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Compléments alimentaires : implication condamnable des médecins dans la publicité

Compléments alimentaires : implication condamnable des médecins dans la publicité

CONTRIBUTION. Depuis quelques semaines nous assistons à l’implication des médecins dans la publicité des compléments alimentaires dans le segment santé. De jour en jour, des médecins de plus en plus nombreux, tant généralistes que spécialistes, nous vantent à coup de réclame sur les chaines de télé les ‘’bienfaits’’ de tel ou tel complément alimentaire sur la santé du citoyen lambda.

Faut-il le rappeler, le complément alimentaire est par définition un produit destiné à être ingéré en complément de l’alimentation courante afin de pallier une insuffisance réelle ou supposée des apports journaliers. Le complément alimentaire est clairement une denrée alimentaire régie par le ministère du Commerce et en aucun cas un médicament doté d’une action pharmacologique thérapeutique régi et réglementé par le ministère de la Santé

Ce comportement des médecins est non éthique et condamnable à plus d’un titre en ce sens qu’il rabaisse le médecin à un vulgaire agent commercial et publiciste au service d’un fabricant, monnayant cette prestation contre rétribution en espèces et/ou en nature.

Ce comportement est en violation des dispositions du Code de déontologie médicale notamment dans ses articles 6, 7 et 19. Les articles 6 et 7 énoncent expressément que ‘’ le médecin est au service de l’individu et que sa vocation est de défendre la santé physique et mentale et de soulager la souffrance……….’’

L’article 19 énonce que ’’le médecin doit s’abstenir de tout acte susceptible de déconsidérer la profession’’.

Depuis Hippocrate et Ibnou Sina jusqu’à nos Maitres des facultés de médecine d’ici et d’outre-mer, la vocation du médecin n’est pas de faire vendre mais de soigner. Jamais le médecin ne s’est comporté de façon aussi dégradante pour la profession et la notoriété du médecin.

Dans le cadre de l’exercice normal de sa profession le médecin est un acteur naturel dans le conseil voire la prescription des compléments alimentaires dans le segment santé. Il peut être amené, dans certaines situations particulières ou en direction de certaines populations à risques (patients atteints de maladies chroniques grave, après une chirurgie lourde, femmes enceintes… etc,) à conseiller ou à prescrire des compléments alimentaires. À ce titre les médecins sont visités régulièrement par les fabricants pour la promotion de leurs produits.

Ayant bien compris le rôle important du médecin comme potentiel initiateur de la consommation des compléments alimentaires, les fabricants l’ont intégré dans leur stratégie de marketing pour leur produits et de communication, notamment dans le média de masse le plus lourd que constituent les chaines de télé.

C’est cette translation du médecin prescripteur dans le cadre d’une consultation pour une partie bien ciblée de ses malades et somme toute assez limitée à un publiciste pour les grandes masses et de façon indifférenciée.

L’instrumentalisation du médecin tend à faire accroire de façon sournoise auprès de populations crédules et très respectueuses de l’image du médecin que le complément alimentaire serait presque un médicament.

Étant en vente libre, cette publicité, de surcroit quand elle est faite par un médecin, peut conduire a une auto-supplémentation excessive et néfaste pour la santé. Un complément alimentaire équivaut à un « shot », de nutriments, vitamines et/ou sels minéraux, que notre organisme n’est pas fait pour assurer l’intégration. Si la publicité reste un animateur incontournable entre le fabricant et le consommateur, il est inacceptable et condamnable que des médecins soient instrumentalisés et impliqués dans cette logique du marché.

Le Conseil Régional de l’Ordre des médecins de Blida entend dorénavant rappeler à l’Ordre les éventuels médecins concernés et usera des dispositions règlementaires que lui confère le code de déontologie médicale.

 

*Président de la section ordinale régionale des médecins de Blida


Important : Les tribunes publiées sur TSA ont pour but de permettre aux lecteurs de participer au débat. Elles ne reflètent pas la position de la rédaction de notre média.

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