search-form-close
Coronavirus : toujours pas de répit pour les personnels soignants à Boufarik

Coronavirus : toujours pas de répit pour les personnels soignants à Boufarik

Près de quatre mois après l’apparition des premiers cas de coronavirus en Algérie, la pression est toujours forte sur les personnels soignants du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Boufarik, à Blida, la wilaya la plus touchée d’Algérie.

« Les 36 lits réservés aux cas suspects au Covid-19 sont depuis pratiquement une semaine tout le temps occupés. Il nous est même arrivé d’envoyer des malades à l’hôpital de Blida. Nous sommes actuellement à 70 malades entre suspects et confirmés », détaille Dr Mohamed Yousfi, chef du service maladies infectieuses de l’EPH de Boufarik.

« Pour les suspects, nous attendons les résultats de l’Institut Pasteur d’Alger (IPA). A Blida, nous sommes toujours pénalisés par l’absence de centre de prélèvement PCR bien qu’il s’agisse de la wilaya la plus touchée par l’épidémie », fait-il remarquer. Plusieurs patients, potentiellement suspects, attendent de pouvoir passer le test.

Un peu de répit pendant le Ramadan

« Nous avons commencé à avoir un peu de répit dès le début du Ramadan (24 avril-24 mai) jusqu’aux dix derniers jours du mois sacré avec seulement 4 à 5 cas confirmés par jour. A un moment donné, la moitié de l’hôpital était vide », rappelle Dr Yousfi.

Avec la fin du mois de Ramadan et le début de l’Aïd el Fîtr, le relâchement de la population sur les mesures barrières a fait changer la donne avec de plus en plus de patients qui affluent vers l’hôpital de Boufarik.

« On se retrouve du coup avec des lits pour personnes suspectées de Covid-19 totalement occupés, ce qui nous oblige à placer d’autres arrivants en instance au niveau des urgences le temps de leur trouver des places. Tout cela c’est une pression », signale le médecin.

Selon Dr Yousfi, la situation aurait été beaucoup plus compliquée si le protocole thérapeutique (à base de chloroquine) qui dure 10 jours était mené à terme au sein de l’établissement. Une circulaire ministérielle autorise de faire sortir le malade au bout de 8 jours de traitement tout en poursuivant le traitement chez lui pour les deux jours restants.

Responsabilité de la population

« Si on faisait traiter les malades jusqu’au 10e jour pour les faire sortir et en même temps attendre les résultats confirmant leur guérison, le nombre de personnes hospitalisées aurait été bien plus important », précise Dr Yousfi.

Le chef du service des maladies infectieuses en appelle par ailleurs à la compréhension et à la responsabilité des citoyens quant au respect des mesures sanitaires, afin de soulager les personnels soignants déjà à bout de souffle.

Interrogé sur la mise en place de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS) avec à sa tête l’immunologue le Pr Kamel Senhadji, Dr Mohamed Yousfi qui est également président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), émet une interrogation quant aux missions qui lui sont dévolues.

« Ailleurs dans le monde, la politique nationale de santé ne fait pas partie des prérogatives de l’agence de sécurité sanitaire. L’agence sanitaire que nous attendons depuis plus de 20 ans c’est celle qui va être le ‘’conseiller’’ des pouvoirs publics pour tout ce qui est phénomènes épidémiologiques. Elle est aussi censée mettre en place des stratégies que ce soit pour la lutte contre les épidémies ou bien les maladies chroniques, etc. Il importe de prévoir les choses à l’avance », soutient Dr Yousfi.

  • Les derniers articles

close