Économie

Climat des affaires en Algérie : ce que veulent les Américains

À la Foire internationale d’Alger, l’ambassadrice des États-Unis à Alger a détaillé les attentes des investisseurs américains concernant le climat des affaires en Algérie.

Les investisseurs américains s’intéressent à l’Algérie, « l’un des marchés économiques les plus grands et les plus importants de la région » et qui constitue « une porte d’entrée vers les régions du Maghreb et du Sahel », pour reprendre les mots de l’ambassadrice des États-Unis à Alger.

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Elisabeth Aubin s’exprimait mercredi dans un discours prononcé en marge de 53e édition de la Foire internationale d’Alger, dont son pays est l’invité d’honneur.

Tout en relevant les potentialités du marché algérien et la présence des entreprises américaines, Mme Aubin a aussi fait état des attentes des investisseurs de son pays, concernant notamment le climat des affaires en Algérie.

« Il existe un grand potentiel pour beaucoup plus de commerce et d’investissement », dit-elle, et c’est pour cette raison qu’a été organisé récemment le septième round de négociations sur l’accord-cadre de commerce et d’investissement (TIFA) entre les États-Unis et l’Algérie, qui « procure un cadre stratégique pour le dialogue sur les questions commerciales entre les États-Unis et l’Algérie ». Ce round a été co-organisé par l’ambassade des Etats-Unis en Algérie et le ministère algérien du Commerce.

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Dans son discours, l’ambassadrice s’est étalée sur les remarques faites par la partie américaine quant aux obstacles qui se dressent devant les investisseurs. Elle a ciblé la bureaucratie, l’ambiguïté et l’instabilité de la réglementation, les restrictions aux frontières et les avantages préférentiels accordés aux pays de l’Union européenne avec laquelle l’Algérie est liée par un accord d’association.

« Nous avons indiqué que pour capter plus que l’imagination des nouveaux investisseurs étrangers, l’Algérie doit présenter une raison attrayante pour qu’ils choisissent l’Algérie plutôt que d’autres pays de la région », indique-t-elle.

« Cela commence, ajoute la diplomate, par des réglementations claires et stables et des frontières ouvertes pour s’intégrer dans les chaînes d’approvisionnement mondiales », précisant que les entreprises américaines attendaient « avec impatience » que l’Algérie publie d’importantes réglementations, notamment la loi sur les hydrocarbures publiée il y a deux ans et la nouvelle loi sur les investissements.

« Les Américains n’apportent pas des avions d’expatriés »

« Lorsque des entreprises visitent l’Algérie grâce à nos efforts de promotion conjoints, la porte doit être grande ouverte », a déclaré Mme Aubin.

« Cela signifie que les processus d’enregistrement doivent être rationalisés, la bureaucratie doit être maîtrisée et le traitement préférentiel pour les concurrents européens réexaminé », a-t-elle énuméré.

L’autre facteur « vital », selon elle, c’est « l’ouverture des frontières commerciales » de l’Algérie. « Les chaînes d’approvisionnement des entreprises américaines sont totalement intégrées à l’échelle mondiale. Même si une entreprise américaine choisit de maximiser la production locale pour desservir le marché algérien ou l’Afrique dans son ensemble, elle dépendra toujours des importations pour des composants et des services spécifiques. Alors que l’Algérie vise à diversifier ses exportations, le développement d’un régime commercial plus libéral pour les composants industriels et les services essentiels sera un facteur « ça passe ou ça casse » », a-t-elle expliqué.

Ces insuffisances ne signifient pas que les investisseurs américains sont absents en Algérie, bien au contraire. Citant les chiffres du Fonds monétaire international (FMI), l’ambassadrice a indiqué que les États-Unis représentent 6,2 milliards de dollars du stock cumulé d’investissements directs étrangers en Algérie, soit près de 28 % de tous les investissements étrangers directs, tandis que 100 entreprises américaines sont présentes en Algérie, dont 40 exposent à la FIA.

Si la présence américaine n’est pas très visible, c’est parce que, a expliqué l’ambassadrice, « les Américains n’apportent pas des avions pleins d’expatriés », mais forment des cadres algériens qui prennent eux mêmes en charge la gestion et le fonctionnement des entreprises américaines présentes en Algérie.

A ceux qui se demandent « où sont les Américains », Mme Aubin a eu cette réponse : « Ce sont les Algériens qui parcourent les étages de l’usine de GE à Batna, les halls des bureaux de Honeywell à Alger et les champs des fermes de l’Atlas à Hassi Messaoud. Ils forent les puits d’Occidental et fournissent les médicaments anticancéreux de Johnson & Johnson. »

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