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Le président du RCD pointe « la grave erreur » de la surmédiatisation de l’Armée

Le président du RCD pointe « la grave erreur » de la surmédiatisation de l’Armée

La surexposition, ces derniers mois, de l’Armée algérienne, à la veille de la présidentielle et dans une conjoncture sécuritaire régionale des plus délétères, est une entreprise bien risquée.

C’est là du moins, l’avis du président du Rassemblent pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, qui, dans une allocution prononcée à l’ouverture du conseil national de son parti tenue à la Mutualité des matériaux de construction à Zerlada (Alger), a pointé du doigt cette « erreur grave».

« La remise au devant de la scène de l’institution militaire comme objet ou prétendant à la reprise en main de la scène politique est une grave erreur aussi bien pour l’avenir du pays, privé de destin par la militarisation des mœurs politiques, que pour l’armée elle-même », a-t-il soutenu. Avant d’enchainer : « le temps des coups d’État flagrants ou honteux est révolu ».

Pour le président du RCD, les séries de changements opérés ces derniers mois par le chef de l’État dans le staff de la grande muette ont pour objet de masquer l’état de léthargie dans lequel se trouve le pays mais aussi prévenir contre toute tentative d’insubordination comme c’était le cas en 2004, avec l’épisode de l’ancien d’État-major Mohamed Lamari, en prévision de la présidentielle de 2019.

« Pour masquer la léthargie générale et l’inaction du gouvernement, le chef de l’État procède ( en tout cas les mesures sont énoncées en son nom ), après des semaines de campagnes faites de rumeurs insidieuses sur une supposée implication de hauts gradés dans les trafics de tout genre, à de spectaculaires limogeages, des nominations et autres mises en retraite surmédiatisées au sein de la hiérarchie sécuritaire », analyse M.Belabbas.

Et d’ajouter : « Ce qui pose la question des réelles motivations d’un tel remue-ménage dans une institution projetée plus que jamais au-devant de la scène. Au mépris des risques que cela comporte dans une conjoncture sécuritaire régionale incertaine, Bouteflika ne recule devant rien pour délivrer son double message».

Le premier message est destiné, explique M.Belabbas, aux militaires: « anticiper sur des tentations de démarcation, comme en 2004 (le syndrome Lamari a laissé des traces) ».

Le second message concerne « tous ceux qui seraient tentés par une contestation de rue à la veille d’une présidentielle à laquelle il est clair que, sauf accident de santé, il va postuler (…)».

Au passage, le président du RCD n’a pas manqué de lancer une pique au patron du Mouvement pour la société de la paix (MSP), Abderrezak Makri, qui a lancé il y a quelques mois une initiative dite du consensus nationale.

« Les bavardages de l’été pour un consensus d’appareils sur la participation au pouvoir et l’accès aux privilèges ont fini par exacerber une opinion publique dont l’espoir d’un renouveau a déjà été largement entamé par les tergiversations des « opposants » du pouvoir qui ne parviennent décidément pas à se poser en opposants au pouvoir », assène-t-il.

L’initiative du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, de construire un Front populaire pour offrir une base sociale au président Bouteflika en prévision de la prochaine présidentielle n’a pas, elle aussi, échappé au sarcasme du successeur de Said Sadi.

« Le chef de l’État lui-même est réduit à quémander à des sigles de partis parasites pour la constitution d’un autre front pour – dit-il- ‘’faire face au terrorisme, la corruption et le trafic de drogue afin de garantir la stabilité de l’Algérie face à toutes les manœuvres internes et menaces externes’’ », assène-t-il.

Ce qu’il n’a pas manqué de qualifier de « stratégie de chantage à la sécurité » qui, dit-il, «  ne fait que fragiliser un peu plus le tissu social et cache mal un entêtement politique et un cynisme nourris par le déni pour perdurer en dépit d’échecs récurrents et des terribles retards infligés au pays ».

Évoquant l’expansion dangereuse du phénomène de la corruption, M.Belabbas explique que sa propagation s’explique par « le non-respect des règles inhérentes à l’État de droit, le laxisme dans l’engagement des poursuites judiciaires ».

Pour lui, la corruption ne se combat pas par « des discours lyriques ou moralisateurs ni par de simples opérations de propagande politicienne et, encore moins, par les fraudes électorales », mais plutôt par « la mise en œuvre d’une législation appliquée de manière impartiale par une justice effectivement indépendante des pouvoirs politiques et des lobbies de tous genres ».

La solution ? « Institution de procédures d’accès ou de désignation transparentes à tous les niveaux et de contrôle démocratique dans l’exercice de la responsabilité », propose M.Belabbas qui appelle de ses vœux l’engagement d’une « réforme pour rénover les institutions et renouveler le contrat social » qui est, à ses yeux,  « inévitable pour stopper l’hémorragie », « le contraire d’un consensus d’appareils » et  surtout « antinomique du statu quo ».

« Le pays a besoin de renouveler son ambition et d’une vision d’avenir ; il a donc soif de nouvelles perspectives et d’acteurs de leur temps. Nous avons besoin d’un projet de rénovation de notre modèle social, d’un projet de rénovation de notre modèle économique rendu inopérant par le clientélisme bureaucratique, d’un plan qui encourage l’excellence et d’une politique qui réduit la pauvreté (…). Il a besoin d’un élan patriotique qui consacre le changement dans la gouvernance et dans la gestion de la chose publique », insiste-t-il.

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