour la 5e année consécutive

BAC : l’internet fortement perturbé pour la 5e année consécutive

Depuis quelques années, les cinq jours que durent les épreuves du baccalauréat sont devenus synonymes de calvaire pour les Algériens. Et pour cause, les autorités procèdent systématiquement à la coupure totale ou partielle de la connexion Internet pour éviter la fraude.

Cette année n’a pas dérogé à la règle. Ce dimanche 20 juin, premier jour du Bac, la connexion à Alger et à travers tout le pays était problématique, notamment dans la matinée. Quand elle n’est pas carrément coupée, elle est très lente. Elle n’a été rétablie totalement qu’après 17h00. Ni le gouvernement, ni Algérie Télécom, ni les opérateurs de téléphonie mobile n’ont communiqué sur cette coupure.

| Lire aussi : BAC : le ministère de l’Éducation met en garde contre la fraude

Cela fait cinq ans que ça dure et autant d’années que professionnels et simples citoyens se plaignent et se demandent si, vraiment, les autorités n’ont pas d’autre option que de bloquer un pays entier et d’éprouver davantage une économie déjà mal en point.

La démocratisation des nouvelles technologies a donné naissance à un nouveau phénomène, la fraude aux examens scolaires par ces moyens de communications, miniaturisés ou non.

La fraude peut se faire par la recherche des réponses sur les moteurs de recherche ou la réception des réponses par mail ou une application de discussion. Mais c’est la fuite des sujets sur les réseaux sociaux qui constituent un gros casse-tête et qui a mené les autorités concernées à recourir à cette solution extrême.

Le scandale de la fuite des sujets du bac en 1992, alors qu’il n’y avait pas encore les réseaux sociaux est toujours dans les esprits. Pour préserver la crédibilité de l’examen, qui donne accès aux études supérieures et qui ouvre bien des horizons, le gouvernement ne veut prendre aucun risque.

C’est louable comme objectif, mais la méthode utilisée est loin d’être la bonne. D’abord, le risque zéro n’existe pas, et pas que dans le déroulement des examens scolaires. La fraude a toujours existé, sous d’autres formes, même avant l’apparition du téléphone portable et des autres gadgets de communication modernes.

Le problème pourrait se poser uniquement si le phénomène prend de graves proportions. Et quand le gouvernement estime que la fraude n’est pas marginale et qu’elle nécessite de recourir aux grands moyens, il s’agit d’un aveu implicite de l’échec de la politique éducative et de l’école, censée éduquer avant de prodiguer l’enseignement.

Des pertes sèches pour l’économie 

Aussi, beaucoup soulignent que les autorités exagèrent en faisant de la fraude un point de fixation. Dans son message aux élèves à la veille du début des épreuves du Bac de cette année, le ministère de l’Éducation a focalisé sur la fraude, évoquant à peine les autres aspects, plus positifs.

Le message du département de Mohalmed Oudjaout publié samedi 19 juin est une série de mises en gardes et de rappel de ce qui attend ceux qui seraient tentés d’user de moyens frauduleux.

Il y a sans doute de l’exagération, y compris et surtout dans les mesures de prévention prises. Y compris donc ces coupures d’Internet pour tout un pays ? Assurément, cela n’est arrivé dans aucun pays.

Il est vrai que l’Algérie n’a pas à proprement dire une économie qui ne supporterait pas une isolation de près d’une semaine, mais beaucoup d’entreprises et secteurs se sont mis progressivement à la numérisation.

Faut-il rappeler que le développement des start-up et de l’économie numérique figurent en bonne place dans les priorités affichées par les pouvoirs publics, le président de la République en tête ? Peut-on parler d’économie de la connaissance sans Internet ?

Qui paiera le manque à gagner qu’accumuleront toutes les entreprises algériennes pendant ces cinq jours de coupure ? Que dire alors des secteurs entiers qui se sont mis à la numérisation, comme les administrations publiques (retrait des documents d’état civil par exemple qui se fait via internet), les banques et même certaines administrations publiques ?

Cela est d’autant plus incompréhensible que d’autres moyens, moins coûteux, existent pour diminuer le risque de fraude aux examens. Il suffit, préconisent unanimement les spécialistes, d’interdire tout appareil de télécommunication dans les centres d’examens et, comme mesure extrême, d’y placer des brouilleurs de réseaux pendant les épreuves. C’est plus efficace et ça évitera à l’économie du pays de subir une semaine de pertes sèches.

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