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Crise de liquidités : le gouvernement n’a pas tenu ses promesses

Crise de liquidités : le gouvernement n’a pas tenu ses promesses

En Algérie, la crise de liquidités dans les bureaux de poste semble s’installer dans la durée. Cela fait bientôt une année que le problème revient chaque mois, sans qu’aucune des solutions essayées ne soit complètement efficace.

Le problème est endémique en Algérie mais il est revenu en force avec le début de la pandémie de Covid-19 au printemps dernier, générant des files interminables, notamment de retraités qui constituent un facteur supplémentaire de propagation du virus.

Promesses non tenues

Dans les premiers mois, certains responsables avaient fait dans le déni, comme le ministre du secteur, Brahim Boumzar, qui, en juillet dernier, assurait que, « contrairement à ce qui se raconte sur les réseaux sociaux », il n’y avait pas de crise de liquidité.

M. Boumzar avait juste reconnu « une perturbation », expliquant qu’il n’était pas possible de payer 3 millions de retraités le même jour et qu’il n’était pas facile d’alimenter simultanément tous les bureaux de poste à cause des restrictions liées aux mesure de lutte contre la pandémie.

Son collègue des Finances, Aymen Benabderrahmane, avait reconnu presque au même moment l’existence d’une crise de liquidités, la qualifiant néanmoins de conjoncturelle.

En novembre dernier, le même responsable a promis de régler la crise dès décembre. Le dernier mois de l’année tire à sa fin et le virement des pensions de retraite s’est accompagné, comme lors des mois précédents, des sempiternelles files d’attente devant quasiment tous les bureaux de poste du pays.

Les autorités ont échoué à régler le problème et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Algérie Poste a fait en sorte d’éviter d’avoir à payer tout le monde le même jour, en établissant en coordination avec les autres départements concernés un calendrier de virement et de retrait des pensions, progressivement élargi jusqu’à s’étaler sur neuf jours.

Cela s’est avéré insuffisant et Algérie Poste a décidé de relever le plafond des retraits autorisés sur les guichets automatiques et de donner la priorité dans les retraits aux particuliers au détriment des personnes morales.

Prédominance du cash

Le problème est-il donc insoluble ? Il l’est sans doute dans la conjoncture actuelle et s’apparente même à une fatalité tant le système financier du pays fait encore la part belle au cash.

Les données chiffrées actuelles (nombre de transactions, montants transitant par la poste, nombre de retraités, de comptes postaux…), laissent penser que le goulot d’étranglement est inévitable à chaque fin de mois.

S’exprimant ce week-end sur la question devant le Sénat, le ministre de la Poste et des Télécommunications a révélé quelques chiffres qui constituent une réponse suffisante pour comprendre pourquoi le problème n’a pas été résolu et risque de ne pas l’être de sitôt.

Selon Brahim Boumzar, 4022 milliards de dinars ont été retirés des bureaux de poste entre le premier janvier et le 30 novembre derniers.

En onze mois seulement, les Algériens ont retiré en liquide presque l’équivalent du budget annuel de fonctionnement de l’État (4893 Mds Da dans la Loi de finances complémentaire en vigueur).

Ce sont quasiment tous les salaires des fonctionnaires, des corps constitués et l’intégralité des pensions des retraités et ayants droits (moudjahidine, etc.) et les bourses des étudiants qui transitent par la même institution financière, sans compter les autres transactions, tels les mandats et autres.

Quand bien même Algérie Poste dispose de plus de 3500 bureaux et de plus de 10 000 guichets, assurant la couverture de toutes les communes du pays, il n‘est pas facile de gérer 23 millions de comptes actifs et d’assurer les liquidités pour tout le monde, presque simultanément, sans dysfonctionnement.

L’autre facteur qui aggrave la crise, c’est la faiblesse du paiement électronique. Les Algériens sont obligés de retirer leur argent des bureaux de poste et de payer leurs achats en cash.

Parmi les 23 millions détenteurs de comptes postaux, cinq millions détiennent également la carte de paiement électronique, dite Edahabia, mais, hélas, très peu semblent l’utiliser, par méfiance ou à cause des pannes ou du manque de liquidités qui se pose aussi à ce niveau.

Sur les 4022 milliards DA retirés durant les premiers onze mois de l’année, seuls 763 milliards l’ont été à partir des DAB (distributeurs automatiques de guichets), soit à peine 18 %.

Même encore faible, ce chiffre s’apparente à une prouesse puisqu’il est cinq fois supérieur au nombre des transactions effectuées l’année passée sur les DAB.

Sur les terminaux de paiement électronique (TPE), les opérations ont aussi explosé en une année, étant multipliées par huit entre 2019 et 2020. Même si beaucoup reste à faire, il s’agit peut-être d’un pas supplémentaire vers le règlement définitif du casse-tête des liquidités.

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