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Comment les licences d’importation sont en train de tourner au fiasco

Comment les licences d’importation sont en train de tourner au fiasco

New Press

Durant les quatre premiers mois de l’année 2017, la facture globale des importations algérienne s’est établie à 15,42 milliards de dollars contre 15,44 milliards, soit une baisse de 0,14% (20 millions de dollars).

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Comment expliquer le maintien des importations à un niveau élevé alors que le gouvernement a multiplié ces derniers mois les mesures pour les réduire notamment avec l’instauration de licences pour plusieurs produits ?

À première vue, ces hausses ne sont pas liées à une quelconque activité de production ou de réalisation de projets. Les investissements publics ayant été fortement réduits, la majorité des projets sont gelés.

Fraudes aux importations

Ce maintien des importations à un niveau élevé s’accompagne de la persistance de la flambée de l’euro sur le marché parallèle des devises. Ce qui constitue un autre paradoxe. On sait en effet que le marché parallèle des devises est très sollicité par les importateurs. Les restrictions en matière d’importation auraient dû logiquement donner un coup de frein à la hausse des devises, d’autant que le cours officiel du dinar s’est stabilisé ces derniers mois au niveau de la Banque d’Algérie.

« En fait, explique un connaisseur du monde des importations, les licences d’importations ont engendré une hausse des fraudes ». Comment ? « La banane est soumise aux licences. Mais un importateur de quincaillerie peut en importer aussi. Il suffit de payer un transitaire qui a de bonnes connexions avec le port et les douanes. Dans le conteneur de quincaillerie, l’importateur va glisser des cartons de bananes et le tout payé légalement via la banque en dinars convertibles ».

Ces fraudes sont facilitées par l’absence de traçabilité des produits sur le marché à cause de l’éternel problème des factures. Une fois que la marchandise frauduleusement importée est introduite sur le marché, il devient impossible de la distinguer de celle importée légalement. « Il faut une solution globale de traçabilité. Du vendeur à l’étranger jusqu’au dernier revendeur en Algérie. Sinon, le système ne fonctionnera jamais », soutient notre source. Mais le gouvernement ne semble pas prêt à s’attaquer au fond du problème.

Des licences détournées de leur vocation

L’autre problème engendré par les licences : les pénuries sur le marché. Le détenteur de la licence n’a aucune obligation d’importer. Le gouvernement fixe seulement un quota et une période de validité pour la licence. Mais il n’a introduit aucune obligation pour son détenteur d’approvisionner le marché. Résultat, des pénuries font leur apparition sur plusieurs produits, provoquant une flambée des prix, ce qui profite aux spéculateurs.

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À titre d’exemple, en 2016, plus de la moitié des licences pour l’importation de sucre dans le cadre du contingent tarifaire n’ont pas été utilisées par leurs détenteurs.

Selon nos informations, un business de revente des licences commence à voir le jour. « Ils proposent d’importer pour vous, moyennant une commission de 5% ou 10% sur le total de la facture », affirme un opérateur privé. Ces pratiques sont encouragées par l’absence de transparence dans l’attribution des licences. Malgré les critiques, le gouvernement refuse toujours de publier les listes des bénéficiaires des différentes licences.

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