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Comment le Maroc s’appuie sur Israël pour coloniser le Sahara occidental

Comment le Maroc s’appuie sur Israël pour coloniser le Sahara occidental

Si pour beaucoup la coopération militaire entre le Maroc et Israël a commencé avec la normalisation en 2020, les initiés savent que les deux pays se sont rendus de précieux services en la matière depuis des décennies.

Israël a bien aidé le royaume à coloniser le Sahara occidental, confirment de nouvelles révélations.

Dans une enquête intitulée « Comment Israël exporte son savoir-faire colonial au Maroc », le journal français l’Humanité a pu collecter des témoignages sur des faits tangibles de l’apport de l’Etat hébreu à la mainmise marocaine sur une grande partie de l’ancienne colonie espagnole.

Cité par le même journal, le député israélien Ofer Cassif, expulsé de la Knesset pour son opposition à la guerre à Gaza, a trouvé les mots justes pour qualifier l’alliance morocco-israélienne : « Une poignée de main criminelle entre deux oppresseurs. »

 

Au congrès de l’Internationale socialiste en 1999 à Paris, Ehud Barak, alors Premier ministre d’Israël, avait lancé au représentant du Polisario, lui aussi invité : « J’étais chez vous au début des années 1980 ».

Ce que Barack faisait au Sahara occidental alors qu’il était général de l’armée israélienne (dont il deviendra plus tard chef d’état-major), c’est Gaïci Nah, chef du bureau de coordination sahraoui d’action contre les mines (Smaco), qui le révèle au journal de gauche.

« Il (Ehud Barak) a servi dans les zones occupées, probablement à Smara, comme conseiller militaire au moment où se construisait le mur de sable », dit-il.

Le mur, long de 2.700 kilomètres du nord au sud, sépare la partie libérée des territoires occupés par le Maroc et qui représentent 80% du Sahara occidental.

À ses abords, plus de 10 millions de mines antipersonnels et antichars sont disséminées.

L’idée même d’ériger ce mur est inspirée d’une construction israélienne similaire. Il s’agit, selon Gaïci Nah, de la ligne Bar-Lev érigée le long du canal de Suez après la guerre des Six Jours en 1967.

« Ils ont exporté cette idée que le Maroc a concrétisée sous parapluie politique français, avec l’appui de Washington », soutient le militant sahraoui.

Maroc – Israël : petits services entre colonisateurs

L’histoire de la coopération militaire et sécuritaire entre le Maroc et Israël remonte même à bien plus loin que les années 1980 et la question du Sahara occidental, comme le prouve cet aveu d’un ancien chef du renseignement militaire israélien.

En 2016, Shlomo Gazit a reconnu qu’en septembre 1965, le roi Hassan II a mis à profit la tenue d’un sommet arabe à Casablanca pour faire enregistrer les discussions des dirigeants participants, à leur insu.

Les bandes seront remises par la suite aux Israéliens qui en tireront un précieux avantage pendant la guerre des Six jours qui ne tardera pas à éclater.

Cette trahison a été confirmée, avec plus de détails par plusieurs responsables du renseignement israélien de l’époque.

Les dirigeants marocains avaient mis à la disposition des Israéliens tout un étage de l’hôtel où se déroulait le sommet, selon l’ancien espion israélien Rafi Eitan, toujours selon l’Humanité.

L’opération a été qualifiée par Meir Amit, chef du Mossad au moment de son déroulement, de « l’une des plus grandes victoires du renseignement israélien ».

Le problème du Sahara occidental n’étant pas encore posé, la contrepartie pour le Maroc fut un coup de main des services secrets israéliens dans l’assassinat, en octobre 1965 à Paris, de l’opposant Mehdi ben Barka.

Bien entendu, après la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, la coopération militaire et sécuritaire entre les deux pays est assumée au grand jour.

« Israël exporte désormais ouvertement son savoir-faire colonial pour aider le royaume à maintenir et resserrer son emprise sur le Sahara occidental », écrit l’Humanité.

Il cite le conseiller politique proche de Benyamin Netanyahou, Edy Cohen, qui confirmait l’été dernier l’installation « d’usines de drones » au Maroc, « le transfert 600 missiles balistiques » et « la pose de systèmes de surveillance thermiques sur toute la frontière avec Tindouf et Béchar pour empêcher les infiltrations de rats (sic), la nuit ».

La similitude avec la rhétorique de l’actuel ministre de la Défense Yoav Galant qui a qualifié les Palestiniens d’ « animaux » est frappante.

Depuis la rupture du cessez-le-feu en 2021, les Marocains comptent sur « l’arsenal et les technologies que leur offre Tel-Aviv, sur les experts militaires israéliens qui les épaulent et bénéficient d’informations livrées par des satellites de reconnaissance », indique le colonel Habouha Breika qui note que les « deux parties partagent les mêmes desseins expansionnistes ».

Tous les modèles de drones israéliens (Hermès 900, Hermès 450, Harop, Héron, SpyX, WanderB, ThunderB) sillonnent désormais même les territoires libérés faisant des dizaines de victimes parmi les nomades sahraouis et tuant même leur bétail.

Des civils algériens et mauritaniens sont également ciblés. Au moins 86 civils ont été tués par ces drones depuis 2021, dans ce qui s’apparente à « Une politique de nettoyage ethnique », selon Abdeslam Omar Lahsen, président de l’Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis (Afapredesa), cité par le même journal.

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