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Conflit de l’APN : l’image, la nouvelle bataille de Saïd Bouhadja

Conflit de l’APN : l’image, la nouvelle bataille de Saïd Bouhadja

Des selfies et des photos avec de simples citoyens venus « spontanément » à sa rencontre. Nous sommes jeudi 11 octobre. La crise à l’APN entame sa troisième semaine et chacune des deux parties en conflit campe sur ses positions. En plein centre d’Alger, sur une des places les plus fréquentée de la capitale, Said Bouhadja s’offre un petit bain de foule.

Le président de l’APN, accompagné de deux ex-députés, est sans protection rapprochée. Il prend tranquillement un café sur une terrasse près de la Grande Poste, serre des mains, puis se prête au jeu des selfies avec des jeunes. Tout au long de sa sortie, l’homme parait détendu, visiblement heureux de se livrer à un tel exercice.

Protection rapprochée

Personne ne peut imaginer que cette petite escapade dans les rues d’Alger est le fruit du hasard. Elle intervient alors que plusieurs médias venaient d’annoncer que les autorités avaient décidé de sanctionner le président de l’APN en le privant de sa protection rapprochée dont il bénéficiait jusque-là. Depuis jeudi matin, un seul garde du corps est en charge de sa sécurité.

Comme un pied de nez à cette décision, le quatrième personnage de l’État répond par un bain de foule. Mais le principal message ne s’adresse pas à ceux qui l’ont privé d’une partie de sa protection. La séquence médiatique de jeudi, marque peut-être un tournant dans la bataille qui se joue à l’APN, puisque depuis le 11 octobre, un autre acteur est appelé à prendre position dans la bataille qui se joue au palais Zirout Youcef : l’opinion publique.

Saïd Bouhadja semble avoir décidé de lancer la bataille de l’image et de l’opinion face à ses deux principaux adversaires : Djamel Ould Abbès et Ahmed Ouyahia. Le vieux Moujahid qui a su dès le départ du conflit, capitaliser sur son âge et obtenir la sympathie d’une partie de l’opinion, en campant la posture de celui qui tient tête aux décideurs.

Il est aujourd’hui perçu par une partie de la population comme celui qui résiste et refuse de se plier face à ceux qui veulent le voir quitter le Palais Zirout Youcef, d’autant que les arguments avancés par les cinq formations politiques (FLN, RND TAJMPA et le groupe des indépendants), pour exiger sa démission, semblent peu convaincants.

Défis

Cette séquence médiatique offre surtout au président de l’APN la possibilité de défier ses adversaires sur un terrain qu’ils ne maîtrisent pas. En déambulant dans Alger, il lance un challenge à Djamel Ould Abbès et Ahmed Ouyahia et semble les défier de faire de même. Un défi difficile à relever. En effet, qui peut imaginer le Premier ministre ou l’actuel secrétaire général du FLN marchant dans les rues d’Alger, serrant des mains, échangeant avec la population et s’adonnant au jeu des selfies? Personne.

Quand on connaît les protections dont ils s’entourent à chacun de leurs déplacements  même dans un quartier huppé comme Hydra où se trouve le siège du FLN – et le peu d’empressement dont ils font preuve pour être au contact des Algériens, on comprend un peu mieux le défi que leur lance le natif de Skikda. 

Saïd Bouhadja frappe là où ça fait mal et rappelle la fracture qui existe entre les Algériens et leurs dirigeants. Le secrétaire général du FLN ne semble pas avoir bien compris les enjeux. « De par son importance, et son prestige, il (Saïd Bouhadja) n’a pas à se balader dans les rues ou se rendre dans les cafés. Dans les pratiques du parti et dans ses traditions, on n’agit pas de la sorte. On ne doit pas rabaisser la troisième institution de l’Etat. Elle doit garder son prestige », a-t-il ce samedi à Bouira.

Ould Abbes semble dire : le café, c’est pour le peuple et un dirigeant qui se respecte n’a rien à y faire. Une déclaration désastreuse pour l’image du FLN et celles décideurs en général. Dans cette bataille de l’image, Bouhadja vient incontestablement de remporter une première victoire. 

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