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Colonisation de l’Algérie : le grave dérapage d’un maire français

Colonisation de l’Algérie : le grave dérapage d’un maire français

Les autorités algériennes et françaises s’efforcent de régler le lourd contentieux mémoriel qui empoisonne régulièrement les relations entre les deux pays. D’importantes avancées ont été enregistrées dans ce sens depuis l’élection d’Emmanuel Macron en France en 2017 et de Abdelmadjid Tebboune en Algérie en 2019.

Les deux présidents développent un discours apaisé et plusieurs gestes ont été effectués, comme la restitution des crânes de résistants algériens emportés par les autorités coloniales depuis le 19e siècle.

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Les choses n’avancent néanmoins pas à la cadence souhaitée, et le président algérien a toujours montré du doigt des « lobbies » qui font tout pour freiner le processus. Et il n’a pas tort. Ces lobbies existent bel et bien. Ils sont faits des nostalgiques de « l’Algérie française », et sont tapis dans les arcanes de l’État français. Un maire de la région de la Loire vient d’en faire la démonstration.

Des propos ahurissants

Au moment où les Algériens attendent au moins une reconnaissance par la France officielle des crimes coloniaux commis en Algérie, Gerard Tardy, maire de Lorette (Loire) estime que les Algériens devraient remercier la France pour tout ce qu’elle a laissé en Algérie. Cet ancien combattant de l’armée française en Algérie, 82 ans, s’est exprimé dans un éditorial publié dans le bulletin trimestriel de sa ville. Ce qu’il écrit est ahurissant.

« Je conteste enfin l’attitude du gouvernement algérien qui n’arrête pas de cracher sur la France et de lui demander des excuses, alors que c’est lui qui devrait remercier la France de pouvoir profiter de tout ce que nous lui avons laissé après notre départ », conclut-il dans un éditorial de deux pages.

La présentation qu’il fait de lui-même ne laisse pas de doute quant à son appartenance et ses motivations. En 1960, il avait le choix entre être affecté en Allemagne ou aller faire la guerre en Algérie. Il a choisi l’Algérie.

À Oran, il affirme avoir découvert un « merveilleux pays », « avec des hommes et des femmes ouverts et accueillants, qu’ils soient européens ou arabes, ouvriers d’usine ou ouvriers agricoles… ».

Il décrit « un splendide pays construit entièrement par 130 ans de présence française », laquelle présence a, par la scolarisation, « fait faire aux arabes un bond de mille ans ». Avant tous « ces bienfaits », le maire rappelle que la colonisation avait en 1830 « chassé plus de trois siècles de domination turque qui imposait, par le sang, sa religion musulmane ».

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« Peur de représailles »

Des propos qui n’ont pas manqué de choquer. « Des habitants de Lorette, d’origine algérienne ou pas, ont été choqués par ce texte mais ils ne souhaitent pas s’exprimer à notre micro, de peur, disent-ils, « de représailles » de la part du maire », rapporte France-Bleue qui rappelle que le maire n’en est pas à sa première polémique du genre.

En 2017, il a signé un arrêté anti-burkini et, une année auparavant, il avait affiché sur les panneaux de la commune des messages ordonnant aux habitants de confession musulmane de vivre leur ramadan « sans bruit ».

Les propos de ce maire sont une répétition presque à l’identique du discours du polémiste Eric Zemmour qui, il y a quelques années, se demandait pourquoi les Algériens en voulaient à la colonisation française alors que c’était la seule parmi toutes les autres colonisations qui a laissé quelque chose dans ce pays.

Une vision qui, néanmoins, n’a pas toujours été l’apanage de l’extrême droite haineuse. En 2005, la France officielle, alors dirigée par Jacques Chirac, avait adopté une loi glorifiant le colonialisme.

« Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit », stipulait l’alinéa 2 de l’article 4 de la loi dite du 23 février 2005. Ayant suscité de vives réactions, notamment en Algérie, cet alinéa a été supprimé en 2006.

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