Véritable miracle pour Karim Benzema. L’attaquant du Real Madrid a été de nouveau convoqué en équipe de France ce mardi 18 mai après plus de cinq ans de bannissement.

Le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps a dévoilé sa liste des 26 joueurs retenus pour l’Euro et le joueur dont les parents sont d’origine algérienne y figure bel est bien.

| Lire aussi : Benzema et les Bleus : la presse espagnole dénonce « un crime »

« Tellement fier »

« Tellement fier de ce retour en équipe de France et de la confiance que l’on m’accorde. Merci à ma famille, mes amis, mon club, à vous… et à tous ceux qui m’ont toujours soutenu », a réagi Benzema, dans un message publié sur son compte Instagram.

🗣💬 « C'est l'offenser de penser qu'il pouvait ne pas être dans la liste des 23. Quand même, c'est Karim Benzema »

🇫🇷 Didier Deschamps affirme qu'il aurait pris Benzema même dans une liste avec 23 joueurs pic.twitter.com/PfchLa3CgD

— RMC Sport (@RMCsport) May 18, 2021

Benzema fait son retour chez les Bleus au moment où personne ne s’y attendait. Beaucoup ont même conclu il y a à peine quelques jours à la fin de la carrière internationale du joueur de 34 ans.

⚽ Didier Deschamps sur le retour de Karim Benzema: « J'ai pris le temps de réfléchir » pic.twitter.com/jFU3wWEeYM

— BFMTV (@BFMTV) May 18, 2021

Il faut dire que le coach français a pris tout le monde à contre-pied la semaine passée en déclarant au journal allemand Kicker qu’il n’était pas là « pour annoncer des surprises », à propos du groupe qu’il emmènerait à l’Euro.

On ne sait pourquoi il a fait une telle déclaration alors qu’on imagine que sa décision de convoquer Benzema ne peut pas être improvisée. A moins que ce soient les journalistes et observateurs qui ont faussement interprété ses propos.

Les rumeurs sur un éventuel retour du Franco-Algérien dans le groupe des Bleus étaient dans l’air depuis hier soir et ont été confirmées ce mardi matin par les grands titres de la presse française.

Au fil de la journée, les spéculations sont allées bon train concernant les raisons de ce retour inattendu chez les Bleus de celui qui vient d’être élu meilleur joueur français à l’étranger.

Benzema n’est plus convoqué en équipe de France depuis octobre 2015 et le scandale du chantage à la sextape dans lequel il serait impliqué. La victime était son coéquipier en sélection Mathieu Valbuena.

En 2016, juste avant l’Euro organisé par la France, il avait en quelque sorte brûlé ses vaisseaux en s’en prenant au sélectionneur, qu’il a accusé d’avoir « cédé à la pression d’une partie raciste de la France ».

Quelques jours après, le domicile de Deschamps était tagué de l’inscription « raciste ! ». Le coach n’a jamais pardonné et il a eu l’occasion de dire et de répéter que cette incident qui a fermé devant Benzema les portes d’un retour chez les Bleus.

Mais même les grandes rancunes finissent par subir l’œuvre du temps. Deschamps a finalement décidé de passer l’éponge. Pourquoi le fait-il maintenant après six années d’intransigeance ? Ce sera l’autre sujet de spéculation de la presse et des plateaux français dans les jours à venir.

Pragmatisme ou conséquence de la pression

Pendant toute cette longue période de mise au ban, Karim Benzema s’est distingué dans l’un des meilleurs clubs du monde, sinon le meilleur : le Real Madrid.

Il a gagné, entre autres, trois ligues des champions d’Europe d’affilée, la quatrième pour lui depuis qu’il a rejoint le club de la capitale espagnole.

Après le départ de Cristiano Ronaldo pour la Juventus en 2018, le coach Zinedine Zidane lui a confié les clés de l’attaque et il s’est affirmé comme l’un des meilleurs attaquants au monde.

Ce qu’il a fait la saison passée a amené les spécialistes à le compter parmi les candidats en puissance pour le Ballon d’Or avant l’annulation de l’édition 2020 pour cause de crise sanitaire. Cette saison aussi, il est dans le peloton de tête des meilleurs buteurs de la Liga et a mené son club à jouer le titre jusqu’à l’ultime journée.

Ses performances ont-elles fini par convaincre Deschamps qu’il est temps de passer l’éponge ? Ou est-ce la forte pression exercée par une partie des supporters, de la presse et des techniciens qui lui a fait changer d’avis ?

Ou alors une improbable intervention du président de la Fédération française de football (FFF), Noël le Graët, qui, pendant toutes ces années, a évité de mettre dans la gêne son sélectionneur mais n’a jamais chargé le joueur ?

Il se peut aussi que ce soit le pragmatisme de Didier Deschamps qui a parlé. Prendre un attaquant de la trempe de Karim Benzema, c’est mettre une chance supplémentaire du côté de son équipe pour aller chercher le trophée européen. Deschamps veut rééditer, en tant qu’entraîneur, l’exploit de l’équipe de France au début des années 2000. Après avoir été championn du Monde en 1998, Deschamps alors joueur, Zidane et les autres, ont gagné l’Euro 2000.

C’est aussi une manière de se protéger d’éventuelles critiques en cas d’échec. Tout compte fait, il est là pour faire gagner l’équipe et non pour gérer son égo.