Les 36 ressortissants algériens bloqués à Wuhan (Chine) en raison de la quarantaine imposée sur la ville suite à l’épidémie du coronavirus sont arrivés ce lundi à bord d’un avion Air Algérie affrété spécialement pour l’occasion.
Des ressortissants tunisiens, libyens et mauritaniens ont également fait partie du voyage ayant duré douze heures sans escale. Quatre commandants de bord ont assuré le vol, dans lequel étaient également présents deux médecins et deux techniciens de la santé spécialisés en infectiologie.
Les voyageurs seront transférés soit à l’hôpital d’El Kettar à Alger, qui est spécialisé dans le traitement des maladies infectieuses, soit dans un centre de repos, option a priori la plus plausible. Bien qu’ils n’aient présenté aucun signe de contamination, les voyageurs de retour de Chine seront par précaution confinés en quarantaine pendant quatorze jours correspondant à l’éventuelle période d’incubation du virus.
Anxiété
L’arrivée des voyageurs en provenance de Chine a sans surprise provoqué l’anxiété de l’opinion publique, peu informée de manière générale et particulièrement pas aidée par les images de la journaliste de la télévision étatique portant un masque médical alors qu’elle se situait à des centaines de mètres de l’avion hermétiquement fermé.
Dénommé 2019-nCoV, le coronavirus est apparu au début du mois de décembre au marché aux fruits de mer de Wuhan, huitième ville la plus peuplée de Chine. Il se manifeste sous forme de pneumonie avec de la fièvre et une atteinte de l’appareil respiratoire.
Les symptômes du coronavirus sont similaires à ceux d’autres maladies communes, à l’image de la grippe. Comme pour la grippe, le coronavirus de Wuhan se transmet par voie aérienne, c’est-à-dire par les postillons, via la toux et les éternuements d’une personne qui présente déjà des symptômes. Le contact est étroit et rapproché, jusqu’à 1 mètre, 1m50, explique le site spécialisé Doctissimo.
Avec un taux de mortalité situé à 2% à l’heure actuelle, le coronavirus ne se situe pas loin du taux de mortalité de la grippe commune (estimé à 0,3%), souligne le journal français Le Figaro.
Alors que les données sur la grippe saisonnières sont éparses pour l’Algérie, l’institut français Pasteur indique que les épidémies saisonnières annuelles de la grippe touchent chaque année 2 à 8 millions de personnes en France, avec un excès de mortalité attribuable à la grippe de 10 000 à 15 000 décès juste dans ce pays.
Tandis qu’aucun cas de coronavirus n’a été détecté en Algérie, l’actuelle grippe saisonnière a déjà causé la mort de cinq personnes dans le pays, selon un responsable du ministère de la Santé.
« Il est bien de temps en temps de prendre un peu de distance et de regarder ce qu’il se passe. En pleine épidémie grippale et on va y rentrer prochainement, il y a de nombreuses personnes qui meurent de la grippe chaque jour en France », a indiqué le professeur Arnaud Fontanet, directeur du département de Santé globale à l’Institut Pasteur et responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes, cité par Doctissimo. 7700 décès ont notamment été enregistrés au cours de l’épidémie de grippe 2018-2019 ayant duré huit semaines en France.
La grippe et le coronavirus sont tous deux « des infections respiratoires dans les cas à type de pneumonie virale. Il est très difficile de faire la différence », explique le Pr Fontanet. « D’après les premiers patients qui ont été déclarés, cela commence par une fièvre, une sensation de courbature, une fatigue généralisée, très rapidement une toux et quelques jours plus tard éventuellement un essoufflement », précise-t-il, ajoutant que le coronavirus peut présenter des signes plus sévères tels qu’une détresse respiratoire aiguë, insuffisance rénale aiguë, défaillance multi-viscérale potentiellement fatale.
« Si cette sensibilisation autour du coronavirus peut aider à prendre conscience de la gravité d’autres infections respiratoires et inciter les gens à se vacciner contre la grippe, ce sera une très bonne chose », conclut le spécialiste.
