En Algérie, les élèves du primaire ont repris le chemin de l’école le 21 octobre et ceux du collège et du lycée le 4 novembre dernier. Cette rentrée scolaire s’est déroulée dans un contexte de flambée des cas de Covid-19 en Algérie, et de nombreux établissements ont été fermés, après que des cas de Covid-19 aient été enregistrés parmi le personnel éducatif.

« On ne sait pas quel est le nombre exact d’écoles fermées à cause du Covid-19. Il y a beaucoup de cas confirmés parmi le personnel éducatif. On nous signale quotidiennement des cas et dans presque toutes les wilayas notamment celles où la démographie est élevée », résume Bachir Kiouas de la Coordination nationale des enseignants du primaire, dans une déclaration à TSA, ce lundi 9 novembre.

L’enseignant appelle à davantage de mesures pour protéger le personnel d’encadrement. « Nous insistons et revendiquons plus de moyens et d’encadrement pour faire face à cet ennemi invisible (Covid-19). On n’hésitera pas à demander la fermeture des écoles si le nombre de contaminations continue de croitre », prévient-il.

Un constat corroboré par le coordinateur national du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) qui regroupe également des enseignants du primaire.

« Effectivement, il y a des écoles qui ont fermé à cause du Covid sur décision des walis. En revanche, d’autres établissements qui ont enregistré des cas confirmés de coronavirus restent ouverts », explique Messaoud Boudiba.

Le syndicaliste parle de personnels d’encadrement et de parents « perturbés » par cette situation. « Quand on annonce des contaminations dans un établissement et qu’aucune mesure n’est prise, c’est très préoccupant », avoue M. Boudiba qui fait part de parents qui sont allés par eux-mêmes fermer des écoles en raison de cas Covid signalés.

Le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, ne croit pas à l’efficacité d’un protocole sanitaire dans les écoles si, à l’extérieur, personne ne respecte les consignes. Pour lui, la véritable menace, « c’est la rue ».

« En toute sincérité, quels que soient les moyens que l’on peut mettre à la disposition des établissements scolaires, ils ne vont pas suffire, à partir du moment où à l’extérieur de l’école (les élèves et leurs parents) ne respectent pas du tout le protocole sanitaire », assène le syndicaliste qui parle d’un « environnement global » réfractaire aux mesures barrières anti-Covid.

« Et l’école algérienne est dans ce milieu et à l’heure où je vous parle, mis à part moi,  personne dans la rue ne porte le masque », témoigne M. Meriane. « D’un côté, on voudrait bien que nos enfants poursuivent leur scolarité, mais de l’autre on continue à s’agglutiner dans la rue, ou en train d’assister à des fêtes, etc., Ce sont autant de contradictions », qui font qu’appliquer un protocole sanitaire à l’école est caduc, s’agace M. Meriane pour qui le scénario de la fermeture des écoles n’est pas à écarter. « Si fermeture des écoles il y a, ce sera par la faute de la rue », lance-t-il.

La fermeture des écoles doit obéir à un certain nombre de considérations qui ne concernent pas uniquement l’établissement en lui-même, soutient Dr Lyes Merabet, le président du Syndicat national autonome des médecins de santé publique (SNPSP).

Toute mesure de fermeture d’une école doit être évaluée « sur des éléments quantifiables, qu’on peut évaluer et surtout qu’on peut vérifier sur le terrain », préconise Dr Merabet. « Des éléments scientifiques basés sur des statistiques et une cartographie de diffusion du virus dans un territoire donné », explique-t-il.

Et d’ajouter : « Lorsqu’on décide de fermer une école, il faut se projeter sur une mesure plus large : confiner totalement un département, une commune ou un ensemble de communes et pas uniquement l’école ».