Économie

BTP : entretien avec 2 responsables du groupe Hasnaoui

Nadir Hasnaoui, directeur général de l’entreprise HPS, filiale du groupe Hasnaoui, et  Djallal Sofiane Benaida, directeur marketing du même groupe, reviennent dans cet entretien sur l’état du marché du BTP en Algérie et sur leurs attentes vis-à-vis du nouveau Code de l’investissement, dont une nouvelle mouture sera présentée au Conseil des ministres jeudi le 19 mai.

Comment se porte le marché du bâtiment en Algérie ?

Djallal Sofiane Benaida. Le marché du bâtiment a enregistré une baisse d’activité ces dernières années, mais actuellement, il y a une relance qui est en train de se dessiner.

Le marché du bâtiment reste dépendant du programme de l’État. Ce sont les projets de l’État qui pourront apporter éventuellement  une certaine dynamique à ce marché.

Nadir Hasnaoui. Le marché est en ce moment extrêmement bouleversé, particulièrement avec la hausse des prix des matières premières.

La hausse des prix de ces produits est vraiment importante. Cela a complètement bouleversé le marché.

À cela s’ajoute le fait que pour les marchés publics, il y a des contrats fermes, non révisables. Les gens ont donc du mal à investir. Cela représente une vraie problématique en ce moment.

Que faudrait-il faire pour booster l’investissement dans le secteur du bâtiment ?

Djallal Sofiane Benaida. Il faut sortir de la dépendance de l’État et ouvrir l’initiative au privé. L’avenir, c’est le privé. Le marché du bâtiment reste extrêmement dépendant du programme de l’État.

Si le programme de l’État stagne, c’est tout le marché qui est en difficulté, que ce soit pour les opérateurs privés ou publics.

Nadir Hasnaoui. Il faut gérer l’écosystème. Il faut de bonnes combinaisons et de bonnes solutions. Pour aller de l’avant, il faut tout d’abord commencer par minimiser la bureaucratie au maximum.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis du futur Code de l’investissement qui est actuellement en préparation ?

Djallal Sofiane Benaida. L’accès au foncier. Notre groupe a la volonté de construire plus et de développer son activité de promotion immobilière, mais l’accès au foncier freine tout cela. La priorité doit être donnée, à mon avis, au foncier.

Nadir Hasnaoui. La facilité d’accès, c’est tout ce que nous demandons. Il faut libérer les initiatives. Si l’accès au foncier est garanti, et si les banques vont opérer avec l’investissement, cela va permettre de créer des produits de qualité.

L’Algérien est capable de produire une certaine qualité. La qualité a un certain prix, mais il faut qu’il y ait une certaine acceptation sur le marché pour que l’on puisse investir au mieux.

Brahim Hasnaoui (PDG du groupe Hasnaoui) a dénoncé, au mois de novembre dernier, le fait que « 80 % des transactions se font dans l’informel« . Que faudrait-il faire pour combattre ce phénomène, selon vous ?

Nadir Hasnaou. Il faudrait avant tout commencer par réduire le taux de la TVA. Si la TVA était à un taux plus bas, cela permettrait de réduire le poids de l’informel.

Djallal Sofiane Benaida. Il faut qu’il y ait une sensibilisation de tous les acteurs de l’écosystème. En tant qu’opérateur privé, nous ne sommes pas les seuls dans cet écosystème. Nous faisons notre possible pour s’intégrer dans une démarche formelle mais il faudrait que les acteurs jouent le jeu de cette situation.

Comment se porte le groupe Hasnaoui ?

Djallal Sofiane Benaida. Ce que je peux dire est que nous sommes confiants par rapport à l’avenir. Nous avons su gérer la période du covid en maintenant nos activités et les emplois. C’était extrêmement important pour nous. Il y a une relance qui se dessine actuellement, cela nous donne confiance.

Nadir Hasnaou. Nous avons beaucoup de projets. Nous essayons de maintenir nos 4000 collaborateurs. Nous sommes toujours axés sur la recherche et l’innovation. Cela n’a pas changé. Il y a eu une baisse d’activité en 2021, mais de manière générale, le bilan est positif.

Quels sont les principaux projets du groupe Hasnaoui ?

Nadir Hasnaou. L’objectif principal est d’investir encore plus sur nos filiales et sur nos solutions pour avoir une panoplie de produits plus importante. En investissant plus, nous pourrons avoir davantage de produits de qualité algériens.

Djallal Sofiane Benaida. Le groupe continue sa diversification et son développement. Nous allons bientôt lancer un nouveau pôle santé à travers la réalisation d’une clinique privée à Sidi Bel Abbes.

D’autres créneaux vont être intégrés dans l’activité du groupe, aussi bien dans le domaine de la réalisation que des matériaux. Nous avons, aussi, le pôle agricole qui est en plein développement, et ce avec la volonté des autorités de développer ce secteur.

Sans oublier l’activité des promotions immobilières qui est porteuse de beaucoup d’attentes. Pour les mois à venir, nous misons sur l’export.

Nous ciblons pour le moment la Libye,  la Mauritanie et l’Afrique de l’Ouest qui représente un potentiel pour nous en tant qu’opérateur dans le bâtiment ainsi  que pour l’ensemble des opérateurs algériens. L’export peut être une grande valeur ajoutée pour l’activité de notre groupe.

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