Société

Covid-19 : quelle stratégie de vaccination ?

CONTRIBUTION. La pandémie de la covid-19 a un coût humain et économique énorme : 75 millions de personnes contaminées et 1,6 million de morts dans le monde.

Face à ce nouveau virus, le monde de 2020 s’est retrouvé désarmé, impuissant et réduit, afin de limiter la propagation du virus, à recourir aux moyens d’il y a un siècle :  masques, distanciation sociale, mesures d’hygiène et confinement.

L’ampleur de la crise a créé une situation d’urgence sans précédent. D’autant que les 2/3 des morts sont dans les pays développés : États-Unis, Europe, Russie, Brésil et l’Inde.

Comme pour toute maladie contagieuse, le challenge est la mise au point d’un vaccin sûr et efficace. À cet effet, des géants du pharma se sont associés à des sociétés de biotechnologie, des universités et autres instituts de recherche et ont pu en un temps record développer plusieurs vaccins.

Le vaccin de Pfizer-BioNTech, d’une technologie ultra-innovante, vaccin à ARN Messager jamais utilisée chez l’homme, est autorisé en décembre par les agences britannique MHRA et américaine FDA.

Trois pays, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada ont débuté leur campagne de vaccination avec ce vaccin. L’Union Européenne s’apprête à débuter la vaccination avant la fin de l’année, probablement le 27 décembre, une fois le feu de l’Agence européenne du médicament (EMA) donné. L’EMA doit trancher le 21 décembre.

Le vaccin de Moderna, utilisant la même technologie, vient d’être autorisé par la FDA et l’EMA donnera son  avis le 6 janvier 2021. Le vaccin britannique d’AstraZeneca, en cours d’évaluation par la MHRA, sera homologué début 2021. Cinq autres vaccins (4 chinois et 1 russe le Spoutnik V), en phase 3 des essais cliniques ont été homologués par leur pays respectifs et ont même été administrés à des groupes de population.

Le 27 octobre la Russie avait soumis à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) une demande de préqualification de son vaccin Spoutnik V.

L’année 2020 a été l’année d’un coronavirus conquérant, terrassant l’Humanité.  Avec 8 vaccins homologués par les agences nationales et très probablement par l’OMS et disponibles en quantité croissante, l’année 2021 sera celle de la vaccination. Elle augure à terme du contrôle de la pandémie voire l’éradication du Coronavirus.

Stratégie Vaccinale

Dans ce contexte et devant ces perspectives, quelle devrait être la stratégie vaccinale de l’Algérie pour se débarrasser de ce satané virus ?

Réussir une campagne vaccinale repose sur le choix du vaccin et des populations à vacciner en priorité et d’en réunir les moyens.

1 – Le choix du vaccin :

– Il s’agira de choisir plusieurs vaccins, de 2 à 4, histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et de s’assurer une plus grande disponibilité des vaccins.

– Les vaccins doivent être sûrs et efficaces. On s’en remettra aux différentes autorisations des agences nationales étrangères, de la nôtre ainsi que de leur qualification par l’OMS.

– Les vaccins disponibles au 1er semestre 2021 sont issus de technologie différente,

  1. Vaccins à virus entier inactivé (tué) (vaccin chinois Sinovac et Sinopharm).,
  2. Vaccins à vecteur viral non réplicable (Astra Zeneca, Spoutnik V, Janssen – Johnson&Johnson),
  3. Vaccins à partir de protéine virale (Sanofi-Pasteur-GSK et GSK)
  4. Vaccins à ARN Messager (Pfizer-BioNTech et Moderna).

Chaque technologie a ses avantages et ses inconvénients. Les 2 premières sont classiques, éprouvées, efficaces avec une bonne protection immunitaire, sûres et stables se conservant dans un simple réfrigérateur à 4 °C.

Les 2 autres sont issues des nouvelles biotechnologies. Les vaccins à ARN, nécessitent une conservation à très basse température, moins de 70 °C et moins de 20 °C dans des supercongélateurs. Ils soulèvent des inquiétudes et des interrogations liées au manque de données sur la protection immunitaire à long terme et surtout sur leur sécurité.

–      L’acquisition de ces vaccins devrait se faire dans le cadre de l’initiative onusienne lancée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sous le nom de Covax. à laquelle l’Algérie est associée. Cette démarche permettrait d’acquérir des vaccins efficaces et sûrs, car qualifiés par l’OMS, au moindre coût et de s’assurer une disponibilité croissante en fonction des besoins.

2 – Choix des populations prioritaires à vacciner – Moyens et logistique.

Pour réussir une campagne de vaccination il ne suffit pas de disposer d’un bon vaccin. Il faut faire un choix des populations à vacciner et les étaler en plusieurs étapes selon un calendrier à préciser et de réunir les moyens et toute la logistique.

Selon l’OMS les groupes prioritaires sont les personnes les plus à risques : les soignants pour qui le risque de contamination est élevé, les personnes âgées et/ou présentant des affections chroniques. La vaccination sera élargie, en fonction des disponibilités, a tous les autres groupes de population. La logistique est relativement simple pour les vaccins classiques, compliquée pour les vaccins à ARN.

Dans le contexte épidémiologique de l’Algérie, très en deçà de ce qui existe en Europe, aux États-Unis et dans beaucoup d’autres pays et considérant nos moyens en ressources humaine, infrastructures et logistique, il s’agira de faire les bons choix, scientifique, économique et stratégique. Il ne s’agit pas d’être parmi les premiers à partir mais surtout de bien arriver. Il faudra se presser lentement.

En tout état de cause et comme le rappelle le directeur de l’OMS, le vaccin complète les mesures existantes, sans les remplacer, car la quantité disponible de vaccin sera limitée au départ voire une bonne partie de l’année 2021.

*Président du Conseil régional de l’Ordre des médecins de Blida

 

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