Économie

Crise Algérie – Espagne : à Saragosse, les entreprises dans l’embarras

Les entreprises espagnoles payent le prix fort à cause de la crise avec l’Algérie qui  éclaté il y a plus de 11 mois après le revirement de la position de l’Espagne dans le dossier du Sahara occidental.

Le 18 mars 2022, le cabinet royal du roi Mohamed VI annonçait le soutien du gouvernement espagnol au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. Le changement de la position de Madrid a provoqué une grave crise avec l’Algérie qui a rappelé le lendemain son ambassadeur dans la capitale espagnole.

La suspension du traité d’amitié, signé entre les deux pays en 2002, intervenu en juin 2022 à l’initiative d’Alger a impliqué systématiquement la suspension des relations commerciales entre les entreprises algériennes et espagnoles.

Au plan économique, les pertes sont colossales pour les entreprises espagnoles. Selon le journal Heraldo, elles se chiffrent à plus de 770 millions d’euros jusqu’en décembre 2022.

Dans la région d’Aragon, on dénombre quelque 60 entreprises touchées par la crise du commerce avec l’Algérie, rapporte la même source.

«L’impuissance est totale et nous ne voyons pas de solutions à court et à moyen terme», affirme Julio Lebrero, directeur d’Aecomhel, fabricant aragonais de matériel de travaux publics très affecté par le boycott algérien, cité par le même journal.

Citant des chiffres officiel, le journal local Heraldo parle d’une chute des exportations depuis la région d’Aragon vers l’Algérie à hauteur de 54,2% passant de 119,3 millions d’euros en 2021 à 54,6 millions d’euros en 2022 soit une perte de 64,7 millions d’euros.

Le groupe Saica, basé à Saragosse, spécialisé dans la fabrication de papier recyclé, annonce avoir perdu une bonne partie de sa production destinée à l’Algérie en raison de la suspension des relations commerciales avec l’Espagne.

«Bien que nous ayons reçu des commandes de la France, il n’a pas été possible de répondre à l’ensemble de la demande et, dans l’ensemble, nous avons perdu 14 % des ventes chez Saica Paper (fabrication de papier recyclé pour carton ondulé)», a indiqué le groupe pour le journal Heraldo.

Algérie – Espagne : la situation risque de durer encore longtemps

Certains chefs d’entreprises espagnols n’ont pas beaucoup d’espoir de voir les interventions de l’Union européenne aboutir vers une issue favorable.

« Cela va durer longtemps et récupérer ce marché (algérien) ne sera pas facile », note Angel Rueda, directeur commercial de l’entreprise Industrias Químicas del Ebro qui exportait vers l’Algérie de la matière première nécessaire pour la céramique et la peinture. Pour IQE, l’Algérie représentait 1 % de son chiffre d’affaires.

Le responsable de l’internationalisation au niveau de la chambre de commerce de Saragosse, Nieves Ágreda, a affiché son pessimisme quant à un règlement proche de la question.

«Nous recommandons aux entreprises qui travaillent en Algérie de rechercher des alternatives», suggère-t-il carrément.

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