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Covid-19 en Algérie : « Il faut s’attendre à une augmentation des contaminations dans les jours à venir »

Covid-19 en Algérie : « Il faut s’attendre à une augmentation des contaminations dans les jours à venir »

La situation épidémique dans le pays n’inquiète pas outre mesure le Pr Idir Bitam, expert des maladies transmissibles et pathologies tropicales.

« Ce qui est très important c’est le nombre de décès. Nous sommes toujours stables (à moins de 10), c’est cela le chiffre réel. S’agissant des contaminations, les chiffres annoncés ne sont pas réels. On aura des chiffres réels lorsqu’on atteindra les 3 000- 3 500 tests par jour, c’est ce qui permettra d’avoir une vraie situation épidémiologique », explique l’expert dans une déclaration, mardi 30 juin, à TSA.

Le rebond des contaminations s’explique, selon lui, notamment par la multiplication des dépistages. « Au début du mois de février, l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) ne faisait pas plus de 60 diagnostics par jour. Aujourd’hui, nous sommes à 29 laboratoires (de diagnostic) entre les annexes de l’IPA, les services hospitaliers et les universités », a rappelé ce spécialiste des maladies infectieuses.

Dans une déclaration à l’APS, le 26 juin courant, le DG de l’Institut Pasteur d’Algérie, Dr Fawzi Derrar, avait en effet indiqué que 2 500 tests de dépistage du coronavirus par jour étaient réalisés sur l’ensemble du pays.

Un nombre qui demeure toutefois insuffisant pour avoir une idée globale de la situation épidémique dans le pays, juge Pr Bitam qui n’exclut pas une augmentation des cas dans les jours à venir.

« Les chiffres réels (des contaminations) sont beaucoup plus importants que ceux annoncés. Donc, il faut s’attendre à une augmentation du nombre de cas dans les jours à venir, ce qui est tout à fait logique », relève le spécialiste.

Des médecins qui ne croient pas…

Pr Bitam déplore le « manque de civisme de la population » qui fait fi des mesures barrières pour lutter contre l’épidémie de Coronavirus.

« Les gens défilent sans bavettes. C’est dommage et c’est malheureux », note-t-il.

Un autre aspect suscite aussi des regrets chez Pr Bitam. « Ce sont ces médecins qui ne croient pas à la Covid-19 ». Un constat relevé aussi auprès d’une frange non négligeable de la population. « C’est très difficile de sensibiliser des gens qui ne croient pas du tout à cette épidémie », estime Pr Bitam qui prône pour un travail de sensibilisation au contact direct avec la population.

« Les spots dans les TV et sur les chaînes radios, je ne crois pas que ça aboutisse à grand chose. Par contre, il faut que ça soit une sensibilisation physique. La personne chargée de la sensibilisation doit se déplacer auprès de la population, qu’elle explique comment le virus se transmet et surtout prouver qu’il existe », insiste Pr Bitam.

Il déplore qu’en matière de sensibilisation, « on est retourné à la case de départ ». Dans ce contexte, l’expert se dit favorable à l’usage de la force publique pour faire respecter les mesures barrières.

La souche du virus en Algérie est moins virulente

Interrogé sur le manque de conscience, voire le déni de la réalité observé chez une grande partie de la population vis-à-vis de l’épidémie, Pr Bitam fait remarquer qu’il y a « une certaine aisance voire un sentiment de sécurité qui s’est installé chez la population par rapport au virus ».

Ce sentiment de sécurité est conforté, selon Pr Bitam, par des informations souvent fausses. « Il y a beaucoup de gens qui disent que la chaleur détruit le virus. Ce n’est pas vrai du tout. Ce sont les rayons solaires, les UV, qui détruisent le virus Covid », corrige le spécialiste.

Pr Idir Bitam fait remarquer que la souche du virus Covid qui existe en Algérie est moins virulente que celle en France ou encore à Wuhan (Chine). « Il y a eu une mutation du virus qui a fait qu’il soit beaucoup moins virulent », a-t-il indiqué.

Comment ? « Il faut savoir que depuis le mois de février jusqu’à l’heure actuelle, il n’y a pas eu beaucoup de pluie. On a eu en revanche beaucoup de soleil. Ce qui nous a sauvé », explique l’infectiologue.

« Même si les gens se font contaminer, ce ne sera pas avec une charge virale excessivement importante », précise Pr Bitam.

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