Économie

Crise Algérie – Espagne : ce qu’a dit Josep Borrell à Alger

En visite à Alger, le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, a évoqué la crise avec l’Espagne, l’énergie et les entraves aux investissements européens en Algérie.

Les regards étaient braqués sur lui dès les premières mesures économiques prises par l’Algérie à l’égard de l’Espagne en juin 2022. Josep Borrell a entamé dimanche 12 mars une visite en Algérie où il n’a pas manqué de plaider la cause de son pays, dont il a été le chef de la diplomatie. À Alger, il a aussi parlé d’ « entraves » aux investissements européens en Algérie.

La suspension par Alger du traité d’amitié avec l’Espagne et le blocage du commerce avec les opérateurs économiques de ce pays, début juin dernier, avait fait suite au revirement historique effectué en mars par le gouvernement socialiste de Madrid sur la question du Sahara occidental en décidant d’appuyer le plan d’autonomie marocain.

Josep Borrell était l’un des premiers – et rares – hauts responsables européens à réagir. Dans un communiqué conjoint avec Valdis Dombrovskis, commissaire en charge du commerce de l’Union européenne, le haut représentant avait indiqué que l’UE était « prête à s’opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à l’encontre d’un État membre », dénonçant également une « violation » de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne.

La mesure algérienne a été désastreuse pour de nombreuses entreprises et des filières entières de l’économie espagnole. L’Algérie est un des principaux fournisseurs de gaz pour l’Espagne et un débouché pour de nombreux produits industriels et agricoles espagnols.

 Selon la presse ibérique, les exportateurs espagnols ont accusé un manque à gagner avec l’Algérie estimé à 630 millions d’euros jusqu’à janvier dernier.

Malgré les pressions de l’opposition politique et des opérateurs économiques, le gouvernement de Pedro Sanchez n’a pas reculé sur son revirement et Alger n’a pas jugé utile de lever ses mesures tant que les causes qui les ont motivées sont toujours là.

Algérie – Union européenne : Josep Borrell plaide la cause de l’Espagne

Une année après le début de la crise entre Alger et Madrid et après neuf mois de blocage du commerce, Josep Borrell s’est rendu à Alger. Pour les observateurs des deux côtés de la Méditerranée, les tensions entre l’Algérie et l’Espagne ne pouvaient être éludées.

Arrivé dimanche à Alger, le haut représentant a d’abord rencontré le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane avant d’être reçu ce lundi 13 mars par le président de la République Abdelmadjid Tebboune. Il a assuré avoir eu des échanges « très ouverts et très constructifs » avec les deux responsables algériens.

Dans sa déclaration après sa rencontre avec le président Tebboune, Josep Borrell a qualifié l’Algérie de « partenaire stratégique » de l’UE, d’ « acteur incontournable » et de fournisseur « viable » d’énergie, même dans « les moments difficiles ».

Très vite, il a débordé sur la question sur laquelle il était très attendu, le commerce. Rappelant que le commerce extérieur de l’Algérie se fait avec l’Union européenne pour plus de la moitié, Josep Borrell a estimé que « nous pouvons faire mieux », si des « solutions » sont trouvées aux « limites actuelles ».

Bien entendu, l’exemple qu’il cite pour illustrer ces « limites », c’est « les entraves introduites depuis juin 2022 aux échanges commerciaux avec l’Espagne » et qui, selon lui, « doivent trouver une solution ».

Comprendre : à Alger, Josep Borrell n’a pas réussi à infléchir la décision algérienne de sanctionner l’Espagne après le revirement du gouvernement de Madrid sur le dossier du Sahara occidental.

Josep Borrell est allé plus loin en évoquant des « contraintes qui entravent les investissements européens en Algérie ». C’est la première fois qu’un responsable de l’UE fait état publiquement de telles entraves alors que l’Algérie a adopté une nouvelle loi sur l’investissement l’automne dernier.

Cette situation a « un impact direct » sur la mise en œuvre de l’accord d’association Algérie – UE, selon Borrell qui a insisté pour « trouver une solution » dans l’intérêt des deux parties.

Évoquant la question du rapatriement des fonds transférés en Europe et des biens mal acquis par des ressortissants algériens, le haut représentant s’est dit « absolument convaincu » qu’il faut renforcer la coopération sur cet aspect, assurant que la volonté du gouvernement algérien dans ce sens « aura la coopération de l’Union Européenne ».

Josep Borrell n’a pas évoqué les questions migratoires ainsi que la circulation des personnes entre l’Algérie et l’Union européenne.

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