L’indignation sélective de la communauté internationale, particulièrement les attitudes différentes vis-à-vis de ce qui se passe en Ukraine et en Palestine, sont de nouveau décriées. Cette fois, ce sont des personnages importants de la diplomatie européenne qui sont montés au créneau.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, en février dernier, de nombreuses voix se sont élevées pour rappeler au monde que les Palestiniens n’ont pas eu droit à la même solidarité avec les Ukrainiens alors que l’agression qu’ils subissent dure depuis trois quarts de siècle.
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Début mars, un député irlandais s’était offusqué du fait que cinq jours ont suffi à l’Europe pour décréter contre le président russe Vladimir Poutine des sanctions qu’elle n’a pas prises en 70 ans d’occupation de la Palestine et d’oppression de son peuple par Israël.
Ce pays vient justement d’être épinglé pour sa politique d’apartheid vis-à-vis des Palestiniens, par cinq anciens ministres des Affaires étrangères d’autant de pays européens, qui appellent en outre à appliquer les mêmes principes de droit partout.
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L’appel est contenu dans une tribune publiée dans le journal français Le Monde, le 28 octobre. Il est signé par Mogens Lykketoft, Erkki Tuomioja, Ivo Vajgl et Hubert Védrine, respectivement anciens ministres des affaires étrangères du Danemark, de la Finlande, de la Slovénie et de la France. Baroness Sayeeda Warsi, ancienne ministre du cabinet et ministre du Foreign Office du Royaume-Uni pour l’ONU, les droits de l’Homme et la CPI a également signé la tribune.
Ces cinq anciens chefs de la diplomatie retiennent des griefs graves à l’encontre d’Israël et dénoncent « l’illégalité » et « l’immoralité de plus de cinq décennies d’occupation » ainsi qu’une « répression structurelle » qui « équivaut à de l’apartheid ».
Colonisation, fragmentation de la population palestinienne en enclaves déconnectées, ce qui érode « la viabilité du futur Etat palestinien », système juridique à deux vitesses, confiscation des terres, démolition de maisons, violation des droits civils fondamentaux, restrictions de mouvement, constituent le lot quotidien des Palestiniens.
Israël montré du doigt
Tout cela n’a pas amené le monde occidental à se solidariser avec les Palestiniens, comme il le fait avec les Ukrainiens.
Rappelant justement la mobilisation de l’Occident en faveur de l’Ukraine, les signataires regrettent que dans d’autres contextes, la communauté internationale « a trop souvent gardé le silence » et « n’a pas agi face à de graves violations du droit international et à l’impunité qui s’ensuivait ».
Pour eux, la sauvegarde de l’ordre juridique international nécessite une cohérence dans l’application des principes, estimant que « les mêmes normes et la même volonté de protéger la population civile ukrainienne et de demander des comptes pour les violations du droit international commises par la Russie doivent être appliquées dans le monde entier, y compris dans le cadre du conflit israélo-palestinien ». Ils mettent ainsi en garde contre les conséquences de l’ « inaction » de l’Europe.
Pour les cinq anciens ministres, l’unique alternative est de soutenir la solution à deux États. Il est grand temps, estiment-ils que « les alliés d’Israël, y compris l’UE », réaffirment leur engagement pour une telle solution et demandent à Israël de « rendre des comptes pour ses violations continues des droits humains et des libertés des Palestiniens ». Les signataires affirment en conclusion qu’il ne voient pas d’autre alternative que la reconnaissance des pratiques israéliennes comme de l’apartheid.