
L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a lancé un appel d’offres international pour l’importation de 50.000 tonnes de blé. Une commande qui intervient entre diversification des partenaires de l’office et intensification de la production locale.
Selon l’agence Reuters, le volume concerne 50.000 tonnes métriques, mais selon la même source, il est fréquent que l’Algérie achète des quantités « nettement supérieures » à celles initialement annoncées lors de ses appels d’offres. Les besoins annuels de l’Algérie en céréales sont estimés à 9 millions de tonnes.
A lire aussi : Air Algérie casse les prix avec une nouvelle promotion
La date limite de soumission des offres de prix est fixée au mardi 23 septembre et les propositions devant rester valides jusqu’au mercredi 24 septembre, selon la même source.
Comme à chaque appel d’offres, la livraison devrait concerner deux périodes selon l’origine géographique, pour l’Europe : « du 1er au 15 novembre et du 16 au 30 novembre » pour l’Amérique du Sud ou l’Australie, « les expéditions devront être effectuées un mois plus tôt. »
A lire aussi : Algérie : la galère des importateurs de véhicules
Blé, baisse des prix mondiaux
L’appel d’offres de l’OAIC intervient dans un contexte marqué par une baisse des prix mondiaux. Sur Euronext, le blé se stabilise à 190 €/tonne.pl
Pour les analystes de Terre-Net, « l’abondance de l’offre mondiale bloque encore les prix du blé en territoire négatif sur Euronext. »
A lire aussi : La France s’intéresse à la pomme de terre algérienne
Selon l’USDA, près de 809 millions de tonnes de blé tendre (+1,1 % /2024-2025 à 800 Mt) seront récoltées pour la campagne de commercialisation 2025-2026, grâce aux bonnes conditions de cultures dans le monde, notamment en Russie et en Chine pour le blé.
Fin juillet, le site Plein Champ notait à propos de la Chine : « En 2024-2025, avec une excellente récolte nationale et des stocks pharaoniques, elle a fortement réduit ses importations de blé tendre. La récolte de 2025 s’annonce également aussi bonne qu’en 2024. À court terme, on peut craindre que la Chine continue de limiter ses achats. »
En France, une bonne récolte est également signalée avec 33 millions de tonnes. Cependant, les prix bas pèsent sur la trésorerie des exploitations françaises. « Il manque 30 euros par tonne de blé vendue », alertait dès le mois d’août l’analyste Arthur Portier.
Fin juillet, Xavier Cassedanne, analyste au Crédit Agricole, faisait état dans la presse spécialisée que « l’Algérie, qui était historiquement le premier client pour le blé tendre français, n’est plus au rendez-vous depuis deux ans. En 2024-2025, aucune tonne n’a été exportée vers ce pays. »
Ces derniers jours, Jean-François Pépy du port céréalier de Rouen, confirmait que c’est l’absence de livraisons vers l’Algérie qui plombe les prix du blé sur le marché français.
Stockage et autosuffisance en blé dur
En Algérie, un vaste programme d’amélioration des capacités de stockage pour 9 millions de tonnes est en cours. Il se traduit par la réalisation de silos modernes ainsi que d’une multitude de centres de stockage à plat.
Dès cette moisson, ils ont permis de faciliter les livraisons de blé des agriculteurs.
Nombreux sont ceux au Sud du pays, mais également au Nord, qui ont accueilli avec soulagement cette mesure. Ce programme devrait également permettre de renforcer les stocks stratégiques.
En juin dernier, lors d’une déclaration à la presse, le ministre de l’Agriculture et de Développement rural avait assuré d’« une production attendue de blé dur nous permettant d’assurer l’autosuffisance ».
Près de 80 % de la demande était déjà couverte par la production locale. Un blé surtout utilisé pour la confection de pâtes alimentaires et de couscous.
Ce résultat est réalisé grâce aux efforts de l’OAIC envers les producteurs, notamment à travers des prix avantageux à la production ainsi qu’au soutien des prix de vente de semences certifiées et d’engrais.
Une aide qui s’adresse tant aux céréaliers du Nord du pays qu’à ceux du grand Sud. Cette région produit aujourd’hui en moyenne 10 % des 30 millions de quintaux produits en moyenne en Algérie.
L’objectif des services agricoles est d’arriver à l’irrigation d’un million d’hectares. Les investisseurs locaux ont été rejoints par des entreprises étrangères, dont l’Italien Bonifiche Ferraresi qui compte faire partager à l’Algérie son savoir-faire en matière de production de blé.
Cependant, la plus grande partie de la demande locale concerne le blé tendre utilisé pour la confection du pain.
Des réserves de productivité
Ces efforts d’intensification de la production de céréales devraient connaître une nouvelle approche.
Yacine El-Mahdi Oualid, le nouveau ministre de l’Agriculture et du Développement rural, a récemment déclaré vouloir promouvoir « une agriculture intelligente » et « investir davantage dans les ressources humaines en tirant parti des expériences internationales ».
Malgré les progrès de ces dernières années, le secteur présente des réserves de productivité, notamment en matière d’implantation des céréales. Les effets du réchauffement climatique obligent les agriculteurs algériens à revoir leurs façons de faire.