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Banque mondiale, BAD, Coface : divergences sur l’évolution de l’économie algérienne en 2018

Banque mondiale, BAD, Coface : divergences sur l’évolution de l’économie algérienne en 2018

À contre courant du gouvernement algérien et des organismes multilatéraux, la Coface anticipe une nouvelle baisse de la croissance qui classe l'Algérie, pour la 2e année consécutive, dans la catégorie "C" avec un risque d'impayés des entreprises qu’elle juge "élevé".

Les prévisions de la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface), publiées mardi 23 janvier, relancent le suspense sur les perspectives de l’économie algérienne en 2018.

Beaucoup plus pessimiste que le gouvernement algérien, mais aussi que des organismes internationaux comme la Banque mondiale ou la BAD, la compagnie française estime que l’économie algérienne « devrait continuer à ralentir » cette année et a classé l’Algérie, pour la deuxième année consécutive, dans la catégorie « C » avec un risque d’impayés des entreprises qu’elle juge « élevé ».

Jusqu’à une date toute récente, le scénario économique envisagé par le gouvernement pour l’année 2018 semblait pourtant devoir se réaliser sans encombre. Ce sont les institutions financières internationales ou continentales elles-mêmes qui, en ce début d’année, paraissaient confirmer avec un bel ensemble les prévisions des pouvoirs publics algériens.

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La Banque mondiale évoque une relance « à court terme »

Début janvier, c’est la Banque Mondiale elle-même qui relevait sensiblement ses prévisions de croissance du PIB de l’Algérie à 3,6% en 2018 contre 1% prévu encore en juin 2017. Explications : « En Algérie, les nouvelles dépenses publiques d’investissement liés au budget 2018 et l’orientation budgétaire plus expansionniste que prévu devraient doper la croissance à court terme », selon la BM.

Un bémol néanmoins, la Banque Mondiale évoque une « relance sur le court terme » et prévoit en outre dans son nouveau rapport que la croissance du PIB réel de l’Algérie devrait ralentir sensiblement à partir de l’année prochaine pour s’établir à 2,5% en 2019 et à seulement 1,6% pour l’année 2020.

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La BAD enthousiasmée par le plan de relance algérien

Une réserve qui a en revanche complètement disparu du rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD) publié la semaine dernière. La BAD se montre très enthousiaste à propos du plan de relance des dépenses publiques du gouvernement algérien qu’elle juge « audacieux »  et prévoit « une croissance du PIB algérien à 3,5% en 2018 et 3,8% en 2019 ».

Des chiffres qui annoncent, selon l’organisme panafricain, « un retour de la croissance à un niveau comparable à ceux d’avant 2017 » grâce, entre autres, « aux efforts d’assainissement des dépenses publiques, au rééquilibrage des comptes extérieurs, à la poursuite de la reprise du secteur des hydrocarbures, ainsi qu’à la relance des investissements publics ».

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La Coface jette un froid

Dans ce contexte, la publication, ce mardi, du « Guide 2018 » de la Coface fait un peu l’effet d’une douche froide. La Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur estime que l’économie algérienne « devrait continuer à ralentir en 2018 », même si le secteur pétrolier a enregistré une « forte croissance » en 2017.

À contre courant du gouvernement algérien et des organismes multilatéraux, elle anticipe ainsi une nouvelle baisse de la croissance, à seulement 1,5% en 2018 contre 2,2% enregistrés en 2017.

Explications : dans le secteur des hydrocarbures, tout d’abord la Coface considère que la reconduite des quotas dans le cadre de l’accord Opep devrait limiter la croissance du secteur pétrolier « déjà pénalisée » par le manque d’investissement et l’arrivée à maturité de certains champs.

Elle ajoute qu’« une nouvelle loi visant à accroître l’attractivité du secteur auprès des investisseurs étrangers en limitant les restrictions imposées aux compagnies étrangères devrait être mise en place en 2018 mais ses effets ne devraient pas être visibles à court terme ».

Par ailleurs, l’activité hors pétrole devrait « montrer des signes d’essoufflement », indique dans son analyse la compagnie d’assurance française. Elle estime ainsi que « la poursuite du soutien à la consommation en augmentant les dépenses sociales se fera au détriment de l’investissement public ».

Pour la Coface « l’impact de la hausse des dépenses sociales de l’État algérien sur le pouvoir d’achat des ménages devrait en outre être limité par la hausse de l’inflation ».

Attention à la planche à billets

Au chapitre de l’inflation justement, la Coface est également seule pour l’instant à évoquer le risque entraîné par la mise en œuvre de la planche à billets. Elle note ainsi que « le gouvernement algérien a voté en septembre 2017 une nouvelle loi cadre permettant à l’État et ce pour une durée de 5 ans d’emprunter directement auprès de la Banque d’Algérie. Cette méthode de financement aura pour conséquence une hausse des pressions inflationnistes domestiques alors que les barrières à l’importation tendent à accroître le prix des produits étrangers ». C’est donc logiquement que les prévisions de la Coface pour le taux d’inflation sont en hausse, même si elles restent encore modérée, à 6% pour 2018.

En revanche, la Banque mondiale et la BAD emboîtent de leur côté le pas des autorités algériennes avec des prévisions d’inflation réduites à 4,5 % pour 2018.  La BAD anticipe même une tendance résolument baissière au cours des prochaines années en estimant que l’inflation « devrait s’établir à 5,3 % en 2017, puis à 4,5% en 2018 et 4% en 2019 ». Un léger bémol cependant, le rapport de la BAD met en garde contre une « mauvaise gestion de la planche à billets » qui pourrait porter l’inflation au-dessus des 4,5% prévus pour cette année.

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