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Coronavirus : le bon sens doit prévaloir

Coronavirus : le bon sens doit prévaloir

L’Algérie compte officiellement 37 cas de coronavirus dont trois décès. Devant les dizaines de milliers de cas enregistrés en Europe, ce n’est pas encore la cote d’alerte, mais les observateurs relèvent que, pour rester dans la comparaison, en France aussi, en Espagne et en Italie, les premiers cas étaient découverts au compte-gouttes et, il y a seulement quelques semaines, personne n’avait entrevu la situation qui y prévaut actuellement.

Cela, pour dire que l’Algérie n’est pas à l’abri d’une épidémie véritable et dévastatrice. D’autant plus que la cadence des diagnostics positifs va crescendo et le foyer de contamination, jusque-là confiné à la région de Blida, s’élargit à d’autres zones.

Faut-il dès lors opter pour des mesures extrêmes, comme un isolement total du pays et la suspension de tout rassemblement inutile et de toute activité non indispensable ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que dix nouveaux cas et un troisième décès ont été annoncés d’un coup ce samedi 14 mars.

D’aucuns estiment que si des mesures de prévention sont appelées à être prises, elles doivent l’être maintenant, avant une propagation incontrôlable du virus, contre laquelle le système national de santé, loin d’être le plus performant au monde, risque de s’avérer inefficace.

La gestion de la crise par les autorités est jusque-là empreinte de beaucoup de prudence et du souci d’éviter toute panique et de trouver le juste équilibre entre la préservation de la santé publique et de ne pas trop entraver la circulation des personnes et l’activité économique. Des calculs politiques sont aussi entrés en jeu. D’où les demi-mesures auxquelles on a assisté.

Jeudi 12 mars, le président de la République a ordonné la fermeture des écoles et des universités, mais les liaisons internationales, notamment avec les pays les plus touchés, n’ont pas été totalement suspendues, le huis clos est décrété par les compétitions sportives mais d’autres types de rassemblements continuent à avoir lieu.

La veille de l’annonce de la découverte de dix nouveaux cas, la prière hebdomadaire a été effectué comme si de rien n’était dans toutes les villes du pays et les rues de la capitale ont abrité un nouvel acte du hirak populaire, soit une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Faut-il fermer momentanément les mosquées, ou du moins ne pas y tenir la prière hebdomadaire ? Beaucoup de religieux et de fidèles ne s’y opposent pas, d’autant que même le grand pèlerinage à la Mecque pourrait être annulé par les autorités saoudiennes si la situation perdure.

Mais l’attitude à adopter vis-à-vis des marches hebdomadaires, qui durent depuis plus d’une année, constitue sans doute le casse-tête le plus délicat pour les autorités. Au souci de préserver la santé et la vie des citoyens, qui est le devoir premier de l’État, s’oppose celui de ne pas se voir soupçonné de tenir là une occasion inespérée pour mettre fin au hirak contre lequel toutes les répressions et manœuvres n’ont pas fonctionné. La sortie en masse des Algériens lors du 56e vendredi, au moment où le monde se cloisonnait et s’isolait, exprime certes la détermination des manifestants à faire aboutir leur combat, mais aussi leur méfiance à l’égard des autorités et le peu de crédit qu’ils accordent à leur mises en garde.

Des voix se sont soulevées sur les réseaux sociaux, jusque parmi les défenseurs du hirak, pour crier à l’imprudence, voie à l’inconscience, mettant toujours en avant l’incapacité du système national de santé à faire face à une éventuelle épidémie de grande ampleur. À titre illustratif, les services de réanimation de tous les CHU d’Alger réunis disposent d’à peine de quelques dizaines de lits, rappelle-t-on.

Une suspension des marches le temps que passe le danger n’a rien d’irréversible et ne saurait être assimilée à une défaite, estime-t-on encore. Au contraire, elle donnerait tout son sens à la silmia, le pacifisme prôné par les manifestants depuis le début. Sans doute que les adversaires déclarés du hirak ne se gêneront pas de tout lui endosser, des cas positifs aux éventuels décès. Un comble pour un mouvement, qui en plus d’une année de contestation, « n’a pas brisé une vitre ».

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