Société

Confinement, frontières, flambée du covid : entretien avec le Pr Mahyaoui

Le Pr Ryad Mahyaoui, membre du Conseil scientifique de suivi du covid en Algérie, commente la situation sanitaire et la progression du variant Omicron, à côté du Delta.

Il met en cause les rassemblements familiaux et les fêtes dans des endroits clos où les mesures barrières ne sont pas respectées. Il juge néanmoins que l’hypothèse d’un reconfinement ou d’une fermeture des frontières n’a plus « aucun sens », appelant la population à se vacciner.

Le variant Omicron progresse en Algérie, à côté du Delta. Faut-il s’inquiéter ?

Ce n’est pas une surprise, c’est l’évolution normale de ce variant Omicron qui est en train de croiser le variant Delta. On voit qu’il prend peu à peu de la place.

Il y a une augmentation importante du nombre de cas tous les 2 à 3 jours. L’Omicron est extrêmement contaminant, soit 70 fois plus rapide que le Delta.

L’Omicron, comme c’est le cas dans pas mal de pays, va certainement être dominant en Algérie, dans les prochaines semaines. Ce qui est normal. Malgré sa très forte contagiosité, l’Omicron reste quand même moins grave que le Delta.

Moins grave mais très contagieux, l’Omicron ne risque-t-il pas de mettre en difficulté les structures sanitaires algériennes ? Est-ce qu’on est préparé ?

Écoutez, actuellement on est à 4 200 cas covid hospitalisés. La particularité c’est que les contaminations touchent surtout les grandes villes, Alger en premier chef et ensuite Oran, Constantine, Annaba, Sétif…

Il faut faire très attention dans les endroits où il y a une forte concentration de populations. Car c’est là où le virus circule le plus vite. Ainsi des rassemblements familiaux et des fêtes dans des endroits clos et où les mesures barrières ne sont pas respectées. Par ailleurs, on voit de plus en plus de personnels de la santé contaminés. C’est en nette augmentation.

Y a-t-il un risque, selon vous, de revenir aux mesures draconiennes qu’on a connues au cours de la 3e vague, à commencer par l’école ?

Je pense que cette hypothèse n’a plus aucun sens, ça l’est dans tous les pays. En revanche, le port du masque doit être exigé à l’école, que la vaccination soit augmentée dans les écoles.

Le virus circule partout en Algérie, on ne va donc plus revenir en arrière. Raison de plus s’il en est, il y a maintenant les armes pour lutter contre la progression du virus, notamment les mesures barrières malheureusement totalement délaissées, ainsi que la vaccination qui n’a pas atteint sa vitesse de croisière.

Je dois préciser qu’il ne faut pas oublier la 3e dose qui est salvatrice en ce sens qu’elle rebooste l’immunité, notamment dans le cas des personnes immunodéprimées. Ouverte à toute la population, il faut faire la 3e dose le plus rapidement possible. 

Les recommandations du Comité scientifique concernant le protocole à suivre pour le secteur de l’éducation sont-elles toujours de vigueur ?

Elles le sont depuis l’année passée, il n’y a pas eu de mise à jour. Néanmoins, on a commencé à tester les enfants qui ont des symptômes respiratoires (toux, fièvre).

Je recommande de ne pas hésiter à tester les enfants qui sont des porteurs sains du virus. Par ailleurs, on est content que la vaccination reprenne dans le secteur de l’éducation. J’espère que l’objectif de vacciner 80 à 90 % des personnels sera atteint.

Même avec la progression de l’Omicron, il n’y a pas lieu de fermer les frontières ou de durcir plus les mesures préventives ? 

À mon avis, il ne servira strictement à rien. La seule chose à faire c’est de renforcer le contrôle aux frontières pour dépister rapidement les personnes positives.

Le virus circule partout dans le pays. Je répète qu’avant on ne disposait pas des armes pour lutter contre le covid. Maintenant, nous les avons. C’est ça la différence par rapport à la période d’avant où le confinement était la seule issue. 

L’Omicron favorise l’immunité collective, disent des experts. Quel est votre avis ?       

On voit effectivement dans certains pays qui ont enregistré des milliers de personnes contaminées par le virus. Soit, autant de personnes vaccinées naturellement. Cela peut être une piste qui doit être vérifiée dans les prochaines semaines.

Les plus lus