Économie

Climat des affaires en Algérie : graves révélations de Saida Neghza

Bureaucratie, entraves, instabilité juridique, beaucoup de choses ont été dites sur le climat des affaires en Algérie qui empêche l’investissement productif de décoller.

La présidente d’une organisation patronale vient d’en ajouter une couche, portant de graves accusations contre un ministre, censé faciliter la tâche aux investisseurs.

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Le président de la République lui-même est monté au créneau à plusieurs reprises pour exhorter l’administration à lever les entraves devant les porteurs de projets.

Aux assises sur l’industrie, début décembre, Abdelmadjid Tebboune a révélé des chiffres ahurissants concernant les usines prêtes mais qui ne sont pas entrées en production faute d’autorisation. Depuis, de nombreux projets ont été débloqués. Mais il aura fallu l’intervention du chef de l’État en personne.

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Outre les entraves bureaucratiques, le climat des affaires en Algérie est sclérosé par la psychose qui s’est emparée des gestionnaires et des hommes d’affaires depuis que plusieurs d’entre eux ont été condamnés et incarcérés dans des affaires de corruption.

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Saïda Neghza, présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), révèle que ce climat de peur est aggravé par le comportement de certains responsables. Sur le plateau d’Ennahar TV, elle a accusé un ministre, qu’elle n’a pas nommé, d’avoir menacé des industriels de leur « fermer leurs usines » et de les « envoyer en prison ».

« Nous allons fermer, nous avons peur »

« Ils sont venus me voir dans mon bureau et m’ont dit : nous allons fermer, nous avons peur », témoigne-t-elle. «  Comment tu peux menacer les hommes d’affaires de leur fermer les usines et de les emprisonner alors que le président t’a fait confiance pour que tu ouvres les portes ? », s’interroge-t-elle.

Dans le sillage des enquêtes anticorruption déclenchées après le Hirak populaire du 22 février 2019, des dizaines d’hommes d’affaires, de responsables et de gestionnaires publics ont été poursuivis devant les tribunaux et plusieurs d’entre eux ont été condamnés à de lourdes peines de prison et leurs biens saisis, y compris leurs entreprises, reprises par l’Etat.

 

 

La léthargie qui marque l’activité économique est expliquée en partie par cette « peur » de se retrouver poursuivi, notamment chez les donneurs d’ordre publics.

Le président de la République a tenu plus d’une fois à rassurer tout le monde notamment en instruisant l’administration et la justice de ne pas tenir compte des dénonciations anonymes et en donnant des garanties claires que seuls les faits avérés de corruption ou de détournement seront passibles de poursuites. Il a promis de dépénaliser l’acte de gestion. Les erreurs de gestion seront traitées en tant que telles, a-t-il martelé à plusieurs reprises ces deux dernières années.

Son message semble avoir été entendu, puisque de nombreux projets ont été débloqués notamment depuis son discours du 4 décembre dernier où il a particulièrement haussé le ton.

Mais la peur et la psychose ne concernent pas que les agents de l’État. Elle s’est aussi emparée des hommes d’affaires pour les raisons citées plus haut. Ils ont besoin aussi d’être rassurés et de travailler dans la sérénité. La relance de l’investissement et la création de richesses et d’emplois passent par la garantie d’un environnement sain. Hélas, le comportement que vient de dénoncer la présidente de la CGEA ne concourt pas à asseoir un tel climat. 

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